1 mois pour changer de vie.

Chapitre 25

Jeffrey vient de partir et même si c'est plus que contre-indiqué pour moi, je vais dans ma cuisine et attrape la bouteille de tequila et un shooter. Je n'en boirais qu'un mais là, j'ai besoin de quelque chose de plus fort que de l'eau. Je vide le shooter cul sec et l'alcool me brule la gorge. Je serai tenté de le re-remplir, mais je vais être raisonnable. Je referme la bouteille et la range dans le placard. Je vais me laver les dents ensuite, je ne veux pas qu'Oliver puisse sentir que j'ai bu quand il rentre. Il me ferait la leçon et je ne pourrais pas lui en vouloir.

Il faut vraiment que je m'occupe, je ne me sens pas encore prête à faire face aux révélations de Jeffrey, mais je ne peux m'en prendre que moi. Je voulais savoir, je sais. J'ai envie de tout casser chez moi et de hurler. Mais je ne veux pas qu'Oliver me retrouve à nouveau dans tous mes états parce qu'il refuserait de me laisser seule à nouveau. Déjà ce matin, il ne voulait encore pas aller à la fac. Je sais que ce que représentent ses études pour lui, la finalité qu'il y a au bout.

Sur la petite table, trône encore la lettre d'acceptation en premier cycle d'archéologie. Je n'arrive toujours pas à croire qu'April fait ça. J'attrape le courrier et mon ordi portable. Je l'ouvre et me connecte sur l'interface de la fac. J'entre mon identifiant et mon mot de passe provisoire. Visiblement, le prof d'archéologie a déjà mis toute la première semaine de cours en ligne ainsi que la liste des livres à acheter et les cours qu'il conseille de prendre en complément.

Imaginer de devenir une étudiante ordinaire me parait totalement impossible désormais. J'avais déjà du mal avant, même si je le reconnais, il m'arrivait de me voir avec mon classeur sous le bras pour aller en cours comme une jeune femme normale. April avait presque réussi à me faire croire que ce n'était pas trop tard pour moi, mais j'en doute maintenant. Est-ce que j'arriverai à me reconstruire cette fois, j'en sais rien...

Non ! je ne veux pas pleurer aujourd'hui. Je m'y refuse. Chialer ne ramènera pas ma petite sœur à la vie. Rien ne me la rendra, mais je refuse de rester les bras croisés, enfin le bras croisé, à me lamenter. Au moment où je ferme l'écran de PC, la porte de l'appartement s'ouvre. Oliver vient m'embrasser et je me blottis une seconde dans ses bras.

Moi : Tu m'as manqué...

Oliver : Toi aussi ma puce. Tu veux faire quoi ce soir, je me suis dit que t'aurais peut-être envie de sortir, pour prendre un peu l'air. Mais c'est juste une idée comme ça, si tu veux qu'on reste là ça ne me dérange pas non plus, tu sais...

Moi : Tu voudrais aller où ?

Oliver : je sais pas trop. Quel est l'endroit où tu te sens le mieux, à l'exception de mes bras bien sûr?

Il prend un air faussement crâneur et m'arrache un petit sourire. Je réfléchis à mon endroit préfère. Il y a un endroit où je ne suis pas allée depuis très longtemps, depuis la mort de ma mer en fait, La Brea Tar Pits.

Moi : Hancock Park, La Brea Tar Pits. On y allait souvent avec ma mère quand j'étais petite...

Oliver : Ok, je vais te dire, je connais pas alors que j'ai toujours vécu à L.A. c'est la honte... Je prends vite une petite douche et on y va.

Il me vole un baiser et se dirige vers la salle de bain en retirant son t-shirt. Ça va paraître fou vu que notre relation est très récente, mais ça me plait de le voir être aussi à l'aise chez moi. Comme si c'était une évidence.

Dix minutes plus tard, nous sommes dans un taxi qui nous conduit à Hancock Park. Nous entrons La Brea Tar Pits, les puits de goudron qui s'y trouvent se sont formés il y a 40000 ans, lorsque le pétrole s'est infiltré dans la roche, emprisonnant alors les animaux qui passaient et qui se coinçaient dans cette substance plutôt collante. Le goudron a ensuite préservé les fossiles à travers les âges, laissant derrière lui un incroyable aperçu d'un autre âge.