LES RETROUVAILLES - I

19 (2)- S A L I M A T O U

Être sa femme, est un rêve, voir même un souhait pour moi depuis que je suis devenue capable de distinguer ma main gauche de la droite. De ce fait, nous avons bien convenu tous les deux, qu'on se mariera une fois l'âge de se marier atteint. Je devais d'abord avoir mon baccalauréat, et lui, un travail, une maison, un avenir assurer pour tous les deux. Je me souviens que lorsque j'avais sept ans, et lui, avait onze ans et faisait le brevet d'études du premier cicle - il a eu l'examen à sept ans, en sautant la classe de cinquième - je m'étais rendu au bureau de mon père, et je le lui ai dit « Papa, Bachir est moi allons nous marier en deux mille vingt quand je finirai les épreuves du bac... Tu vois papa, on s'aime beaucoup. » Je souris sans m'en rendre compte à ce souvenir... Mon papa m'avait clairement répondu que c'était bien, mais... il fallait d'abord que je sois majeure or lorsque je ferai le bac, j'aurais dix-sept ans... On s'aime Bachir et moi, c'est indiscutable ça. On s'est mariée aussi à cette période là, aussi. Mais sa mani de prendre des décisions à ma place comme si je n'avais pas mon mot à dire me rend dingue; d'abord, pour le mariage religieux, ensuite sa disparition, et son choix de régler ces problèmes sans m'en parler ni m'en mêler,.. et maintenant j'apprends par ma soeur qu'il compte m'envoyer en USA. Il est fou ce mec !

- ... et tu vois, dans ma tête, je deviens metteuse en scène, costumière ou l'héroïne, je crée des décors, j'imagine des bruits, je vois tout un film dans ma tête, à ma façon et selon mes goûts. C'est magnifique ! Tandis que à la télé, l'imagination est limitée, ça en manque, et je suis obligée d'accepter la façon dont ils ont imaginés l'histoire. Je ne peux pas là, au gré de ma fantaisie, créer tél décor, donner tél air au héros, à l'héroïne, les habiller à ma façon, leur faire vivre telle ou telle aventure... Donc oui je préfère lire, car là je suis indépendante. Et J'suis pas obligé de regarder ces sottises comme amour interdit hein.

- Je comprends, commencé-je, c'est magnifique ta façon de voir les choses. Et puis je suis d'accord avec toi, sinon regarde les mamans quant elles regardent les séries zee magic; elles se frappent, sautent, crient, insultent, maudissent même les acteurs principaux quand ça ne tourne pas comme elles le veulent merde !

On éclate de rire jusqu'aux larmes Nafi et moi. Mais j'ai raison, l'autre fois je m'étais assise par hasard au salon à côté de maman Binta, alors que Sinan criait sur Yagiz, elle m'a donné un coup sur mon épaule, en criant ouii c'est ça Yagiz, montre lui le respect ! Mdr

- Mais Nafi ?

- Yes

- Est-ce que, je regarde quelques secondes songeuse, il faut que j'en sois sûre. J'avais eu le bac en 2020 ?

- Donc tu ne t'en souviens pas, elle rit doucement. Oui tu as eu douze de moyenne, les résultats étaient sortis en septembre, le deux. Mais tu ne pouvais pas savoir car t'étais dans le coma suite au choc que t'as pris à la tête et tu as été blessée au dos par son couteau.

- Unhun... en tout cas, je m'en doutais que je sois mariée sans avoir fait l'exam, tu sais quand je suis rentrée tout à l'heure pour me changer, j'ai vu mes tenues et ça m'a provoqué des flashs.

Elle me regarde et hoche la tête distraitement puis répond :

- Tu es restée cinq mois sans te réveiller Salma, du premier septembre à février...

- Okey et quand je suis revenue et guérie, en avril dernier je m'étais mise avec Adam, je papillonne mes paupières pour ne pas laisser s'échapper mes larmes qui pointent. J'ai commis l'adultère... et dis moi, elle était où Hawa pour m'en empêcher ? Pourtant c'est ma meilleure amie, hein ?

- Ça va, elle vient entrelacer nos mains me faisant lâcher la peigne. C'est du passé et tu ne pouvais pas savoir hein...

On reste comme ça quelques minutes avant qu'elle ne se détache :

- Bon, commence t'elle. Je suis dans le rouge et je ne vais pas te faire des tresses, donc appelle H et dis la que t'es là et reste surtout naturelle hein, elle viendra, et il ne faut pas...

- que l'on sache pour moi, terminée-je le mantra imposé par Bachir. Ouais je sais, c'est bon je vais le faire et toi, vas voir si Binta est allée au coranique ? D'ailleurs elles sont où les reines ?

- D'accord, mais after je me prépare j'ai un rendez-vous avec mon manager dans une heure donc bye à ce soir. Et oui les mamans sont allées au décès du mari de la voisine, tu sais le doc s'est suicidé au poste de police hier nuit et on a découvert son corps ce matin...

- Wouah, mon Dieu, mais c'est affreux d'infliger ça à sa femme et les enfants...

- Eh ouaip c'est la vie, Allahou yarromo !

- AMINA yaa Rabbi.

D'abord il fait des choses affreusement sales, puis se suicide pour échapper à la justice ? Mais il s'est leurré tout seul, car maintenant devant Dieu, il en a ajouté le suicide aussi sur sa liste de méfaits. Comment va faire sa famille maintenant pour surmonter cette tragédie en plus de supporter cette société empoisonnée. Dieu les protège...

Je tape un petit texto à H pour l'informer que je suis à la maison. Elle répond qu'elle vient bientôt, et qu'elle avait aussi à me parler effectivement. Alors je termine de défaire les tresses, l'attendant.

- Ah tu as fini de faire la gamine mal élevée que t'es, en fin c'est pas trop tôt !

Je lève ma tête, arrete de peigner mes cheveux et lève le regard pour tomber dans celui méprisant de ma mère, Houssaynatou Sow. J'étais tellement dans mes pensées que je ne les ai pas entendu arriver.

- Je ne sais pas trop, répond-je calmement. Est-ce que toi tu as fini avec tes crises hormonales ? je lui demande en papillonnant mes paupières.

- Salimatou !