Je suis à la cafétéria du boulot avec Alice pour notre café du matin. Alice et moi, on est assistante sociale. C'est d'ailleurs au boulot qu'on s'est rencontrées. On a tout de suite compris qu'on allait bien s'entendre toutes les deux. Alice n'a pas eu une enfance facile non plus. Du coup, comme moi, elle a décidé d'aider les autres à s'en sortir.
Je lui ai bien évidemment parlé de Viktor dès que je suis arrivée. Elle a tout de suite voulu en savoir plus. Je commence par lui montrer sa photo de profil.
— Ouah, canon ! commente t-elle.
Je confirme avec un grand sourire. Puis je continue en lui montrant quelques uns de nos messages.
— Il est sûr de lui, dis donc ! dit-elle en faisant défiler les messages. Et il fait de la moto. Classe.
Alice a sensiblement les mêmes goûts que les miens en matière de mec. Elle arrive aux échanges où Viktor annonce qu'il va m'appeler "chaton".
— Chaton ? me demande-t-elle en levant les sourcils.
— Oui, bon. C'est un surnom comme un autre, dis-je en reprenant le téléphone.
— Et il fait quoi dans la vie ton biker sexy ?
— Je ne sais pas. On en a pas parlé.
— Ouh, c'est mauvais signe.
— Tu sais, il y a pas que le boulot dans la vie.
— Mais ça en dit long sur une personne. Surtout si celle-ci est sans emploi et s'attend à ce que tu paies pour tout, sous prétexte que toi, tu as un job. Pour moi c'est rédhibitoire.
Je la pousse légèrement en souriant. Elle allait boire une gorgée de son café et à faillit en renverser.
— Et quand est-ce que vous vous voyiez ? me demande-t-elle.
— Ben justement, il m'a pas invité à sortir.
— Pardon ?
— Non, il m'a expliqué qu'il était très occupé.
Alice me jette un regard qui en dit long.
— Quoi ? dis-je un peu exaspérée.
— Il joue avec toi.
— Et alors ? Moi aussi, je joue.
— Tu vas te faire bouffer, chérie. Vous jouez pas dans la même catégorie.
— N'importe quoi.
— Et ton plan de chercher quelqu'un qui te comprenne, te respecte, à la même vision de la vie que toi et tout le tralala ?
— C'est pas aussi facile que ça. Cette personne, je la trouve pas. Autant m'amuser un peu en attendant.
— T'as pas tort, me lance t-elle avec un grand sourire avant de continuer. En tout cas, t'as intérêt à tout me raconter. Ça fait trop longtemps que j'ai pas reçu des messages comme ça.
— Et ton gars du festival de l'autre fois ?
— On se voit de temps en temps mais il y a pas la "flamme", tu vois ?
— Oui, je vois.
— En parlant de manque de flamme, devines quel avocat ils ont mis sur ton dossier "Sevier" ?
— Oh non !
— Si. Stéphane.
Quelle poisse.
Stéphane Briard. Dès notre première rencontre, Stéphane m'a clairement fait comprendre qu'il était intéressé. Mais ce n'était pas mon cas.
Sauf qu'à force de travailler ensemble, j'ai fini un jour par accepter d'aller boire un verre. Les choses se sont un peu emballées et on a couché ensemble. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça. En plus le préservatif a craqué et j'ai du acheter en urgence la pilule du lendemain. Quelle catastrophe !
Depuis il pense qu'il y a toujours moyen qu'on remette ça mais c'est hors de question. Je ne commets jamais deux fois la même erreur.
En retournant à mon poste, je vois que Stéphane m'a calé un point à 18h ! Il le fait exprès. Il espère toujours qu'en finissant la journée ensemble, on ira boire un verre après. Ce dossier est vraiment urgent, je n'ai pas d'autres choix que d'accepter.
La journée passe rapidement, trop rapidement. Je n'ai pas le temps de finir le dossier de Madame Sevier. Cette femme est une mère célibataire de deux jeunes enfants. Elle a reçu une demande d'expulsion alors qu'elle commençait à peine à s'en sortir. Il faut absolument qu'on repère les failles dans son dossier.
Malheureusement mes connaissances juridiques sont limitées. J'ai du mal à l'admettre mais je vais avoir besoin de Stéphane. Bien qu'il soit lourd et mégalomane, il fait du bon travail.
Quelques minutes après 18h, Stéphane arrive à mon bureau.
— Salut, beauté. Désolé de te caler un point aussi tard mais c'est vraiment la course en ce moment.
— Salut, je réponds en grinçant des dents. Allons-y, tu veux bien ?
On s'installe dans une salle et on commence à travailler. Il me parle de quelques pistes qu'on pourrait approfondir. L'expulsion a lieu dans un mois. Il n'y a pas de temps à perdre. Au bout d'un moment, Stéphane me demande :
— Tu attends un message important ?
— Quoi ?
— Ton téléphone, tu arrêtes pas de le regarder.
Et merde, grillée.
C'est vrai que j'ai peut-être un peu trop regardé mon téléphone aujourd'hui. Dans l'espoir d'y voir un message de Viktor. Mais ce salaud ne m'a rien envoyé de la journée. Il avait pourtant dit qu'on se reparlerait.
— Non, c'est rien, répondis-je en poussant mon téléphone un peu trop violemment sur la table.
J'ai hâte que cette journée se termine...
À 19h, on décide enfin de s'arrêter. On a bien avancé. Et bien sûr, vient la question que je redoutais.
— On va boire un verre pour décompresser un peu ?
— Non merci, Stéphane. Je vais rentrer directement chez moi.
— On peut aussi décompresser chez toi si tu préfères, me lance t-il avec un regard lourd de sous-entendus.
— Je ne crois pas. Je préfère regarder une bonne série et me coucher.
Puis je pars sans l'attendre. Mais pourquoi j'ai couché avec lui ? Ça aurait été tellement plus simple si on avait jamais eu à se revoir ou alors si c'était un gros con pervers. J'aurais pu lui crier toutes les vacheries de la terre et aller voir les RH pour demander à ne plus travailler avec lui. Mais non. Stéphane n'a rien de méchant dans le fond. En plus je crois que les gens l'aiment bien. Il est juste trop orgueilleux pour comprendre que notre nuit ensemble n'avait rien d'extraordinaire.
Je rentre chez moi fatiguée. Je regarde une nouvelle fois mon téléphone. J'ai bien un message mais pas de la personne que j'attendais. C'est un message de Stéphane.
"En tout cas, merci d'avoir
égayé ma fin de journée.
Quand je suis avec toi, je
n'ai pas l'impression
de travailler."Je réponds pas. Je veux pas l'encourager.
Et Viktor, alors ? Qu'est-ce qu'il fout ?
Hors de question que je sois la première à envoyer un message. Il serait trop content.
Sauf que si on est deux à jouer à ce petit jeu, ça peu durer longtemps. Je prends donc mon téléphone et commence à écrire un message.
"Alors ? On m'a oublié ?". Non, ça prouverait que je l'ai esperé toute la journée.
"Salut, qu'est-ce que tu fais ?". Mais non, trop banal.
Oh, et puis je vais pas me prendre la tête pour un mec que je connais depuis hier ! Je balance mon téléphone sur le canapé.
Il veut qu'on se reparle ? Bien. Il a qu'à m'envoyer un message.
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Un Biker Libre
RomanceRoxanne est une jeune fille de 24 ans qui est indépendante depuis plusieurs années. Elle cherche une personne qui puisse partager sa vie tout en lui laissant sa liberté. Après plusieurs échecs, elle pense chercher l'impossible. Jusqu'au jour où elle...