NATHAËL
" Nous étions comme des dieux à l'aube du monde, en proie à une joie si vive qu'elle nous rendait incapable de voir autre chose que l'autre "
- Le chant d'Achille, Madeline Miller
— Oui maman, promis, on viendra manger dimanche... Oui, ne t'en fais pas, je ferai passer le message à Kei... Oui... Oui, je vais bien... Maman... Maman, arrête de t'inquiéter, tout va bien... Oui, on se voit dimanche... Prends soin de toi... Bisous.
Nathaël raccrocha et poussa un long soupir qui s'évanouit dans le silence de la nuit. Ses jambes fourbues le menèrent jusqu'au centre-ville, manquant tout de même de le faire trébucher contre le rebord d'un trottoir. Quelle idée de partir quatre jours en randonnée ? Ses mollets raides le tiraillaient tellement qu'il se demandait s'ils ne s'étaient pas transformés en bout de bois et son ventre gargouillait comme s'il ne l'avait pas nourri depuis un mois.
Il réajusta les bretelles de son sac à dos et rabattit en arrière ses cheveux poisseux de sueur. Qu'on ne le dérange pas pendant une semaine, il avait au moins cinquante heures de sommeil à rattraper !
Les rues d'Espira étaient particulièrement vides à cette heure-ci et cela n'aurait su lui faire plus plaisir ; après quatre jours immergé dans le calme de la montagne, il n'aurait pas supporté un bain de foule.
Ses pas résonnaient sur le pavé et l'air froid de la nuit caressait agréablement sa peau. Il avait toujours aimé ça, se balader tard dans les rues, à simplement admirer les vieilles façades faiblement décorées, sans personne pour troubler sa quiétude.
Arrivant enfin à destination, il poussa la porte d'entrée avec un soulagement exacerbé. La chaleur de la maison l'enveloppa comme un cocon et il laissa chuter son sac à dos à ses pieds.
— Je suis rentré ! cria-t-il en retirant ses baskets, un air de pure extase collé au visage.
Il remua ses orteils qui apprécièrent leur liberté retrouvée puis s'étira en baillant ostensiblement. Ensuite, il se traîna jusqu'à la cuisine et faillit gémir de bonheur en sentant une douce odeur épicée parvenir à ses narines.
— Alors, toujours vivant ?
La tête de Kei apparut au-dessus du comptoir et ce dernier en fit le tour pour venir prendre son compagnon dans ses bras.
— Ça va, grogna le plus jeune. Ça ira encore mieux après le massage que tu me feras ce soir.
Kei pouffa et embrassa ses cheveux emmêlés.
— Tu sens mauvais, releva-t-il sans cesser ses baisers.
— Ça t'excite ?
— Terriblement.
Les deux hommes se lancèrent un regard amusé avant que le plus âgé ne pousse l'autre vers les escaliers.
— Va prendre une douche. Je finis de préparer à manger.
— On mange quoi ? s'enquit Nathaël dont l'estomac se manifesta de plus belle.
Kei sourit et pointa un doigt vers ses yeux bridés.
— Japonais.
***
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Eros avait les yeux vairons
RomanceLorsque Kei Néroni revient dans sa ville natale, onze ans après en être parti, des figures du passé ressurgissent sur son chemin. L'une d'entre elles a les yeux vairons, un visage tuméfié et une veste en jean délavée. Mais surtout, le premier regar...