Chapitre 17

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Le lendemain matin, Harry se trouva seul dans la bibliothèque et il en profita pour faire des recherches sur ce qu'il avait en tête depuis la veille. À deux reprises il avait eu la stupidité de lancer un sort sans en connaître l'effet exact et il refusait de s'y faire prendre une troisième fois. Il avait déjà entendu Hermione parler du processus de création d'un sortilège et l'importance des mots dans la formule. Même en informulé, il fallait prononcer mentalement l'incantation pour lancer son sort. Le professeur Flitwick leur avait déjà expliqué le sens de certains sorts pour les aider à en comprendre l'effet comme Reparo qui était proche de l'anglais "Repair, réparer" ou le Petrificus Totalus qui avait la même racine que le verbe "petrify, pétrifier". Harry finit par trouver un vieux dictionnaire de latin et il attira son calepin à lui pour y noter les informations. Le Sectumsempra de Rogue venait du verbe Sectus qui voulait dire "couper" et Semper qui voulait dire "toujours". Quant au Terrent Aurae, il signifiait littéralement "briser" mais le verbe Terrent à lui seul voulait dire "choquer", ce qui impliquait de briser des choses avec une grande violence, d'arracher, de déchirer... Harry comprit d'un coup le hurlement de douleur de Shafiq. Sa jambe n'avait pas été coupée net comme il l'avait cru. Elle avait été arrachée, la peau et les muscles déchirés, l'os et les tendons brisés. Il eut envie de vomir face à la noirceur de son acte. Il n'était pas étonnant que son professeur nourrisse depuis une haine intense à son égard... Désormais il fallait qu'il soit plus attentif pour ne plus se faire prendre au même piège car il n'avait aucun doute que Voldemort allait lui apprendre d'autres sorts tout aussi violents.

Le mage noir resta absent toute la journée durant et le soir venu, Harry ne put s'empêcher de questionner Nagini à ce sujet. Elle lui répondit que son maître avait des choses à faire et n'aurait pas de temps à lui consacrer avant plusieurs jours. Harry en fut un peu déçu car bien qu'il rechigna encore à se l'avouer, il appréciait vraiment que Voldemort l'entraîne ou lui donne des leçons. Il se sentait, pour la première fois, privilégié avec un sorcier aussi puissant comme professeur particulier. Les jours suivants, il passa donc la grande majorité de son temps dans la bibliothèque à lire ou à dessiner. Les températures n'étaient pas encore assez agréables pour s'installer dans le jardin et la pluie qui tombait sans discontinuer rendait l'atmosphère tellement froide et déprimante que Harry passait la plupart de son temps assis devant le feu de la cheminée en compagnie de Nagini.

Finalement, Voldemort ne réapparut que le mercredi soir. La nuit était déjà tombée et Harry était assis en tailleur sur un canapé, occupé à représenter de tête les diligences de Poudlard tirées par les sombrals. Il s'appliquait à dessiner leurs ailes membraneuses à l'aide d'ombrages, leurs pattes squelettiques et leur étrange queue reptilienne... Voldemort était toujours très silencieux et ce ne fut qu'en voyant son ombre sur le sol que Harry se rendit compte de sa présence.

- Oh ! Bonsoir.

- Bonsoir, Harry. Bonsoir, ma belle.

Nagini avait immédiatement glissé jusqu'à lui et s'était hissée à la hauteur de sa main pour recevoir sa caresse. Harry sourit en voyant le plaisir évident de la Maledictus face aux quelques signes d'affection que Voldemort lui prodiguait. Il pouvait lire dans ses yeux jaunes la totale dévotion qu'elle avait pour son maître et Harry se dit que cette relation était sans doute la chose la plus douce dans l'existence du mage noir. D'ailleurs, Voldemort arborait un sourire sincère lorsqu'il releva la tête vers lui et Harry baissa les yeux sur son dessin, étrangement troublé. Dumbledore lui avait si souvent répété que Voldemort était dépourvu de tout sentiment positif qu'il avait aujourd'hui l'impression que le vieux directement avait cherché à le manipuler pour l'amener à tuer son adversaire sans état d'âme. Il n'avait pas particulièrement envie que Voldemort s'aperçoive de son malaise, il décida donc d'amener le mage noir à réfléchir sur autre chose et il lui montra son dessin.

Dépendant au serpentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant