Chapitre 13

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Charlie

Présent

La cuisine est baignée du soleil froid de l'automne, je suis assise à table et je regarde les garçons se chamailler. J'ai passé une nuit horrible, Silvio à dû rester près de moi pour calmer ma crise. Damian a encore semé le trouble en moi ce matin. Et j'aime ça, je pensais être une fille de plus pour lui, j'ai cru qu'il voulait simplement m'éloigner de Silvio en étant ambigu avec moi, mais je commence à douter. Il continue à me faire tourner la tête, à me faire perdre tous mes moyens. Il me regarde le sourire aux lèvres avant de déposer une assiette devant moi, ainsi que mes médicaments.

- Tiens, mange.

- Tu es obligé d'être si autoritaire ?

- J'ai tout un tas d'ordres à te donner, il se penche légèrement sur la table, vers moi, tu veux voir Bouclette ?

Je manque de m'étouffer avec mon jus d'orange ce qui provoque son hilarité, il me propose de me détendre et insiste pour que je mange. Mais je n'ai pas d'appétit monsieur Stake à confirmer notre rendez-vous de dix-sept heures, ma mère rentre de déplacement à vingt heures, ça me laissera le temps de faire l'aller-retour sans que personne ne remarque rien. Je vais prendre le bus, hors de question que je risque un accident sur mon scooter avec mes vertiges. J'espère que tout va bien se passer, j'espère que cet homme pourra m'aider dans ma quête de vérité.

Je suis de plus en plus nerveuse quand je comprends que les garçons n'ont pas l'air de vouloir partir malgré l'horloge qui tourne, il est maintenant bientôt midi et ils sont toujours affalés dans mon canapé à parler de moto, à regarder des vidéos. Comment est-ce que je vais me débarrasser d'eux ?

- Je pense que j'ai besoin de me reposer.

- Monte on ne fera pas de bruit, on reste près de toi, Silvio me coupe dans mon élan, je ne vais jamais réussir à les faire partir.

- Non vraiment allez-y ça va aller, je vais dormir en attendant ma mère.

Ils me dévisagent, avant de se regarder, puis de me regarder encore. Ils se lèvent comme un seul homme, avec une synchronisation qui m'aurait fait rire si je n'avais pas une énorme boule dans le ventre à cause de mon mensonge d'une part et d'inquiétude pour mon entrevue d'une autre. Silvio me prend dans ses bras, longuement et je me laisse apprécier le contact de mon ami. Damian me tend les bras à son tour, je m'y glisse. La sensation n'est pas la même, Silvio est réconfortant, Damian lui réveille des sensations que je n'ai jamais connues. Nous restons blottis l'un contre l'autre un moment, je grimpe sur la pointe de mes pieds et dépose un baiser sur sa joue, il soupire, un demi sourire sur le visage.

- À demain Charlie.

- Oui à demain.

Son air est charmeur, et j'aime cette facette de lui, j'étais habituée à autre chose, mais je pense que je peux très bien me prendre au jeu de ce nouveau Damian, j'aime l'évolution et le chemin que prend notre relation. J'ai besoin de m'amuser un peu, de vivre quelque chose de fun, qui donne des papillons dans le ventre, qui donne des frissons. Mais d'abord, priorité à mon père, quand cela sera résolu, je m'autoriserai à prendre du bon temps.

La journée passe avec une lenteur insupportable, je tourne en rond dans ma maison vide, je n'arrive ni à lire, ni à regarder la télé, à dormir, je ne tiens pas en place, et ma tête qui était moins douloureuse au réveil me fait maintenant souffrir. J'ai l'impression que les minutes sont des heures. Je regrette d'avoir mis mes amis dehors si tôt, l'attente serait sûrement moins longue avec eux.

– – –

N'en pouvant plus de trépigner, je pars avec un peu d'avance et arrive dix minutes avant l'heure au Seven. J'attends avec un cappuccino, le bus m'a fatiguée davantage, je pensais que je commençais à me remettre mais je suis obligée de constater que je suis encore faible. Je vois la porte s'ouvrir et un homme d'une cinquantaine d'années s'approche de moi. Il est élégant, grand, fin, ses cheveux sont poivre et sel, il affiche un air stoïque mais semble sympathique.

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