12. Donc ce mec... ?

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KEI


« Nous avons tous besoin que quelqu'un nous regarde »

- Milan KUNDERA


Kei ne mit que cinq secondes à le repérer parmi la foule de voyageurs. Léo s'avançait vers lui, lunettes de soleil sur le nez et chemise repassée à la perfection. Il retint un sourire ; il ne changerait jamais. Lorsqu'il parvint à sa hauteur, le nouvel arrivant lâcha sa valise avant de se jeter dans ses bras en souriant.

— T'as cru que tu venais pour la fashion week ? ironisa Kei en caressant gentiment son dos.

— N'est-ce pas plutôt toi qui as perdu tout sens de la mode depuis que tu vis ici ? rétorqua son interlocuteur.

— D'ailleurs que dis-tu du paysage ? Les gros immeubles au fond, c'est ce qu'on appelle des montagnes.

Léo lui donna un coup de poing dans l'épaule puis s'étira en souriant.

— Franchement, le trajet jusqu'ici était vraiment magnifique, mais je suis exténué.

Kei attrapa le sac que le nouvel arrivant avait posé à ses pieds et lui fit signe de le suivre. Il avait trois jours pour lui faire découvrir la ville et ses environs. Jamais durant leur relation il n'avait songé à l'emmener ici puisqu'il avait longtemps pensé que sa terre natale ne resterait qu'un vague souvenir du passé. Mais voilà qu'ils y étaient finalement ensemble, et il avait fallu attendre qu'ils se séparent pour cela !

Kei leva les yeux et observa les versants abrupts qui s'élevaient aux abords de la ville. La seule idée d'y emmener Léo lui donnait envie de rire.

— Je sais ce que tu penses, intervint le concerné en suivant son regard. Ça ne doit pas être si compliqué. C'est comme grimper un immeuble sans ascenseur, non ?

Kei posa sa main sur la tête de son ami et lui ébouriffa les cheveux.

— Absolument pas.

Ils atteignirent enfin sa maison et Léo écarquilla les yeux d'un air ravi.

— Oh que c'est mignon ! Que c'est pittoresque !

Kei le laissa entrer en premier et le suivit, amusé, l'écoutant s'émerveiller sur tout ce qu'il voyait. Il était heureux que Léo soit venu. Les deux dernières semaines avaient été plutôt rudes mentalement : Nathaël était introuvable et Kei était déchiré entre la peur qu'il lui soit arrivé quelque chose, l'agacement qu'il ressentait à son égard et l'envie de le serrer dans ses bras. Il avait cessé d'essayer de comprendre pourquoi ce gars l'obsédait autant et s'était simplement résigné au fait qu'il lui plaisait. Même s'il était peut-être l'humain le plus frustrant qu'il ait rencontré de sa vie !

Avoir la présence familière de Léo à ses côtés le réconfortait et lui permettait de se changer les idées.

A peine ce dernier eût-il fini de faire le tour de la maison qu'il frappa dans ses mains d'un air innocent. Il battit ensuite des cils en direction de Kei et sourit d'un air angélique.

— Bon... Où est-ce qu'on peut boire un bon cappuccino ici ?

Le concerné leva les yeux au ciel, faussement exaspéré, avant de répondre.

— Suis moi.

En réalité, sachant que Léo venait, il avait fait des recherches sur le meilleur café de la ville. Il n'avait pas forcément ce réflexe d'aller se poser en terrasse, de travailler à l'extérieur et de se prélasser dans les salons de thé, mais cela ravissait Léo alors il faisait des efforts.

Eros avait les yeux vaironsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant