Chapitre 24

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Charlie

Présent

Notre séjour à l'hôtel se termine, nous sommes restés enfermés tous les deux, loin du monde, évitant tout contact avec l'extérieur. Mon cœur est lourd, bien que notre proximité m'apaise, je souffre, j'ai ignoré les centaines de messages et d'appels de ma mère et John, je ne peux pas, je ne suis pas capable de leur faire face à nouveau pour le moment. Je ne sais même pas si je serai capable un jour de revoir leurs regards noirs, désapprobateurs. Je n'ai jamais vu ma mère avec une telle haine en elle. J'ai finalement le sentiment de ne pas la connaître, comme si c'était une inconnue devant moi ce soir-là.  Et je sais très bien que je n'aurai pas deux fois le courage de leur tenir tête comme je l'ai fait.

Notre bulle éclate, aujourd'hui, nous allons chez Damian et l'appréhension monte en moi. Il n'a jamais vécu dans son nouveau chez-lui, j'ai l'impression de m'imposer, de m'immiscer dans son intimité de force et je déteste ça. 

Dehors, le ciel est gris, menaçant, à l'instar de mon humeur. Je suis maussade et mon envie de retourner me coucher est grandissante.

Damian s'affaire à ranger nos bagages, nous avons commandé un taxi qui vient nous chercher dans une demi-heure. Je le regarde faire, il parle seul, calcule, tri. En fait, non je ne le regarde pas, je l'admire. Son jogging gris lui tombe sur les hanches, et je devine son corps au travers de son t-shirt noir over size, je ne peux détourner le regard de lui. Je suis accro, irrévocablement en train de tomber éperdument amoureuse de lui. 

- Tu es sûr que tu veuilles que je vienne envahir ton espace alors que tu n'en as jamais profité ?

Ma voix tremble. Il lâche tout ce qu'il a dans les mains pour me rejoindre.

- Bouclette, te voir envahir mon espace comme tu le dis est une des visions les plus agréables que je n'ai jamais eu.

Il ponctue sa phrase par un baiser rapide sur mon front et une tape sur le haut de mon crâne. Ce petit geste d'affection m'avait manqué. Et pendant un instant, un très court instant, le poids formé dans ma poitrine ne me compresse plus. Comme d'habitude, il balaie mes angoisses d'un revers de la main. Il ramène la paix au milieu de la guerre qui fait rage en moi. Il est devenu ou bien, il a toujours été le pacificateur de ma petite existence.

— — —

Dans le taxi, la radio me fait redescendre davantage sur terre.

" Le corps retrouvé il y a quelques jours, dans un appartement en ville est bel et bien celui de Zacchary Stake, un détective privé. Les autorités locales nous font savoir que faute de preuves et d'indices, l'affaire va être classée. Si vous avez la moindre information adressez-vous au poste de police de la ville. Avalon est encore témoin de la violence humaine et de la barbarie, l'insécurité est-elle le résultat d'un nouveau mandat catastrophique de Samuel Elwin ? Le point info se termine avec cette question, c'était Candice votre chroniqueuse, à vous les studios  "

Ce pauvre homme subit le même sort que mon père, dans cette ville où les indices sont toujours absents, ou personne ne voit jamais rien, ou la population est aveugle et sourde quand il s'agit de l'horreur. La chroniqueuse a clairement une dent contre notre maire, elle trouve toujours le moyen de lui envoyer un pique. Je me demande comment elle a encore le droit de faire sa chronique, les détracteurs de monsieur Elwin sont toujours réduits au silence.

J'agrippe l'accoudoir et le serre du plus fort que je peux, pour retenir la rage qui veut sortir de moi, ces derniers temps j'ai de plus en plus de mal à garder mon calme dans les situations de détresse, de colère ou d'angoisse.

Damian pose sa main sur ma cuisse et y trace des cercles de son pouce.

Encore une fois, il ramène presque en un claquement de doigt le calme.

Pure HeartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant