10 (2) - B A C H I R

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Je ne sais comment, ni quand, je sortis de la maison. Je ne sais pas non plus comment je fais pour conduire jusque là. A l'hôpital régional.

C'est maintenant que je suis garé au sous-sol, le parking de l'hôpital, que je me rends compte de mon arrivée. Je descends de l'habitacle et fonce vers l'accueil. Mais dès que j'ouvre la bouche pour demander le numéro de sa chambre à l'infirmière, que je vois mon oncle arrivé vers moi.

Je me tourne donc et lui fais face. Il m'indique le couloir et la chambre sans que je n'ai à poser la question.

Je me précipite entre les couloirs. Et quand j'arrive à sa porte, je m'immobilise.

Je sais que nos regards se croiseront une fois la porte ouverte. Que je lirai toute la souffrance, la détresse, la peur, la haine,... Toutes ses émotions se battant entre eux pour pouvoir se faire la place de premier. Je lirai aussi le reproche qu'elle a à mon égard, de ne pas être venue plutôt cette nuit. De l'avoir laissé moisir durant quatres nuits au sous-sol de l'immeuble de mon entreprise, sous la maltraitance de Cet ordure.

Je ne peux pas supporter son regard méprisant. Je ne le pourrai pas. Alors résigné, je délaisse le poignet de la porte et fais un pas en arrière puis me tourne pour partir.

Mon oncle qui était arrivé entre temps ne dit rien. Pourtant le regard qu'il me jette s'exprime pour lui. Je raccroche mon regard au sien et secoue la tête, en prononçant un non comme un souffle lorsqu'il fait un pas pour me rejoindre. Il s'arrête alors et fixe la porte derrière moi, cette dernière qui s'ouvre à la seconde suivante.

Le rythme de mon organe vital s'accélère. Je bloque brusquement ma respiration. Ma nuque se couvre de frissons, me provoque de la chaire de poule, lorsque je sens son souffle sur ma peau.

Je sais que c'est elle qui vient d'ouvrir la porte. Elle est juste là derrière moi. Mais je ne me retourne pas. Je ne me sens pas capable de soutenir son regard.

Alors, les points serrés, je me mets en route avant qu'elle ne m'empoigne. Dans un souffle, elle prononce mon prénom de sa voix enrouée. L'entendre m'appeler m'apporte tellement de bien être que s'en est maladive. Je retiens de justesse, la larme qui essayait de franchir la barrière de mes paupières.

- Bachir ?

Elle me retourne vers elle. Je baisse mon visage pour ne pas avoir à confronter son regard, ma respiration de plus en plus irrégulière.

Elle attrape mes deux mains dans les siennes et de son pouce caresse le dos de mes mains. Je sens qu'elle me fixe, mais je garde obstinément le regard bas.

D'ailleurs son jogging et ses chaussures ouvertes, semblent plus intéressants en cet instant !

- Bachir !

Et elle se jette dans les bras. Me serre très fort contre elle. Alors qu'elle est submergée de sanglots. Elle pleure. Elle déverse toutes ses émotions contenues à l'intérieur de son corps. De sa tête. De son âme.

J'enroule les miens au tour de son corps, posant ma tête sur la tienne. Je ne peux retenir la larme qui s'échappe de mon œil droit.

On reste ainsi, un long moment, dans ce couloir, devant la porte de sa chambre d'hospitalisation. Elle, essayant de se calmer sous mes caresses sur son dos, et les mots réconfortant que je lui chuchote au creux de son oreille.

Elle s'est calmée mais, est toujours prise des petits hoquets, et des sanglots de temps en temps.

Ses soubresauts me rappelle instantanément ce pour quoi elle est comme ça aujourd'hui. Ce qui l'a emmené ici. La cause qui l'a conduite à cet état. Le cauchemar qu'elle a vécu il y a deux ans. Et à quel point, le retour de ses souvenirs est douloureux, insupportable,...

Lorsque j'arrive au hangar. Arrêté en bas de l'imposante immeuble de l'entreprise familiale, fixant le chemin qu'indique l'appli sur l'emplacement de mon cousin.

Je me pose pleins de raisons qui expliquerait la présence de Thierno sur ce lieu. Au sous-sol. Il se peut qu'il est venu faire la fête avec ses copains ? Ou bien encore qu'ils révisent entre camarades ? Tant de pareilles idées se suggèrent dans ma tête.

Je suis tellement confus que j'en ai oublié la raison de ma présence devant l'entrepôt salubre, fixant toujours mon écran. Mais la voix qui m'arrive. La détresse que je décèle dans ce timbre de voix.

- A L'AIDE !!

Oh non !! Lima !!

Je ne sais comment ni quand, je suis arrivé à l'intérieur de l'espace lugubre. Et la scène qui me fait face enlève le sol de sous mes pieds. Je n'arrive pas à croire ce que je vois. Je frotte mes mains contre mes paupières, les fermes, et les rouvres. Mais, c'est toujours le même cas.

Thierno qui essaie de désarmer Lima du flingue. Mais elle semble acquérir une force surhumaine et pointe le flingue sur Thierno.

- Tu me touche, je t'éclates la cervelle, dit Lima, le regard plein de haine.

J'ai un mouvement de recul ainsi que cet enfoiré. Mais il se reprend vite et réessaie de la toucher.

Une telle haine monte en moi tellement forte que lorsque je m'exprime, ils se figent tous. Mais je n'ai pas été assez rapide, car voilà se produire ce que je voulais éviter.

- Espèce d'en-

Boom

Lima avait déjà tiré. Je reste figé, comme une statue. Alors que la sirène des policiers résonnent à l'extérieur de l'habitat ainsi que celle de l'ambulance...

- Bassirou !

Je sors de mes cauchemars. Et reporte en fin mon attention sur celle qui s'est tranquilisée dans mes bras. Elle respire calmement. Elle dort.

- Tu vas bien ?

Je regarde mon oncle et répond.

- Hum hum ça va.

- Okey, répond t'il en caressant les cheveux de Lima. Elle est très fatiguée et vide d'énergie, tu devrais la poser sur le lit, et toi aussi d'ailleurs.

- D'accord... Euh, mon oncle ?

Il se retourne et m'interroge du regard.

- Personne ne doit savoir pour elle, qu'elle a retrouvé ses souvenirs jusqu'au procès.

Il hoche la tête et repart. Moi aussi je prends le corps de Lima dans les bras comme une princesse. Je rentre dans la chambre et m'adosse au lit en gardant ma princesse dans mes bras.

Ouff j'arrête là !

Alors, qu'en pensez vous ?

Des souvenirs de Bachir ? Des agissements de Thierno ?

À votre avis, pourquoi Larba a agit comme tel en vers sa cousine ?

De quoi fait allusion Bachir, lorsqu'il énonce le mon " Procès " ?

Voter.

À bientôt inchallah et bonne journée à vous tous ! Bisous.

Dian_224


LES RETROUVAILLES - I Où les histoires vivent. Découvrez maintenant