NATHAËL
" La porte du changement ne peut s'ouvrir que de l'intérieur "
- Jacques Salomé
— C'est bon, tu n'as rien oublié ?
— Tu veux dire, à part six litres de sang et la moitié de mes cheveux ?
Kei pouffa et passa affectueusement sa main dans les cheveux rasés du jeune homme.
— Moi je t'aime bien avec ce petit air militaire.
Le jeune homme grogna en touchant à son tour la partie de son crâne qui avait été rasée pour pouvoir le recoudre.
— Je ressemble à un mouton après la tonte, grommela-t-il d'un ton morose.
Les lèvres de Kei tressautèrent, mais il eut l'obligeance de retenir le petit ricanement moqueur qui menaçait de s'échapper de ses lèvres.
Les deux hommes sortirent de l'hôpital et Nathaël ne put s'empêcher de s'arrêter quelques secondes pour profiter de la caresse du soleil sur son visage. Durant les huit jours qu'il avait passés ici, il n'avait été autorisé qu'une seule fois à se rendre dans le parc et l'air frais de l'extérieur lui avait manqué plus que tout au monde.
A ses côtés, Kei l'observait avec un air attendri. Nathaël sourit comme un bienheureux. Qu'il était bon de retrouver sa liberté !
Désormais, toute trace de l'accident avait quasiment déserté son corps. Si on oubliait ses cheveux rasés et le pansement qui recouvrait encore la partie droite de son crâne, il avait l'air en forme. En réalité, à part cette affreuse coiffure et une petite douleur lancinante dans la tempe, lui-même ne voyait plus aucun indice qui aurait pu laisser deviner que ce jour funeste avait réellement eu lieu. Oh, excepté aussi ce serrement dans la poitrine quand il songeait au procès de Mario qui s'approchait à grands pas.
Kei attrapa sa main et ils s'avancèrent vers le centre-ville. Ça aussi, c'était nouveau ; sa famille étant désormais au courant de leur relation, ils pouvaient enfin se promener dans les rues sans avoir peur d'afficher leur proximité. Et honnêtement, Nathaël n'aurait jamais pensé que ce serait aussi libérateur.
Le simple contact de la paume de Kei contre la sienne diffusait un sentiment de toute-puissance dans son corps qui lui donnait l'impression qu'il aurait pu affronter tous les dangers de la vie. Il était libre. Enfin. Depuis combien de temps n'avait-il pas réellement ressenti cela ?
— Quelle est la date du procès, déjà ? s'enquit Nathaël en serrant un peu plus fort la main de Kei dans la sienne.
Ce dernier tourna la tête vers lui et caressa le dos de sa main de son pouce.
— Le vingt-cinq avril, répondit-il d'une voix douce. Dans un peu plus d'une semaine.
— Hm...
— Ça va aller, je viendrai avec toi, tu sais ?
— Je sais.
— Tu as peur de le confronter ?
— Mario ? Non, pas vraiment... Je veux dire, ça fait des années qu'il me hait et qu'il m'effraie alors j'ai l'habitude... C'est ma mère et Elio que j'ai peur de confronter.
— Tu n'es pas obligé de leur parler, releva Kei avec sérieux.
— J'ai peur de les décevoir, avoua le plus jeune en baissant la tête. J'ai peur de leur briser le cœur.
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Eros avait les yeux vairons
RomanceLorsque Kei Néroni revient dans sa ville natale, onze ans après en être parti, des figures du passé ressurgissent sur son chemin. L'une d'entre elles a les yeux vairons, un visage tuméfié et une veste en jean délavée. Mais surtout, le premier regar...