Paavo & Petra ou L'Improbable Aventure

FERME

— J'en ai marre, mais j'en ai marre !

— Est-ce que je peux y faire quelque chose, moi, ma mie ?!

— Vous en avez pas marre, vous ?

— Bah... j'ai connu des jours meilleurs on va dire !

— Traîner toute la journée ici, à... à s'occuper de ces bêtes... je n'en peux plus !

— Ah bah ça, effectivement, c'est pas une vie pour tout le monde ! Vous avez arrosé les tomates, d'ailleurs ?

— Quoi, encore, vraiment ?!

— Bah oui, encore ! Vous avez vu comment il a fait chaud hier ! Elles ont besoin d'eau nos petites tomates !

— Et, si on rentrait ? Ça ne vous dit pas ? Allez, s'il vous plaît !

— Rentrer, où ça ?

— Mais au pays ! à la capitale, au bastion, partout mais loin d'ici !

— Mais je vous dis que c'est une mauvaise idée !

— Mais ça se trouve il est terminé ce coup d'état, et que tout est rentré dans l'ordre ! Qu'est-ce qu'on en sait, hein ?

— Bah justement on n'en sait rien !

— Mais allez !

— « Allez » quoi ?! Vous voulez vous faire égorger une fois arrivée là-bas ? C'est ça que vous voulez ?

— Mais qui vous dit qu'ils en ont après nous ? C'est vrai ça, nous, on aide le peuple, nous ne sommes pas une résistance !

— Bah justement, encore une fois ! à votre avis, pourquoi nous ont-ils demandé de rentrer au plus vite ?

— Je ne sais pas moi...

— Parce qu'ils ont besoin d'hommes et de femmes pour défendre le pays !

— Attendez... nous sommes en train de déserter, là ? C'est vraiment ce que vous êtes en train de me dire ?!

— Déserter, déserter... c'est un peu fort comme terme... On va dire, plutôt, que nous avons adopté une stratégie de défense passive et d'observation, dont le but final est d'anticiper les prochaines actions de l'ennemi, afin de mieux les éviter, voire de les contrer, si la possibilité se présente ; tout en gardant, évidemment, une certaine distance avec les zones de conflit, afin de nous protéger nous d'abord puis ensuite, dans un second temps, apporter notre soutien au cas où le nombre d'effectif allié venait à réduire durant le conflit.

— Oui, bon, on fait nos chochottes et on attend que ça passe, quoi ! si j'ai bien compris.

— En d'autres termes, moins élogieux, oui...

— Hé bah...

— Ecoutez... j'ai pas envie de mourir, ma mie...

— Hé dites ? Ça ne serait pas une excuse bidon, tout ce discours là ?

— Une excuse pour quoi ?

— Bah... pour votre rêve ! vos chèvres et vos brebis !

— Hé, euh, hein ! Vous pensez vraiment que je suis capable de faire ça ?!

— Très sincèrement, je pense que vous en êtes capable...

— Ma mie, entre nous, à choisir entre la mort dans un conflit politique qui ne me regarde pas et élever des chèvres et des brebis, le choix est vite fait !

— Alors, barrons nous au moins de cette île ! Je n'en peux vraiment plus, ça pue ici !

— Et vous voulez aller où ? tout le royaume est en guerre, il n'y a qu'ici où on a un semblant de paix, personne ne veut de Coquille...

— Et je les comprends.. En même temps, comment peut-on leur en vouloir...

— Je vous l'avais dit, ma mie, ha ha !

— De quoi, encore... ? Vous ne voyez pas que je suis au bout du rouleau, là ? Et vous trouvez encore de l'énergie à rire ?

— Coquille ça n'a rien de pittoresque.

— Zut.