Charlie
Présent
Papa... papa... je le secoue fort, très fort pour qu'il se réveille. Il change de visage... Damian... Darius... Lia... Lana... Silvio, son apparence change au même rythme effréné que celui des battements de mon cœur.
Arrêtez, pitié...
Je me réveille au contact de l'eau glacée, j'essuie mes yeux. Où suis-je ? Je suis frigorifiée. La pièce autour de moi ressemble à une cave, quatre murs et un matelas maintenant mouillé sur lequel je repose lourdement.
Les souvenirs me reviennent, lentement, et je sors de ma torpeur.
- Debout la dingo, tu me casses les couilles à couiner comme une souris.
Je lève les yeux vers celui qui me parle. Je reconnais instantanément Marlon, ses yeux bleus me transpercent, sa cicatrice à la bouche qui me hante. Il balance le sceau qu'il tenait dans les mains. Je me redresse sur les coudes pour mettre de l'espace entre le démon de mes nuits et moi.
- N'ai pas peur ma petite, je ne te ferai pas mal. Le patron me butterait. Ton petit cul va lui rapporter gros.
- Vous... je... vous êtes....
- Oui oui ça va, je sais.
Il parle avec une nonchalance déconcertante, pas la moindre once de regret ou de pitié dans la voix.
- VOUS AVEZ TUÉ MON PÈRE !
Je me lève et je me jette sur lui, stupidement, comme si j'étais de taille, comme si je pouvais faire quoi que ce soit face à lui, mais la rage qui m'anime n'a pas de limites. Il s'écarte légèrement et me rattrape par le cou, empêchant l'air de circuler dans mes poumons, j'essaie de me débattre, mais son sourire en coin me paralyse de peur faisant s'évanouir le peu de courage que j'ai eu.
- Arrête ton cirque, il te veut en vie mais je peux t'amocher.
Il resserre un peu plus sa prise, je vois des étoiles, je sens que je vais m'évanouir.
- Dans la vie, c'est toi ou les autres. Ce soir-là, c'était ton père ou moi. Et je n'ai pas l'humanité suffisante pour me sacrifier pour un parfait inconnu, surtout si c'est un flic trop curieux.
Il me lâche et je m'écroule, toussant si fort que j'en bave, puis il sort en verrouillant la porte et me laissant seule et trempée.
Ma seule source de lumière est une fenêtre bloquée par des barreaux, il n'y a rien dehors, je ne vois rien d'autre qu'une immense étendue de terre, le soleil brille fort. Je ne sais pas à quelle heure il est, ni depuis combien de temps je suis là.
Je tire comme une dingue sur les barreaux, évidemment ils ne bougent pas d'un poil. Je hurle du plus fort que je peux pour attirer quelqu'un. Je tambourine à la porte. Mais au fond de moi je sais très bien que personne ne viendra, personne ne sait où je suis. Je suis seule, et je vais connaître une fin funeste.
Je me blottis dans un coin de la pièce et laisse mes pensées me guider. Je vais crever ici. Il a dit que j'allais rapporter gros au patron... Je repense à la lettre de Lia... Réseau de prostitution...
La panique me ravage, je vais finir je ne sais où à assouvir les pulsions de gros porcs. Je préfère encore crever que de faire ça. Je m'ôterai la vie moi même s'il le faut. Je n'ai pas pu prévenir maman. Je ne reverrais plus jamais Damian et Silvio, je ne sais toujours pas où est Lia. L'enfer est finalement sur terre et le diable prend le visage familier de l'humain.
J'entends un bruit de clefs, je sursaute, je me jette au sol et feint de dormir face au mur.
- Charlie... réveille-toi, il faut te changer tu vas tomber malade.
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Pure Hearts
RomanceCharlie , le deuil et l'amnésie traumatique ont marqué son enfance. Après avoir passé toutes les étapes de ce deuil et accepté cette perte de mémoire, elle vivait une petite vie tranquille . Une famille et des amis aimants , un petit ami sympa, un...