Paavo & Petra ou L'Improbable Aventure

EGO

— Et là, on est où ?

— Vous allez me poser cette question combien de fois, encore ? Puisque je vous dis qu'on est sur le bon chemin, vous pouvez me faire confiance, une fois de plus ?

— Dites, ma bonne dame, est-ce qu'on ne serait pas perdu, à tout hasard ?

— Je ne vous pas de quoi vous parlez !

— Rah ! C'est la meilleure celle-là ! On est complètement perdu et vous ne voulez pas l'admettre !

— Non.

— Non, vous ne voulez pas l'admettre ou non, on n'est pas perdu ?

— Non.

— Hé, ça va rester entre nous, ne vous inquiétez pas ! Je vais le dire à personne, ha ha !

— Zut !

— Ah, ça, pour se moquer des petits copains qui peinent à lire une carte, il y a du monde, mais quand ça leur arrive ! hé ! il n'y a plus personne !

— Taisez vous nom de nom !

— Non, mais au moins on profite de la vue, du paysage, remarquez, c'est assez rigolo puisqu'on se perd à chaque fois qu'il commence à faire nuit !

— ...

— Moi je trouve ça remarquable ! Bientôt, on y verra comme à travers une pelle, il n'y pas une auberge à la ronde et on va finir par dormir à la belle-

— On va s'arrêter là pour aujourd'hui ! La nuit commence à tomber, et voyager avec une visibilité réduite, dans cet environnement qu'on ne connaît pas, me semble peu prudent.

— Et voilà, qu'est-ce que j'allais dire !

— C'est moi qui décide quand est-ce qu'on s'arrête et où est-ce qu'on établit un campement stratégique !

— « Un campement stratégique » ! ha ha ! vraiment vous, quand vous êtes contrariée, vous ne l'êtes pas à moitié !

— Vous avez une meilleure idée, peut-être ?

— Non ma mie !

— Et bien alors on s'installe ici, ça me semble être un bon emplacement !

— Un « emplacement stratégique » ?

— Oui, tout à fait. Maintenant, aidez-moi à installer les tentes et préparer un feu ; je ne veux pas mourir de froid cette nuit, et puis la faim commence à se faire ressentir.

— Ah ça ! c'est vrai que je ne dirais pas non à une petite fringale, moi !

— Oui, enfin, tâchons de rester raisonnable. On ne sait pas encore combien de temps nous allons rester ici.

— Hé, c'est bon, détendez vous, j'ai compris votre petit jeu...

— Mon petit jeu ? de quoi vous parlez ?

— Bah, vous avez les boules qu'on soit perdus, donc pour compenser vous vous donnez à fond dans le rôle de la petite cheffesse ; hé, très sincèrement, on est entre nous, qu'on soit perdu, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre...

— Ce n'est pas ce que vous croyez, mon cher ami.

— Bon allez, et si on tapait dans ce qu'on a chourave aux petits jeunes, hein ?

— ...

— Oh bah, ça alors, de l'hydromel, j'espère qu'elle n'est pas frelatée ! Et il y a même du sauciflard ! Hé, on va se mettre bien, non ?

— Je suppose...

— Allez ma mie, pour une fois, laissez vous aller un peu, même dans les tavernes vous ne buvez pas plus d'un demi !

— Très bien...

— Ah ça, c'est ce que j'aime entendre !