COLLATION

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— Et donc là, il m'a- haha ! Écoutez bien ma mie, c'est à peine croyable ! il m'a invité au bal organisé par son père, dans sa villa !

— Roh !

— Si, si ! Je vous jure, dans une très grande villa, luxueuse comme il faut, des jardins énormes, en grande pompe, avec tout le gratin du royaume !

— Et alors que vous ne le connaissiez même pas ?!

— Mais non ! Je l'ai vu, quoi, à peine une heure, tout au plus ! Et le pauvre garçon s'était amouraché de moi !

— Et vous avez fait quoi, alors ?

— Bah, à votre avis ? j'y suis allé !

— Non ?!

— Mais si !

— Resservez-moi donc un petit verre !

— D'accord, ma mie !

— Et ça s'est passé comment ? dites moi !

— Très mal !

— Je m'en doute ! Vous, dans un bal ! Non, excusez-moi, sans jugement aucun, mais c'est à peine croyable ! Je vous vois très mal danser, ah ça !

— Oh, non, ne vous excusez pas ! Moi, j'y étais allé pour la bouffe et la boisson gratuite !

— C'est compréhensible ! Un peu de saucisson ?

— Oui, s'il vous plaît ! Et donc, j'y suis allé. A peine arrivé devant que la garde m'arrête, j'avais oublié- oh il est bon ce petit sauciflouze !

— Très bon, oui !

— J'avais oublié, donc, qu'il fallait être propre sur soi, bien habillé, bien pomponné, moi j'étais venu comme un dimanche !

— Ça ne m'étonne même pas de vous !

— Ils n'ont pas voulu me faire rentrer ! J'avais beau leur expliquer que c'était le fils du duc même qui m'avait invité, ils ne voulaient rien entendre, ces con-là !

— Et vous êtes repartis ?

— Non ma bonne dame ! Je ne me suis pas laissé faire, j'ai clamé haut et fort que j'avais tous mes droits d'être ici, et ce n'était pas deux pauvres types en armure qui allaient m'en empêcher !

— Et vous me dites que cette histoire se termine bien ?!

— Oui, oui !

— Comment avez-vous fait pour ne pas vous faire arrêter ?

— Bah, j'y viens, j'y viens !

— D'accord, j'arrête de vous couper, si, vous me servez un autre verre !

— Vous allez tout finir, hé !

— Hé dites, vous croyez que je ne vous vois pas ! A chaque phrase vous vous resservez !

— Tenez, ma mie ! Et donc, je gueule, je gueule, "c'est un scandale, nanani, nanana, vous êtes une honte, à refuser un invité de prestige !"

— "Un invité de prestige", carrément !

— Oui, haha, j'étais très remonté, et j'avais faim ! dites vous que je n'ai pas mangé de la journée pour profiter à fond du buffet !

— Vous n'êtes pas croyable !

— Et donc, d'autres garde commencent à répliquer... là, je vous avouerais que mes fesses ont commencé à applaudir, mais je ne me démonte pas, je commence à dire n'importe quoi, je suis en roue libre totale ! je continue mon discours sur la hiérarchie des classes et l'inégalité dans le royaume, et une petite foule de bourgeois commencent à venir à leur tour !

— Je ne vous imaginais vraiment pas en révolutionnaire... ou en crieur de rue !

— Hé !

— Je vous taquine, je vous taquine...

— Finalement, le fils du duc, le petit blondinet, a fini par venir ! Parce que je n'arrivais pas, et il m'attendait ! il m'attendait, ha ha !

— Et il finit par vous faire rentrer ?

— Oui ! et j'ai bouffé, j'ai bouffé, j'ai bu aussi ! autant que je le pouvais ; c'était si bon de manger à leur table !

— Et ça s'est fini comment avec le fils ? Vous avez dansé avec lui ?

— Ça s'est fini que je me suis éclipsé avant le bal, il était mignon, mais... pas du tout mon genre !

— Et c'est quoi votre genre ?

— ...

— Vous ne répondez pas ?

Paavo & Petra ou L'Improbable AventureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant