Le lendemain, je vais déjeuner chez mon père. Lorsque j'arrive, ça sent bon les grillades. Je contourne la maison et pénètre dans le jardin par le petit portillon. Mon père est debout devant le barbecue, un tablier autour du cou. Je creuse dans ma mémoire pour essayer de savoir c'était quand la dernière fois que je l'ai vu comme ça. Les grillades, c'est pas inédit, mais le tablier qu'April et moi nous lui avons offert à la fête des pères, il y a très longtemps... de plus, il a un grand sourire sur les lèvres.
Moi : Salut papa.
Papa : Bonjour ma grande.
Il me serre brièvement dans ses bras et m'embrasse sur le front.
Papa : Ta sœur est dans la cuisine, elle prépare une salade pour aller avec les grillades.
Moi : Ok, je vais aller lui donner un coup de main.
J'entre dans la maison et April est en train de couper des tomates.
Moi : Mets du fromage aussi dedans s'il te plait.
April : C'est prévu, mais vu que tu es là, mets-les toi-même.
Elle me lance le morceau de fromage pour que je le coupe en dés. Côte à côte, nous rions en coupant les aliments. J'ai du mal à me dire qu'il y a deux jours, on ne s'adressait presque pas la parole. À un moment, je lève les yeux et je vois notre père dans l'embrasure de la porte, il a presque les larmes aux yeux.
Moi : Qu'est-ce qui t'arrive papa ? T'as une poussière dans l'œil ?
April : Non, ce doit être une allergie au pollen. Un gros dur comme lui ne pleure pas sans raison.
Papa : Moquez-vous tant que vous voulez, mais je suis heureux de voir que les tensions au sein de notre famille semblent passées. Et aussi de vous avoir toutes les deux. Les merguez sont cuites, vous venez.
Nous déjeunons en parlant tous les trois, il a raison, les tensions semblent derrière. Il fallait qu'on se dise ce qu'on avait sur le cœur pour avancer. Je regarde April et je me dis que maintenant que j'ai retrouvé ma petite sœur, je ne me vois pas la perdre à nouveau. Mais je regarde aussi mon père et m'imaginer loin de lui me paraît inimaginable. Je sens que j'ai pas fini de me faire des nœuds au cerveau avec ça. la solution serait peut-être de convaincre April d'aller à la fac à UCLA, comme ça elle reviendrait vivre à la maison... Mais ce serait la déraciner à nouveau, sa vie est dans le Dakota désormais et nous qui l'y avons poussé.
April : La terre appelle June !
Ma petite sœur claque des doigts devant moi et je secoue la tête.
April : Dis-moi papa, ça lui arrive souvent de partir loin comme ça ?
Papa : de temps en temps, et en général, c'est accompagner d'un froncement de sourcil.
Moi : Je suis là je vous signale ! Au lieu de vous foutre de moi si vous me disiez de quoi vous parliez ?
April : Je te disais que j'irais bien me faire dorer la pilule à la plage.
Moi : Mouais, si tu veux qu'on y aille ensemble ça te dérange pas si on attend quelques jours parce que le fond de teint c'est pas super waterproof et me baigner avec un foulard moyen...
April : T'as pas tort. D'ailleurs ça va mieux ? t'as pas trop mal ?
Je retire mon foulard et montre la marque encore bien violacée sur mon cou. Mon père grimace, c'est d'ailleurs pour éviter ça que j'avais mis mon bandana.
Moi : Ça fait moins mal qu'il n'en parait. Avec le baume trois fois par jour, ça aura bientôt disparu...
Papa : Ouais...
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1 mois pour changer de vie.
AcciónJune Harper a toujours vécu au milieu des bikers, mais cette vie l'a forcé à grandir trop vite. A prendre des décisions difficiles. Notamment concernant sa petite sœur, April, à qui elle voulu offrir une autre vie. Le retour d'April, va changer beau...