Chapitre 5

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Charlie

17 ans plus tôt...

Je suis dans le bureau de John, je l'attends les yeux dans le vague, je triture mes doigts et ronge mes ongles, il est dans la salle d'à côté et hurle au téléphone. Je sursaute à chaque fois qu'il prend la parole.

- Vous ne pouvez pas me retirer cette enquête, je veux le coincer, je connais Marc mieux que personne !!! J'ai parlé avec la petite plusieurs fois déjà, je sais que je peux en tirer quelque chose. Les analyses ADN vont revenir bientôt, son ordinateur est aussi à l'inspection. Monsieur, je vous en prie, laissez-moi la direction de l'enquête je ne vous décevrai pas, je dois savoir qui a fait ça vous comprenez ? Pour sa femme, pour sa fille, pour nous.

Il se tait un moment et un fracas se fait entendre comme s'il avait jeté quelque chose contre le mur, je sursaute et me remet à trembler. J'ai peur.

- Putain de merde !!!!!

Quelques minutes se passent avant qu'il ne revienne vers moi. C'est long, je n'entend plus rien, je me demande quand il va revenir, et quand est-ce que je pourrais retourner chez moi.

- Viens ma puce, je te ramène à la maison.

Je souffle de soulagement, j'ai envie de dormir, je n'arrive plus à me souvenir, pourquoi ? Papa me manque...

Il me dépose chez lui, maman m'y attend avec Marie, il me demande de monter rejoindre Lia pour jouer, je m'exécute dans le silence mais je décide de rester dans l'escalier pour écouter, je m'assois sur les marches froides et tend une oreille.

- Margaret, ils m'ont retiré l'enquête je suis désolé, ils disent que je suis trop impliqué émotionnellement, ils ne veulent pas que je mette le feu à la ville pour retrouver celui qui a fait ça.

- Ils ? je reconnais la voix de Marie, elle et John sont amis avec mes parents de toujours, maman et elle sont tombées enceinte de Lia et moi presque en même temps. Leur amitié était déjà solide avant ça, mais depuis elle est indestructible. Elles sont comme des soeurs, et Lia et moi suivons leur chemin.

- Patrick, et je suppose monsieur le maire qui a dû mettre son nez là-dedans. Ce con est à sa botte, à croire que c'est lui qui dirige le poste, je n'aurais même pas accès aux analyses Adn ni à l'ordinateur de Marc.

Sa voix se brise et j'entends ma mère sangloter. Je suis une idiote, stupide. Pourquoi je ne me rappelle pas ? C'est à cause de moi que le meurtrier de papa ne pourra pas être retrouvé. C'est à cause de moi que maman pleure, que John est en colère. Si je n'étais pas si bête, je n'aurais pas oublié.

Plus tard dans la journée maman m'annonce qu'on va devoir retourner au poste dans la semaine et que j'irai avec elle. J'ai envie de lui dire non, que je ne veux plus aller là-bas mais je ne peux pas.

Ma petite maman perd un peu plus pied chaque jour, et je me demande si un jour je reverrais son sourire, si j'entendrais son rire, si on pourra vivre comme avant. Sans lui, sans papa. Notre famille est brisée à tout jamais.

Quelques jours après l'enterrement de papa, Patrick, le chef du poste de police nous a convoqués à nouveau. Maman est assise à côté de moi, sa main serrée dans la mienne, elle me tient fort comme si elle avait peur que je me volatilise, que je parte moi aussi.

- Margaret, les analyses récoltées sur la dépouille de Marc et dans son ordinateur n'ont rien donné, on est dans l'impasse, on a aucune piste, pas le moindre indice.

Il s'arrête et me regarde avec insistance, méchamment, il me juge, je le sens.

- Charlie, tu es sûre que tu ne te rappelles de rien ? De rien du tout ? Pas un petit détail ?

Pure HeartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant