Chapitre 11

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Charlie

Présent

Après une semaine à l'hôpital, je rentre enfin à la maison pour y finir ma convalescence. J'ai passé ma semaine à lire et à regarder des séries. Seule ma mère est restée tout le temps à Los Angeles, les autres avaient du travail ou les cours à reprendre. Et être seule juste avec elle, c'était la pire chose qui pouvait arriver à ce moment-là. À chaque fois qu'elle me regarde, j'ai envie d'éclater en sanglots. Je n'arrive pas lui parler, j'ai tellement de choses à lui dire mais je ne peux pas. Je ne peux pas briser cette tranquillité si durement acquise.

Le retour se fait dans le silence, ma mère pense que c'est dû à la fatigue, je la laisse y croire. Ce qu'elle ne sait pas ne peut pas lui faire de mal.

Je suis tellement heureuse de rentrer chez moi. Je retrouve le confort de mon lit et les bons repas de ma mère. Je rêve de m'enfermer dans ma chambre et de ne voir personne, de ne pas devoir me forcer à faire semblant d'aller bien alors que je suis détruite une nouvelle fois.

Mon cerveau ne pense à rien d'autre qu'à lui, j'ai imprimé son visage si fort dans mon esprit que je le vois même quand je suis éveillée. J'arrive à discerner tous les détails de sa face. Il me hante encore plus qu'avant.

Un frisson me parcourt, est-ce que le visage de mon père le hante lui aussi ? Est-ce qu'il regrette ? Pourquoi a-t-il tué un innocent de sang froid. Je sais les ravages que la drogue et l'alcool peuvent faire, mais pourquoi lui ? Pourquoi mon père, pourquoi ce soir-là ? Pourquoi m'avoir épargnée moi ? Le visage angélique de son fils me revient lui aussi. Le pauvre enfant n'y est pour rien mais pendant qu'il profite de ses deux parents, mon père à moi est au cimetière.

J'ai envie de vomir, cette sensation ne me quitte plus.

Quand je peux enfin me vautrer dans mon lit, Lia débarque en seulement quelques minutes.

- Hello, regarde ce que je t'ai apporté. Comme tu es alitée, tu es obligée de le regarder.

Elle sort l'intégrale de Game of thrones en DVD de son sac et entame une petite danse satisfaite.

- Merci Lia, ma liste de lecture est terminée, j'ai cru que j'allais mourir d'ennui une fois à la maison.

- De rien, si tu as besoin de quoi que ce soit n'hésite pas. Oh et tiens. Elle me tend un petit bout de papier. C'est le numéro de la mamie qui a appelé les secours, j'ai pensé que tu aimerais la remercier, elle me demande souvent de tes nouvelles.

Je me jette comme une affamée sur ce qu'elle me tend à tel point qu'elle a un hoquet de surprise.

- Eh bah, on dirait que tu veux vraiment l'appeler, elle s'appelle Audette. Elle est adorable, tu verras. C'est bien toi ça, ma Charlie au grand cœur, je suis sûre que ça te travaille depuis des jours.

- Merci. Je vais le faire tout de suite.

Ma pauvre Lia, je l'écoute à moitié et je ne prête même plus attention à sa présence, les yeux rivés sur ce numéro de téléphone qui est mon unique chance d'en savoir plus, mon unique chance de retrouver un témoin de la scène. Mon amie me prévient qu'elle va me laisser me reposer et qu'elle repassera plus tard. Je me contente d'hocher la tête, trop occupée à penser à la suite des événements.

J'attends d'entendre la porte d'entrée claquer, je prends mon téléphone et appelle mon unique espoir de retrouver l'homme que je recherche. Elle a forcément vu quelque chose, enfin je l'espère. Je reprends espoir.

Par chance la gentille dame répond aux bouts de quelques sonneries, l'angoisse monte en moi.

- Allo ?

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