Fille d'un militaire décoré et porté disparu en mission, l'armée a toujours fait partie de la vie de Raven. Indépendante et consciencieuse, elle prête main-forte à sa mère dans le bar militaire qu'elle tient à San Diego, et soutient son frère cadet...
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Dix jours plus tard.
— Raven ! Réveille-toi, putain !
Coincée dans mon cauchemar, je n'arrive pas à ouvrir les yeux. Même la voix de mon frère ne parvient pas à m'en extirper. Ce mauvais rêve qui me hante depuis plusieurs années est revenu. La peur de perdre mon frère est réelle. Soudain, je me réveille en sursaut, les draps adhèrent à ma peau moite. Mes cheveux sont collés par la sueur qui ruisselle de mon corps crispé. Paniquée, je hurle en sanglotant jusqu'à ce que le visage familier de Sam apparaisse dans mon champ de vision encore trouble.
Les lèvres tremblantes, je renifle et bafouille.
— Tu...
Les bras réconfortants de mon frère m'entourent et me serrent contre lui.
— Tout va bien, Raven. Je suis là. Respire, m'intime-t-il d'une voix calme.
— Qu'est-ce qu'elle a ? entends-je.
Ma mère. J'ai dormi à la maison hier soir. Sam et Valentina sont venus dîner et restés pour la nuit.
— Un cauchemar, sûrement, suppose mon frère
Je hoche la tête pour confirmer. Hors d'haleine, je parviens à m'apaiser au bout de plusieurs minutes. Seuls les battements de mon cœur demeurent affolés. Je quitte les bras de Sam pour observer ma mère. Elle vient s'asseoir au bord de mon lit, près de mon frère et moi. Un tracas commun est perceptible sur leurs visages encore ensommeillés. Mon regard dévie vers la fenêtre de ma chambre : il fait encore nuit. Puis je percute le pourquoi de leurs petits yeux : mon réveil numérique affiche trois heures.
— Ça va... Retournez vous coucher.
— Tu veux nous raconter, ma puce ? me questionne doucement ma mère en réprimant un bâillement.
— Non. Retournez dormir.
Le regard assombri de Sam plonge dans le mien. Il connaît la source de mes tourments.
— Tu es sûre ? vérifie-t-elle encore.
— Certaine, confirmé-je avec aplomb
Ils se lèvent tous les deux et m'adressent de concert un sourire rassurant. Ma mère poule, enroulée dans sa robe de chambre argentée, ne peut pas s'empêcher d'insister :
— Si tu veux en parler, je suis là.
— Oui, je sais. Merci, maman mais ça va aller.
Avant qu'ils ne ferment la porte, je pousse un long soupir. De nouveau seule, j'attrape mon téléphone et décide d'envoyer un message à Nicholas.
Un peu plus d'une semaine s'est écoulée depuis l'obtention de son diplôme. Dix jours, pour être exacte, durant lesquels j'ai repensé à ce qui s'est passé au bar. Je rejoue la scène dans ma tête sans pouvoir m'empêcher de frissonner. Sa bouche sur la mienne, ses mains parcourant mon corps... Et puis le coup de poing qu'il a asséné à ce vieux pervers. Ça me reste en travers de la gorge, il faut que je lui en parle.
