Chapitre 39

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Dans la voiture, je suis côté passager à côté de mon père qui a pris le volant. Les trois bikers sont serrés comme des sardines derrière et ça me fait sourire. En fait, depuis que je me suis réveillée entre guillemet après mon shoot de calmant, j'ai le sourire. Ce soir, j'ai tiré sur un homme, j'aurais pu mourir et pourtant, je souris, cherchez l'erreur. Je crois que la réponse est pourtant toute simple. Tout à l'heure, quand j'écoutais Maldini me déballer tout son petit discours, j'ai compris que je n'étais responsable de rien dans tout ce qu'il s'est passé... je pourrais blâmer mon père, mais je n'en ai pas envie. Je crois que maintenant, je veux juste tourner la page.

Moi : Papa ?

Papa : Oui ma grande.

Moi : On peut faire un petit détour avant d'aller chez moi.

Papa : Oui, tu veux aller où ?

Moi : Voir Maman et April... J'ai besoin de leur parler...

Papa : D'accord ma chérie.

Mon père prend alors la direction du cimetière. C'est idiot, je sais, mais j'ai envie de raconter mes "exploits" de la journée à ma petite sœur. Elle ne pourra pas répondre, mais c'est pas grave.

J'avance vers les tombes de ma mère et ma petite sœur avec mon père et les garçons sur mes talons. Ils se mettent à distance, mais je suis sûre qu'ils écoutent tout.

Moi : Coucou maman, coucou April. Je pense que vous avez dû sauter au plafond en me voyant faire tout ce que j'ai fait... J'aurais peut-être pas dû, j'aurais peut-être simplement laissé le temps effacer mon chagrin, mais je ne pouvais pas c'était trop dur. Oliver me retenait de la chute, mais ce sentiment d'être toujours sur la corde raide. Je savais que si je tombais, je ne m'en relèverais pas et pour éviter de tomber, il suffit de combler le précipice, non ?

Une larme perle sur ma joue et je la laisse tomber au sol avec un petit sourire triste.

Moi : C'est ce que j'ai fait en affrontant Maldini. Et puis si c'est pas moi qui l'avais fait, je sais que Papa et les garçons s'en seraient chargés. Je ne pouvais pas prendre le risque qu'il leur arrive quoi que soit où qu'ils aillent en prison, je les aime trop pour ça. Oui, je t'entends déjà April : "pense un peu à toi aussi". T'inquiète Oliver me l'a dit... Et puis comme je l'ai dit, c'était avant tout pour moi. Bref, si j'ai voulu venir ici ce soir, c'est pour vous dire à toutes les deux que je vous aime. Vous resterez à tout jamais dans mon cœur et dans ma tête. Et aussi, vous rassurez en vous disant que je suis pas devenue folle et prise dans une phase d'auto-destruction... Bon, je reconnais que je viens de faire un long monologue devant deux pierres tombales, mais je sais que là-haut, vous avez tout entendu.

Du bout des doigts, je dépose un baiser sur les deux sépultures alors que mon père s'avance. Je lui laisse un peu d'intimité et je rejoins mes grands frères de cœur qui me serrent dans leur bras. Mais j'avais raison, on entend tout d'ici.

Papa : Becky, ma chère femme que j'ai tant aimée et toi April, mon bébé. Je ne suis pas venue souvent me recueillir ici. Ça ne m'empêchait pas de penser à vous deux. Vous me manquez plus que les mots ne peuvent le dire. J'ai pas toujours assuré, j'en ai conscience. Je devrais d'ailleurs porter en moi le poids de votre mort jusqu'à la mienne. On ne change pas le passé, mais on peut apprendre de ses erreurs et je ferais tout pour que June soit heureuse, qu'elle ait une vie qui lui plait dans laquelle elle est épanouie. Et un jour, nous serons à nouveau réunis tous les quatre. Dans très longtemps, j'espère, mais en attendant, je vais chérir votre mémoire.

Mon père est dos à nous, mais je le vois très clairement sécher des larmes. Lorsqu'il revient vers nous, il me prend dans ses bras et m'embrasse sur le front.

1 mois pour changer de vie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant