Chapitre 30

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Where's My Love (Alternative Version) — SYML
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Where's My Love (Alternative Version) — SYML ***

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San Diego, CA

Trois mois.
Treize semaines et quatre jours.

Plus de deux mille deux cents heures nous séparent à présent de notre dernier baiser, en plus des sept mille miles qui nous contraignent à nous retrouver sur WhatsApp pour discuter. Si on m'avait dit, il y a six mois, que je vivrais une relation par écrans interposés avec un Marine, je n'y aurais pas cru une seule seconde. Ce n'est pas moi. Enfin, ce n'était pas moi. Comme quoi, la vie réserve de belles surprises.

Aujourd'hui, je suis celle qui a besoin de ses bras réconfortants pour empêcher les cauchemars de m'assaillir, de ses baisers langoureux pour perdre la raison et de sa présence pour ne pas succomber.

Depuis que Nicholas est à l'autre bout de la planète, en train de défendre les valeurs qui définissent l'homme qu'il est, je ne respire plus. C'en devient insoutenable. La lenteur des journées sur le calendrier est un réel supplice. Je ne comprends toujours pas comment font les autres compagnes des militaires pour supporter cette pression qui comprime ma poitrine sans jamais m'octroyer de répit. Peut-être qu'elles possèdent une force que je n'ai pas.

Comment est-ce que ma mère faisait quand mon père était absent ?

Tout a changé depuis le déploiement de Nicholas. Mais je ne peux pas nier que mes goûts, mes rires, mes nuits, ont pris un tout autre rythme. Je réalise enfin que celle qui a le plus changé, c'est moi.

Je ne compte plus le nombre de fois où, lors d'un appel visio, l'air grave et les yeux éteints de mon grand brun m'ont transpercée. Même s'il ne peut pas me décrire ce qu'il vit sur le terrain, j'entends la vérité dans chacun de ses silences, je lis la dure réalité dans ses iris fuyants. Mon cœur, meurtri par son absence, s'affaiblit à mesure que l'envie irrésistible de traverser l'écran pour l'enlacer me saisit.

Pas une minute ne s'écoule sans que je ne vérifie mon téléphone, effrayée à l'idée de recevoir un coup de fil de ses proches, m'annonçant que quelque chose lui est arrivé. Désormais, les secondes sont à l'image d'une épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Ce que je déteste cette sensation.

Mais pendant ces échanges, il arrive aussi que Nicholas m'offre ses plus beaux sourires et ça, ça vaut tout l'or du monde. Je le vois rayonner, je l'écoute me répéter que je lui manque et que je suis l'un de ses piliers. Ces jours-là, lorsque la douceur s'invite dans nos rendez-vous quotidiens le temps d'une bulle éphémère devenue familière, son côté taciturne se volatilise. Il me raconte sa vie en communauté avec ses frères d'armes, me partage quelques anecdotes amusantes sur TJ et Henry et me confie que ses nuits sont hachées par les ronflements de ses camarades.

Et je ris.

Et lui aussi.

Le temps d'un appel, nous oublions tous les deux qu'il nous reste encore trois mois à nous parler sans pouvoir nous toucher. Et lorsque l'appel se termine, le manque revient au galop, broie mon âme, me met dans un état pitoyable.

Nos blessures communesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant