28. Tu m'expliques ?

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NATHAËL


« La légèreté et la joyeuse futilité de l'amour physique. »

Milan Kundera


Les mains moites, Nathaël retira l'objet de sa boîte et l'observa de longues secondes. Il n'arrivait pas à croire qu'il allait faire ça.

Gêné, il remonta un peu son coussin contre le sommier du lit pour trouver une position plus confortable, mais se rendit rapidement compte qu'au-delà de sa posture, c'était la situation elle-même qui le tendait douloureusement.

Allez, je peux le faire, s'encouragea-t-il.

Une heure auparavant, il avait discrètement quitté l'ambiance pesante qui régnait chez ses parents et s'était faufilé dans la nuit, sa peau encore brûlante des baisers que Kei y avait déposés avant qu'il parte.

Kei...

C'était définitif : sa simple pensée suffisait à accélérer les battements de son cœur et à étirer ses lèvres en un petit sourire stupide qui l'agaçait terriblement. Du moins c'était ce qu'il voulait croire.

Aujourd'hui, Kei avait trente-trois ans. Alors aujourd'hui, Nathaël voulait lui faire un cadeau, marquer le coup. Au début, lorsqu'il lui avait dit qu'il allait fêter son anniversaire chez ses parents, Nathaël avait eu un réflexe de fuite. Il lui avait fallu le temps d'intégrer l'information et ses conséquences, de peser le pour et le contre et d'imaginer toutes les possibilités qui s'offraient à lui. En réalité, il n'y en avait pas tant que cela : fuir ou affronter ses peurs. Pour Kei, il avait choisi la seconde option. Il savait qu'il en pâtirait. Mais pas tout de suite.

Pour le moment, le vrai défi se trouvait dans sa main gauche et consistait en un plug anal de taille moyenne, d'un magnifique noir de jais.

Pourquoi ? se désespéra-t-il. Pourquoi il faut que ça tombe sur moi ? Putain, j'aurais pas pu juste tomber sous le charme d'une fille ? C'est facile une fille, je sais comment ça marche.

Il prit une profonde inspiration et s'allongea sur le dos, tentant maladroitement de caler sa tête de sorte à avoir une certaine vue entre ses jambes écartées.

D'un geste peu assuré, il attrapa la bouteille de lubrifiant posée sur la table de nuit pour en enduir généreusement ses doigts. Tout aussi peu sûr de lui, il dirigea ces derniers vers ses fesses dénudées et caressa timidement son entrée.

Le gel était froid contre sa peau et lorsqu'il poussa son index en lui, la sensation était loin d'être aussi grisante que lorsque Kei le faisait.

Rapidement, il rajouta un doigt et effectua des mouvements de ciseaux destinés à élargir ses chairs. Il avait fait des recherches sur le sujet - et avait tout de même grandement pratiqué avec Kei -, il savait ce qu'il fallait faire.

Doucement, son autre main se posa sur son sexe qu'il commença à caresser tandis que les deux doigts en lui s'arquaient à la recherche de cet endroit qui l'avait souvent fait se rapprocher des étoiles sans jamais les atteindre. Mais ses doigts n'étaient pas aussi longs que ceux de Kei. Ni aussi experts. Il sentait parfois une sensation de bien-être pointer timidement le bout de son nez sans pour autant exploser en ces vagues de chaleur qui commençaient à lui être familières.

Mal à l'aise, il finit par retirer ses doigts et attrapa le plug qu'il avait acheté en secret pour l'occasion. Kei et lui en avaient déjà utilisé un - le petit inclus dans le pack débutant du sexshop - donc il connaissait à peu près la sensation d'avoir ça en lui. Mais cette fois, l'objet était plus gros, plus gros que tout ce qui l'avait pénétré jusque-là.

Eros avait les yeux vaironsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant