NATHAËL
« Une bonne journée est celle où le passé s'est tenu à peu près tranquille »
– Jean ROSTAND
Nathaël venait à peine de finir sa bière lorsque la porte d'entrée s'ouvrit aux alentours de vingt-et-une heures. Il bailla et se blottit plus confortablement dans le canapé, tentant de focaliser son attention sur le documentaire historique que diffusait la télévision. Pourtant, lorsqu'un visage opalin et des yeux ébènes apparurent dans son champ de vision, il oublia immédiatement ce qu'il était en train de faire jusque là.
— Hey, ça fait longtemps que tu es rentré ?
Comme à chaque fois depuis les trois jours qu'il vivait ici, la voix grave de Kei et ses lèvres roses étirées en un grand sourire provoquèrent un frisson dans tout son corps. Le nouvel arrivant jeta son sac au pied du canapé et Nathaël observa les muscles de ses avant-bras saillir sous le mouvement. Il avait l'impression que chaque action que Kei effectuait n'était que charme et sensualité, et il ne se serait pas étonné si, d'ici quelques jours, il commençait à fantasmer sur la forme de ses épaules ou la circonférence de sa cheville.
Putain, je suis vraiment un cas, se désespéra-t-il.
— Pourquoi t'es en tenue de sport ?
La voix de Kei retentit depuis la cuisine tandis qu'il se servait une bière dans le frigo. La question ne rappela que maintenant à Nathaël qu'il ne s'était toujours pas changé et portait encore son short maculé de terre et son t-shirt collant de sueur.
— Je suis rentré en courant, expliqua-t-il d'un ton neutre.
— Depuis ton travail ?
— Ouais.
Kei se laissa tomber à côté de lui sur le canapé puis décapsula sa bière avec le briquet qui traînait sur la table basse.
— Tu mets combien de temps ?
— A peu près une heure et demie au retour. Presque deux heures à l'aller.
— Waouh, tu peux courir autant de temps ? s'étonna le plus âgé d'un ton admiratif.
— J'ai l'air si faible ? rétorqua Nathaël.
Kei sourit en coin avant de porter la bouteille à ses lèvres.
— Je pensais que t'y allais en moto.
— La plupart du temps, oui.
— On ira courir ensemble un jour ?
Nathaël lui jeta un regard suspicieux puis haussa les épaules en voyant les yeux ébènes étinceler d'espoir.
— Si t'arrives à tenir le rythme.
— Évidemment.
Les deux hommes restèrent silencieux un long moment, regardant sans vraiment le voir le documentaire à la télévision.
— J'ai vu Elio.
Nathaël ne répondit pas mais serra imperceptiblement les dents.
— Ne t'en fais pas, je ne lui ai pas dit que tu étais là, précisa Kei. Il allait bien.
— Cool.
Il n'avait absolument pas envie de parler de son frère ou de quoi que ce soit se rapportant à sa famille en ce moment.
VOUS LISEZ
Eros avait les yeux vairons
RomanceLorsque Kei Néroni revient dans sa ville natale, onze ans après en être parti, des figures du passé ressurgissent sur son chemin. L'une d'entre elles a les yeux vairons, un visage tuméfié et une veste en jean délavée. Mais surtout, le premier regar...