Chapitre 22

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Charlie

Présent

Je suis statique, bloquée devant la porte de cette maison que j'aime tant. Incapable d'ouvrir la porte et de faire face à ma mère, à John et à Marie. Mon instinct me hurle de ne pas y aller, de faire demi-tour et de laisser la situation se tasser, mais je ne peux pas. Mon corps ne répond plus, je ne sais pas combien de temps nous restons sous le perron mais c'est Damian qui me fait revenir à la réalité.

- Courage. Je suis là, ok, je vais rester près de toi Bouclette. Ça va bien se passer.

J'hoche la tête et pénètre dans la maison, pour me rendre dans le salon. Il lâche ma main avant que l'on puisse être vus et me fait signe de passer devant lui.

Ma mère me saute à la gorge comme une furie.

- Charlie Clarke tu me dois des explications !!

Je retiens mon souffle, et avale difficilement ma salive en voyant l'expression plaquée sur son visage. Tristesse, mépris, colère. Je ne l'avais jamais vue dans cet état. Je suis épouvantée par cette vision d'elle.

- Maman... crois-moi, laisse-moi t'expliquer, je sais ce que j'ai vu, ce que je vois. Je sais que c'est lui.

- Arrête ! Ton père est mort ! Mort depuis dix-sept ans! Que cherches-tu ? Que veux-tu prouver ?

Elle ne crie pas, elle hurle, ses cheveux sont en bataille et du mascara recouvre ses joues.

- Mais rien, rien du tout, ça m'est tombé dessus.

Je ne dois pas craquer mais John intervient, m'enfonçant un peu plus dans mon malaise et dans ce sentiment de crainte. Pour la première fois de toute ma vie je ne me sens pas en sécurité avec eux, ils me font peur.

- Tu vas arrêter tout de suite tu m'as compris ? Tu arrêtes avec ces conneries. Tu as vu le mal que tu nous fais, ta mère est dans un état pas possible par ta faute !

Son ton est dur, froid, mauvais. Il me glace le sang, jamais il n'avait osé me parler comme ça, à part hier soir. Mais maintenant c'est pire.

Je n'ai pas le temps de faire quoi que ce soit que Damian se met en mouvement m'écartant délicatement du passage. Il s'arrête à quelques centimètres de son père et lève le doigt vers lui.

- Ne lui parles plus jamais comme ça.

Il insiste sur chaque mot, les dents serrées. Cette scène est absurde.

- Reste à ta place Damian.

J'entend Marie les supplier d'arrêter.

- Et toi à la tienne ! Tu te prends pour qui ? Tu n'es pas son père ! Tu n'es pas Marc ! Tu essaies de jouer au paternel parfait avec Charlie mais pas avec tes propres enfants ! Tu nous as toujours fait passer après ton travail, et ça vaut pour maman aussi, tu la fais passer au second plan. Tu es un égoïste, tu n'écoutes même pas ce qu'on a à dire. Tu penses qu'on serait allé aussi loin si on n'était pas sûr de nous ?

Je suis atterrée, tout ça, je ne l'ai jamais voulu. Je ne sais pas par quel miracle mes jambes me tiennent encore debout, elles flageolent tellement que je sens que je vais me retrouver au sol si ça ne s'arrête pas, les cris des uns et des autres bourdonnent dans mes tympans.

- Dégage de cette maison.

Le choc fait taire tout le monde un instant, ces mots prononcés sur un ton calme et réfléchi. Mais Damian ne se démonte pas et redresse la tête, il dépasse son père de quelques centimètres.

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