Dark elfe -l'elfe noire-

Chapitre 10.

      Deux semaines se sont passées depuis ma nuit chez Elio. Depuis, aucun de nous deux n'en a reparlé. On s'ignore pour tout vous dire. Et ça me rend presque triste de ne plus pouvoir me taper dessus avec lui.

     Je crois que depuis cette nuit là, j'ai enfin compris la signification de mes papillons dans le ventre. Et croyez moi ce n'est guère réjouissant...

     Pour tout vous dire, j'ai peur. Peur de ressentir des choses et de le regretter. Peur d'avoir des sentiments amoureux pour lui... je crois même qu'il est trop tard pour faire changer les choses.

     J'essaie tant bien que mal de me convaincre le contraire mais... on sait tous qu'un jour tout explosera. J'aurai peut-être même un nouveau tatouage. Encore et encore. Et j'ai peur que celui-ci conduise réellement à ma perte. Et à celle de mes proches.

      Au loin, j'aperçois ma meilleure amie. Mais celle-ci n'est pas seule. Comme depuis maintenant presque une semaine, Laura passe littéralement toute sa vie avec mon frère. Ça aussi j'ai peur de ce qu'il pourrait se passer par la suite.

     Ils se sont beaucoup rapprochés ces derniers temps, jusqu'à des contacts physiques réguliers et depuis deux jours, c'est lui qui la ramène chez elle. Avant ma meilleure amie me ramenait en voiture pour remplacer Elio, même si elle ne connait toujours pas la raison pour laquelle il m'avait emmenée.

     Je crois qu'elle se doute de quelque chose mais elle n'ose pas me le demander. Et elle est surtout très "occupée" en ce moment.

     Je crois que Lau' est vraiment piquée. Et moi je suis laissée sur le banc de touche. Quand on parle, c'est que de lui. Je commence à en avoir vraiment marre. Il faut ABSOLUMENT que je parle avec Kyllian, quand Laura aura décider de le lâcher.

     Une vraie sangsue quand elle s'y met.

      Je décide donc de partir -seule- vers notre premier cours de ce jeudi. Elle me rejoint quelques minutes plus tard, toujours accompagnée de Kyllian et vise me faire la bise.

           - Coucou Kay', je t'ai vu ce matin mais tu n'es pas venue me voir. Tu vas bien ?

           - Désolée mais tu étais un peu "occupée", dis-je en regardant mon frère dans les yeux avant d'entrer dans la salle et de m'asseoir loin de ma meilleure amie.

      Ma réaction est-elle clairement inappropriée ? Oui, j'avoue j'en fait toujours trop mais c'est le seul moyen que j'ai pour lui faire comprendre. Elio s'assoit à côté de moi sous mon grand étonnement, avant de me chuchoter :

           - J'ai bien vu que tu rentre à pied depuis quelques jours, faisant comme si tu ne m'entendais pas quand je te klaxonnais. Alors je ne sais pas ce que tu as mais ce soir tu rentres avec moi, sans aucun commentaire c'est clair ? Et soit à l'heure s'il te plaît.

      Je fus quelque peu choquée par la violence de ses paroles alors que celles-ci étaient pourtant gentilles. Mais je me ressaisit assez vite, ne voulant rien laisser paraître.

           - OK.

       La fin du cours fut assez silencieuse. Mise à part la demande d'une feuille simple par mon voisin, nous n'avons pas vraiment parlé.

     Ce qui m'embête beaucoup.

     J'aimerai beaucoup qu'on reparle de ce qu'il s'est passé l'autre nuit. Mais pour dire quoi ? Que j'ai kiffé et qu'il faudrait qu'on remette ça de temps en temps ? Sûrement pas, il va me prendre pour une psychopathe.

     La sonnerie interrompit mes pensées pas très nettes. J'ai faillit déraper sur des pensées pas très catholiques ... honte à moi. Je me levai précipitamment pour faire sortir toutes ces pensées obscènes de ma tête et partir en histoire.

      La fin de la journée venait de sonner.

     *15:52* indiquait mon téléphone. C'est l'heure d'avoir une grande discussion avec mon frère.

     Je le vis sortir du cours voisin au mien, l'attrapai par le bras et l'emmena dehors, dans un coin reculé de la cours, pour ne pas être surpris par des gens ou encore pire par Laura.

     Quand on s'arrêta, il me regarda dans les yeux avec une lueur d'incompréhension.

            - Il faut qu'on parle. dis-je d'un ton sec.

           - Nan ? Jure ? Moi qui pensais qu'on allait se faire une partie de billard. Bon accouche, y'a quoi ?

           - Qu'est ce que t'as pas compris la dernière fois ? J'ai dit pas touche à Laura. T'es sourd ou t'es juste con ? Je savais que t'étais déficient mental mais alors à ce point là je ne savais pas.

           -..., il baissa la tête comme pris en flagrant délit avant de la relever et de prendre une grande inspiration. Je crois que je l'aime vraiment Kay'... j'arrive pas à m'imaginer sans elle, elle est devenue en si peu de temps presque indispensable pour moi. Je me sens tellement bien quand je suis avec elle, je joue pas. Et crois-moi, je préfèrerais limite jouer que de ressentir tous ces trucs bizarre quand on aime quelqu'un. Je te jure, j'avais rien demandé, ça m'est tombé dessus comme ça ! J'aime ta putain de pote, ma petite compote.

           - Arrête de m'appeler comme ça, tête de nœuds.

      Je restais néanmoins choquée par ces propos. C'était la première fois qu'il se confiait à moi. Certes je l'ai juste un tout petit forcé mais quand même !

     Il avouait être amoureux de ma meilleure amie. Et je le croyais. Il avait l'air tellement sincère. Même si une part de moi se méfiait de lui. Mais si c'est ce qu'il voulait, alors je le laisse faire.

           - Ok... Je te crois, finis-je par répondre, mais tu l'as fait pleurer une seule fois je te brise les couilles ok ?

      Son visage s'illumina et le soleil fit son apparition au dessus de nous. Ses oreilles venaient de pousser. Il était réellement heureux. Dans un élan de joie, il me prit dans ses bras. Je resta figée avant d'accepter son accolade et ce fut le moment que décida de prendre Laura pour faire son apparition devant nous.

     Elle se racla la gorge et nous fit nous retourner en cœur.

     Elle se tenait à quelques mètres de nous, les yeux brillants de larmes prêtes à dévaler ses joues rosées par la colère. Le soleil partit vite se cacher et Laura décida au même moment de partir en courant.

           - Laura, attend moi ! criais-je derrière elle

     Elle s'arrêta et se retourna. Ses joues étaient trempées et je voulais la prendre dans mes bras pour lui dire que tout ça n'était rien.

           - Tu n'es qu'une garce ! Je te déteste ! Tu es la pire des meilleures amies ! Et depuis tout le temps où tu me faisais la morale comme quoi c'était pas un bon garçon, en fait tu te le tapais c'est ça ? Va bien te faire foutre connasse. Et elle partie.

      Je n'avais pas la force de la rejoindre. Je n'étais pas triste ou déçue. J'étais en colère contre elle. Elle ne voulait pas m'écouter et ne cherchait pas à comprendre plus loin que le bout de son nez.

     Sans m'en apercevoir, un arbre de la cour pris feu. Merde mes pouvoirs ! Je courus vers la voiture d'Elio encore garée dans le parking.

           - Fonce !

           - Tu es en retard, attention la prochaine fois je pars sans toi !

           - TRACE J'AI DIT ! et il démarra.