18 (2)- S A L I M A T O U

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Je réunis les bois feutés sous la marmite. Et découpe les gombos, les piments frais puis balance du tout dans la marmite, d'où l'eau bouillie. Je remets le couvercle. Le fonio est déjà propre et sec. Les graines de néré pilés. L'huile de vache déjà chauffée et j'y ai mis de l'oignon découpé. Donc à priori tout est ok. Il ne reste plus qu'à attendre que les légumes dans la marmite bouillissent et j'y ajouterai tout simplement le fonio dedans.

- Ouff, je m'assois sur le mini tabouret et manipule mon tel en m'adressant à l'intrus qui est toujours entrain de me scruter depuis tout à l'heure. Qu'est-ce que vous me voulez, GD ?

- Ah enfin, j'avais peur que je ne sois devenue invisible ou bien que tu aies devenue myope, Salimatou !?

Elle lève les bras au plafond. Puis vient s'asseoir à côté de moi sur un second tabouret.

- Salimatou ? Souffle t'elle en prenant ma main dans la sienne. Je ne suis pas entrain de m'amuser avec vous, quand je vous dis- non on vous exige de rester loin l'autre, toi et ton mari.

Je roule les yeux et verrouille mon tél. Elle me le dit tout le temps depuis une semaine maintenant, depuis que j'ai recouvert mes souvenirs.

Si ça continue comme ça, je souhaiterais rester amnésique. Là au moins j'étais en paix.

Enfin, je crois...

- Je sais Mme Sow, on n'a pas accompli les rites maritals et blablabla, donc pas la peine d'être sur mon dos à tout bout de champ, je vais vraiment finir par péter les plombs !

- Mais...

Je me lève et vais ouvrir la marmite, prend un bol avec lequel je diminue l'eau, au cas où. J'y mets ensuite le fonio et remue avec une cuillère en bois.

- écoute, ce n'est pas que pour ça al-

- C'est quoi alors ? Pourquoi me tenir loin de mon mari bon dieu ! Je retire les bois feutés dessous et y laisse quelques peu des charbons ardents, ce sera prêt dans dix minutes maximum.

- Tu crois quoi, au faite ? Que nous ne voulons pas vous unir ? Alors laisse moi te dire que tu te trompes d'ennemis. On veut juste vous protéger Allahou na andi. Le jour de votre mariage religieux, qui s'est passé dans le plus simple non grandiose, discret. Sans même en informer ta mère car, ta grand mère avait fait un rêve. Pour autant, ça a empêché le pire, qu'il n'y ait pas été trop loin, qu'il ne t'a pas touché, Allahou Akbar. Alors que tu le veuilles ou non, vous ferez les rites maritals quand Amadou Bachir aura fini de gérer tout ce bazar point.

- Et qu'est ce bazar ? La rattrapé-je alors qu'elle était sur le point de sortir de la cuisine. Qu'est ce qui se passe grand mère ?

- Demande à ton mari Mme Sow.

Elle insiste sur les derniers mots, me poussant à me rendre compte qu'évidemment, je ne le suis toujours pas encore. Merde

Je vérifie mon cuisson, avant d'envoyer les trois glacière et le grand plateau en nickel. Je descends le cuistot et vais réveiller Barry.

- Barry, dis-je une fois à la hauteur de sa tête, je m'agenouille et passe une main sur ses cheveux. Bachir, réveille toi, le petit déjeuner est prêt.

- huuuu... quel est vôtre blème à toutes ici. On ne peut plus dormir plus de dix minutes dans cette maison.

Il tire ma main et la met sous sa joue me faisant face maintenant avec les yeux ouverts, il me fixe de ses yeux somnolents.

- Quoi ? M'indigné-je. Ah oui c'est vrai que tu n'es pas venu me sortir en plein sommeil pour aller en cuisine parceque Mr avait faim et voudrait quelque chose qui ne soit autre qu'un plat tradit, en plus sous la pluie et la fraîcheur !

- Arrête tes sarcasmes avec moi, et j'avais réellement faim, ça m'a empêché de dormir la nuit et tu vois je me suis retenu toute la nuit de ne pas aller te réveiller,..

- Tu as eu de la chance surtout, de n'être pas venu me réveiller en pleine nuit, parce que sinon ce ne serait pas de la bouffe que t'aurais mangé, crois moi, je retire ma main et me lève. Maintenant vas te rafraîchir et viens manger, on dois aller chez nous et chez mam Mariama aussi, je me dirige vers la sortie ne le laissant pas le temps de répondre. Ah oui, ne nous fais pas attendre mon cher mari.

(...)

-Ah enfin je commençais à me demander si tu t'étais pas noyé à la douche, beau frère hein !

Je roule les yeux et dépose le bol de plat au centre du tapis de la salle à manger, accompagnée de Binta qui détient le seau d'eau pour se laver les mains, celle-ci est sous forme d'un cercle, entouré des sièges basses, six au total, une autre tablette basse au milieu sur laquelle je pose le plateau de riz de fonio. Tout en bois massif.

- Ah oui ? Et qu'est-ce que ça peut te faire Bijou hein ?

- Ce que tu vas me manquer s'il t'arrivait de te noyer, réplique Binta, et je commençais à m'inquiéter pour toi mon cœur !

- Gna, gna, gna, grogné-je sans m'en rendre compte. N'importe quoi.

Je prends place entre Bachir et Binta en face de GD qui rit sous cape. Bachir lui, affiche un rictu, dans son t-shirt noir, m'envoyant un clin d'œil.

- Huu, ça sens une odeur à plein nez, tu ne trouves pas Mam Daou ?

- Hahn, répond cette dernière.

Elles se tapent dans les mains et se moquent de moi.

- donne moi plutôt le bol que je me lave les mains, tone le seul homme de la maison. Et arrêtez vos bêtises et mangeons.

Notre plat a été une réussite, j'avais peur qu'il y est un peu plus de l'eau et que mon riz ne se transforme finalement en bouillie. Nous mangeons avec les blagues de grand mère et Bachir et Binta qui se chamaillent comme des gamins.

- Ah, il rote bien vilainement, que c'est très bon, comme je l'aime mon foutu, merci mon cœur, il me cole un baisé sur la tempe. Maintenant passe moi de l'eau et prépare toi... Binta ?

- hun ?

- tu viens avec nous n'est ce pas ? Demande Bachir sur le point de sûrement aller se brosser les dents pour se débarrasser de l'odeur de la poudre des grains de néré.

- Yeah je viens aussi.

Dian

LES RETROUVAILLES - I Où les histoires vivent. Découvrez maintenant