26 - Une dette

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 Quelques pétales rouges sont tombés d'un coquelicot fané sous les pas d'une âme tourmenté.

Awenil

3:42

Il y a plusieurs années

 Le dos voûté et les mains dans mes poches, je marche tête baissée. Les lampadaires éclairent inégalement la rue.

Je tiens avec force le paquet dans ma main, mes cheveux mal attaché suivent le vents, et ma détresse est réel.
J'ai fait la plus grosse des conneries et j'ai peur. Peurs de finir mal, très mal.
J'ai peur d'elle.
Bien plus que de moi.

Les rues s'enchaînent et la sienne arrive, son quartier. Sa zone de combat. Et je suis devenue une proie. Je sais à quoi je ressemble, mon visage blafard mes yeux cernés peut être un peu rougie, mes lèvres gercées et mes cheveux gras, mon gros manteau cachant mes bras, comme une carapace. Pourtant, elle sait. Elle sait tout. Elle pourrait me détruite, me faire du mal en quelques secondes. Elle pourrait tout faire ici.
Personne ne dira jamais rien.
Je retiens un souffle ironique, il y a quelques semaines, je voulais les rejoindre et maintenant, je suis là. À arranger mes problèmes hein ? À me foutre bien plus dans la merde que je l'aurais été. Mon crâne hurle à chaque seconde n'en pouvons plus, mes mains tremble et je ne peux pas le cacher.
Il la vue. Il m'a vue.  Il a vu ce que je suis devenue et j'ai vu la pitié.
Je ne veux plus la voir, la pitié.
Dans les yeux d'un être cher.
Je ne veux plus jamais la voir.
Je n'aurais jamais dû aller le voir.
J'aurais dû le faire, sans jamais mettre à pied chez lui. Sans jamais le réaliser.
Je n'aurais pas dû lui dire au revoir.

 - Mais dis donc, qui voilà ?

Je sursaute violemment, prise de court.
Son ton sarcastique et sur d'elle me vient tout aussi vite que ses pas vers moi.

Je m'arrête, un pied après l'autre. Serrant avec plus de force le paquet. Tremblante de tout mon corps. Sentant l'horreur arriver. J'aimerais tellement qu'elle soit conciliante.
Mais ça, ça n'arrivera jamais.
Elle ne le sera pas.

Maintenant en face de moi, me dépassant de plusieurs têtes, son regard visé sur moi et son sourire macabre. Je la regarde.
Voyant ce que je n'avais jamais vue. Ce que je n'avais jamais réalisé.
Sa dangerosité.
Sa puissance.
Et son flingue pas assez caché derrière son manteau.

C'est une blague ? Hein, dis-moi que c'est une blague. Elle a un putain de flingue. Comment c'est possible. Elle va me flinguer. Elle le pourrait. Ces si simple de cacher un corps. Elle doit même avoir des contacts. Putain de merde.
Depuis quand je suis sortie de la réalité pour finir dans une série américaine.

- Je peux te rembourser dit je rapidement.

Les lampadaires grésille, et des rides d'énervement s'installent sur son visage, ses yeux me lancent des éclairs et sa haine me consume.
J'ai peur.
Ses doigts glissent sur son flingue. Son putain de flingue.

- Tu crois ça ?

Elle n'a pas réfléchie.
Elle sait.

 Je sors mes mains de mes poches sortant l'enveloppe. Il y a bien plus. Largement plus. J'ai volé beaucoup, mais la liasse de billets est bien plus conséquente.

- Sérieusement ?

Elle s'éloigne légèrement, un rire sort d'entre ses lèvres avant qu'elle sorte son téléphone, le fixant quelques secondes, je me demande si je ne peux pas partir en courant, m'éloigner d'ici. Et de ces quartiers de malheur. J'aimerais prendre un avion et partir. Je veux partir.
Disparaître.
Ne plus rien sentir.
Mais pourtant, je le sens, ici dans ses pas, dans ses rues, dans ce quartier, dans mes pas. La puanteur de la drogue. Certains diront quartier de malfaiteurs. Je dirais quartier des dernières pensées.

18:41Où les histoires vivent. Découvrez maintenant