Fille d'un militaire décoré et porté disparu en mission, l'armée a toujours fait partie de la vie de Raven. Indépendante et consciencieuse, elle prête main-forte à sa mère dans le bar militaire qu'elle tient à San Diego, et soutient son frère cadet...
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Quelques jours plus tard.
Aujourd'hui est le jour que je redoutais le plus. Six ans tout pile.
Il y a six ans, ma famille recevait l'appel fatidique qui nous a détruits à jamais. C'est le jour où nous avons perdu mon père. Mon cœur saigne continuellement, meurtri par ce manque quotidien. J'ai perdu ma figure paternelle, celle qui a fait de moi la personne que je suis. Personne ne devrait subir ce genre d' événements, personne. Une douleur lancinante me comprime la poitrine alors que j'essaie de me lever de mon lit. Je n'ai pas la force d'affronter le monde, pas tout de suite.
— Raven ? Je peux entrer ?
La voix de ma mère résonne derrière la porte de ma chambre. J'ai dormi à la maison cette nuit consciente de ce qui allait se passer aujourd'hui. Enroulée dans ma couette, seul mon visage dépasse. La porte s'ouvre, la silhouette de ma mère se dessine dans mon champ de vision. Elle s'avance et vient s'asseoir au bord de mon lit. D'une main délicate, elle caresse ma joue humide et me sourit tristement. Ses yeux commencent à briller : son regard attristé montre qu'elle a du mal à contenir son émotion, comme moi.
— Oh ma chérie... Je sais combien c'est dur, mais nous devons avancer. Ton père n'aurait pas aimé nous voir comme ça.
Je le sais bien. Mes sanglots redoublent, je ressens comme si mon cœur se brisait en deux, piégé dans ma cage thoracique. Les bras qui vont m'entourer vont me permettre de m'échapper des émotions trop intenses qui m'écrasent la poitrine. Comme une bulle dans laquelle tout va bien. Elle renifle puis finit par craquer, elle aussi. Nous nous serrons si fort que je peux entendre les battements douloureux de son cœur.
— Il me manque tellement, murmuré-je dans un gémissement.
— Je sais. Il me manque aussi, ma chérie.
J'enfouis mon visage dans son cou, mouille son chemisier. Au bout de quelques minutes, nous nous écartons et ma mère essuie ses joues en grande inspiration.
— Il faut se préparer pour aller lui rendre visite au cimetière.
Cette phrase me brise un peu plus. J'opine du chef, puis ma mère sort de la pièce d'un pas lent.
Reste forte, me rappelé-je.
Pour cette journée difficile, malgré la date, Sam n'a pas pu venir car il doit rester au camp. Les entraînements basiques et les cours sont intéressants. Il n'a qu'une hâte : découvrir le camp Pendleton, une des bases des Marines située à Oceanside, où il perfectionnera ses tactiques de combat et d'armement lors d'un stage. Il en a encore pour au moins quatre ans. Alors mieux vaut ne pas penser au pire tout de suite.
Soudain, je me rends compte que Nicholas a le même âge que moi ; il a donc plus de chances de partir au combat avant mon frère. J'en suis certaine parce qu'il a dû montrer sa carte d'identité au bar, la première fois, et je retiens facilement ce genre d'infos. Et puis, il doit sans aucun doute, faire partie des recrues résidant à Pendleton. Cette pensée me hante, même lorsqu'il n'est pas là, en face de moi. Je secoue la tête, perturbée. Ma mère me rappelle alors :
