Chapitre 21

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Charlie

Présent

Mon réveil sonne, mes paupières sont lourdes. Je me tourne, Damian dort encore profondément. Je me surprends à le regarder dormir, je repense à hier soir, on s'est longuement embrassés une fois que l'on s'est couché, j'aurais voulu aller plus loin mais il m'a arrêté. J'ai essayé tant bien que mal de masquer ma déception. Je ne comprends pas pourquoi il m'a repoussé alors qu'il m'a avoué à mainte reprise avoir envie de moi. Peut-être qu'il était bouleversé après ce que nous avons vécu hier soir, plus qu'il ne l'a laissé paraître.

- Damian, réveille-toi, nous devons aller au poste. On va être en retard.

Je le secoue légèrement. Il m'attrape contre lui, me serre fort, et me murmure la voix encore endormie.

- Tu es nerveuse ? Il ne me laisse pas répondre, connaissant déjà la réponse. Ça va aller ok, nous n'avons rien fait de mal. On va juste leur dire la vérité, ok ?

Je ne pensais pas que ma nervosité se ressentirait autant. J'ai une boule dans la gorge, je repense à Zachary, mon estomac se retourne, à la pensée de cette odeur et à la vision de son corps décomposée dans mon esprit. Damian resserre son étreinte, je remplis mes narines de son odeur. Je ne peux presque plus respirer sous l'emprise de ses bras autour de mon corps, mais ça m'apaise. Je savoure ce court instant et j'ai l'impression que lui aussi. Je l'entend respirer dans mes cheveux, profondément. Aujourd'hui, nous avons besoin l'un de l'autre. Plus que jamais.

Nous sommes tous les cinq devant le poste de police. Silvio prend la parole.

- Les amis, restons calmes, et tout se passera bien.

Tout le monde hoche la tête pour acquiescer.

Patrick se tient debout devant le comptoir de la réception, il nous attend, il est droit comme un piqué, les mains derrière le dos et nous dévisage. Je serai la dernière à passer. L'attente est interminable, nous sommes tous séparés, apparemment pour éviter que l'on se concerte. J'ai l'impression que nous sommes traités comme des criminels. Je tourne en rond dans la minuscule salle d'attente. Les nerfs à vif et cette envie de vomir qui ne me quitte pas. Le tic tac de l'horloge me donne envie de hurler et ne fait qu'augmenter mon anxiété.

- À toi Charlie.

Je lève la tête vers Patrick Hill, il me fixe avec son air supérieur. Je le déteste. Je me lève et le suis sans prononcer un mot. Nous entrons dans son bureau, il m'indique la chaise sur laquelle m'asseoir.

- Bien demoiselle. Peux-tu m'expliquer ce que vous faisiez dans cet appartement hier soir ?

Je réexplique encore la même histoire, celle que j'ai déjà racontée à John et Marie hier soir. Mon ton est las. Son expression change, il me coupe dans mon récit.

- Tu délires complètement Charlie, le meurtrier de ton père à Avalon ? Dix-sept ans plus tard ? Pourquoi faire ? Je vous ai déjà dit mille fois à ta mère et toi que c'était un marginal en manque de drogue, il cherchait juste de l'argent, ton père était là au mauvais moment, c'est tout. Vous allez encore faire des histoires avec ça ?

Il rit, non, il se fout complètement de ma gueule. Je reste stoïque et ne comprend pas comment il peut être hilare dans un moment pareil.

- Eh bien, j'ai donné à John hier soir des photos, et des preuves que l'on a rassemblées, je serais capable de l'identifier et...

Il s'esclaffe de plus belle, les rides aux coins de ses yeux s'accentuent.

- Tu devrais entrer à l'école de police si tu penses faire mon travail mieux que moi.

Pure HeartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant