Rescue — Lauren Daigle
***Nicholas
Il existe plusieurs types de douleur que l'on peut ressentir.
La douleur émotionnelle ; celle qui vous terrasse et vous met au plus bas.
La douleur mentale ; celle qui fait écho à une mauvaise expérience passée.
Et la douleur physique, qui nous coupe le souffle tant elle est intolérable. Celle qui fait l'effet d'un coup de poignard dans le cœur dès l'instant où elle vous frappe de plein fouet.
C'est ce genre de douleur que j'ai ressentie lors de mon transfert en France, pendant que j'observais les ombres floues des ambulanciers se mouvoir autour de moi. Impuissant, je me suis retrouvé malgré moi entre les mains de la faucheuse. Elle pouvait faire ce qu'elle voulait m'embarquer et m'arracher à ce monde que j'ai toujours connu. Nous réunir mon père et moi.
Mais ce n'était pas mon heure.
Mon escadron n'a pas négligé la présence d'un quelconque danger. Malheureusement, notre vigilance de chaque instant n'a pas suffit ; le danger rôde partout en zone de conflit et l'on est jamais à l'abri d'un guet-apens aussi sournois que le diable lui-même. Une embuscade violente, terrifiante et morbide nous est tombée dessus. L'ennemi ne souhaitait laisser aucun survivant. J'ai perdu plus d'un camarade ce soir-là. Les flashs de cette nuit me hantent d'ailleurs dès que mes paupières se ferment. Sans les médicaments que l'on m'injecte pour me soulager de la douleur, je serais bien incapable de fermer l'oeil.
Je n'ai pas pensé aux conséquences en me jetant sur TJ pour le protéger. Je n'avais pas prévu que le souffle de l'explosion me projeterait à plusieurs mètres. Je ne pensais pas quitter cet enfer vivant. J'entendais mon ami hurler mon nom à travers l'épais nuage de fumée noire, mais mon corps était paralysé. Il ne me répondait plus. Je peinais à respirer, mes poumons me brûlaient, mes tympans bourdonnaient.
TJ a eu le droit au même trajet que moi, mais nous avons été séparés en arrivant ici. Grâce à mon action héroïque, il n'a pas souffert de grosses blessures. C'est moi qui ai pris le plus gros impact. Un gardé m'a parlé de faire la demande pour que je puisse recevoir le Purple Heart pour cette raison. Pour moi, ce n'était pas un acte de bravoure mais un geste humain guidé par l'instinct de survie.
Les sanglots de Raven me ramènent à la réalité. Penchée au-dessus de mon lit, sa main chaude contre ma peau me maintient éveillé. Ses yeux larmoyants me détaillent tandis qu'un sourire soulagé étire ses belles lèvres. Pendant trois mois, j'ai rêvé de les embrasser. J'y pensais jour et nuit. Et puis, je contemplais le polaroid que nous avons pris cette fameuse nuit, ça m'a insufflé l'énergie qui me manquait.
— Hey, princesse...
Et là, ses sanglots s'intensifient. Elle embrasse chaque parcelle de mon visage en pleurant. Elle retire doucement mon masque à oxygène pour pouvoir terminer par mes lèvres qu'elle dévore comme si sa vie en dépendait. Bon sang ! Sa bouche m'a tant manqué que mon corps est dépendant de sa saveur sucrée. Je m'abandonne au baiser avant de grimacer lorsque ses doigts s'approchent un peu trop près de ma nuque blessée.
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Nos blessures communes
RomanceFille d'un militaire décoré et porté disparu en mission, l'armée a toujours fait partie de la vie de Raven. Indépendante et consciencieuse, elle prête main-forte à sa mère dans le bar militaire qu'elle tient à San Diego, et soutient son frère cadet...