Je sens une présence dans mon dos. Un type se rapproche. Il glisse une main sur mon ventre. Je tourne légèrement la tête.
Viktor !
Il est venu. Il est là. Mon coeur explose de joie. Je lui souris mais ne parle pas. Je mets ma main sur la sienne pour qu'il me serre encore plus fort. J'ondule contre lui sur le rythme de la musique, la tête sur le côté pour pouvoir le voir. Ses yeux sont sombres et il me fixe intensément. Son sexe le trahit. Je le sens durcir contre ma fesse. Il me caresse le cou puis me fait pencher la tête en arrière en me tirant légèrement les cheveux. Je ne tiens plus. Je me retourne et l'embrasse avec fougue.
Je colle chaque centimètre de mon corps contre le sien, tirant sur son cou pour approfondir le baiser. Il glisse sa langue entre mes lèvres. J'ai la sensation de perdre pieds. Un gémissement s'échappe de ma bouche. Il finit par rompre le baiser. Je plonge dans son regard. Il me sourit, fier de son effet. Ses lèvres sont vraiment magnifiques.
Je lui prends la main et l'attire loin de la musique qui nous obligerait à crier pour se parler.
— Tu te glisses souvent dans le dos des filles comme ça ? je lui demande le sourire aux lèvres.
— Uniquement lorsqu'elle baisse leur garde.
Je baisse les yeux vers son entrejambe.
— Je crois qu'on va attendre un peu avant d'aller voir les autres, dis-je en rigolant.
— Ou alors on peut se trouver un coin tranquille pour s'occuper de ça, me susurre-t-il à l'oreille.
Sa voix est rauque, chaude, caressante... mais j'arrive à me ressaisir.
On reste un peu tous les deux. Viktor me pose des questions sur mon travail et les gens qu'il risque de rencontrer. Une fois la pression dans son pantalon redescendue, on retrouve Alice. Elle est assise avec quelques personnes en train de boire des verres.
La soirée se passe vraiment bien. Je suis impressionnée de voir à quel point Viktor est à l'aise, plein d'assurance. Il a réussi à mettre tout le monde sous son charme, même Alice qui avait encore des doutes au début. Viktor a même accepté de danser avec moi. Ses mains chaudes et puissantes parcourant mon corps sur la piste, nos corps ondulant langoureusement l'un contre l'autre... cette soirée est parfaite.
Après une bonne heure, Alice a une envie pressante et je sens qu'elle souhaite vivement que je l'accompagne. Elle veut me parler de Viktor, je le vois bien. Je l'accompagne donc aux toilettes et laisse Viktor seul qui va en profiter pour se reprendre un verre au bar.
VIKTOR
Je m'accoude sur le comptoir et essaie désespérément de capter l'attention du barmaid. Ici, si t'as pas un décollé profond, tu peux crever pour qu'on te serve un verre. Un verre dégueulasse en plus. Ils prennent de la binouze premier prix qu'ils revendent trois fois plus chers. Cette soirée me coûte un bras. Ça fait longtemps que j'ai pas autant dépensé, ayant plus l'habitude de voler ou de faire une négociation musclée. Après c'est vrai que danser avec mon chaton... ça en valait le prix. Je pense déjà à tout ce que je vais lui faire ce soir...
Le type assis près de moi lève la tête de son verre et me fait un signe de tête pour me saluer. Vu son air, il est déjà bien bourré. D'expérience, je dirais qu'il en ait à son 5ième verre.
— Heeey... toi, me dit-il.
Je préfère l'ignorer. J'ai l'habitude, mieux vaut le laisser cuver.
— Le nouveau de Roxanne, continue-t-il.
Hein ?
En entendant le nom de Roxanne, je me retourne vers lui. Il me tend une main et se présente.
— Stéphane, je bosse avec Roxanne. Je suis avocat.
La manière dont il me dit cette dernière phrase ressemble plus à un "Je suis meilleure que toi".
— Viktor, lui dis-je en serrant sa main.
— Viktor...
Il sourit. J'aime pas la manière dont il prononce mon nom. D'ailleurs, je l'aime pas tout court.
— C'est quelque chose cette fille, hein ? me dit-il. Le genre à s'incruster dans chaque centimètre carré de ta peau.
OK, c'est qui ce type ?!
Je le laisse continuer.
— Mais tu dois le savoir, non ? Vu que toi aussi tu t'es fait avoir.
Qu'est-ce qu'il raconte ?
Il doit voir que je commence à ne pas apprécier cette conversation car il s'empresse de rajouter.
— Ah t'inquiète, ça va, c'est cool, hein ! J'ai rien contre tout ça moi. Bon... C'est vrai que j'étais pas trop pour au début, mais j'y ai bien réfléchi et... pourquoi pas...? OK, c'est pas l'idéal mais il y a des compromis dans toutes les relations, n'est-ce pas ? C'est... moderne.
De quoi il parle ce con ?
Il se retourne d'un coup vers moi et m'agrippe le bras.
— Par contre, fais gaffe le nouveau ! Fais pas la même connerie que moi. Prends des capotes de marque ! Cette fille, c'est une sauvage. Encore un peu, elle et moi on finissait avec un gosse sur les bras.
Une pierre d'au moins dix tonnes vient de me tomber dans le bide. J'ai la bouche sèche.
Il couche avec elle ?!
— Puis c'est quoi ces meufs maintenant qui prennent plus la pilule, tu veux bien me le dire ?! râle-t-il au-dessus de son verre. Elles veulent être libres de coucher avec tout le monde mais quand il y a un souci, c'est encore à nous de raquer pour qu'elles aillent à la pharmacie le lendemain ! Sinon on est pas des "gentlemen".
J'ai envie de lui fracasser la gueule contre le comptoir, de lui éclater toutes ses dents, de lui donner un bon coup dans le bide pour qu'il vomisse ses tripes. Je dois me ressaisir. Je dois surtout partir d'ici avant de faire une connerie.
ROXANNE
Je sors des toilettes ravie. Alice trouve Viktor fantastique et comprend mieux pourquoi je suis accro.
Je cherche Viktor dans la salle. Je le vois près du bar, nos regards se croisent.
J'aime pas la façon dont il me regarde. Je n'aurais d'ailleurs jamais cru voir ce regard. Il me transperce le cœur telle une lame chauffée à blanc. Il est en colère. Il se retourne et se dirige vers la sortie.
Qu'est-ce qui lui prend ?
Puis je vois la personne assise au bar. Stéphane !
Merde ! Qu'est-ce qu'il fait là ce con ?
Mon corps se met en mode panique. Il faut que je rattrape Viktor. Je me dirige vers la sortie mais il y a bien trop de monde.
— Pardon. Excusez-moi. Pardon ! Mais bougez-vous, putain !
J'arrive enfin dehors après avoir bousculé une bonne partie des gens sur mon chemin. Je tourne la tête à gauche et à droite. Viktor est au bout de la rue. Sa moto est en train de chauffer, il s'apprête à mettre son casque.
— Viktor ! Je cours vers lui. Qu'est-ce que tu fais ?
— Je me tire.
— Quoi ? Pourquoi ?
— J'aime pas qu'on se foute de ma gueule.
— De quoi tu parles, putain ?!
Il monte sur sa moto.
— Je ne fais pas dans la "relation libre". On va arrêter là. C'est mieux comme ça.
Il met son casque et s'en va.
Une boule s'installe dans mon estomac. J'ai envie de lui crier de revenir mais ça serait tellement pathétique. Je ne comprends pas ce qu'il se passe.
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Un Biker Libre
Roman d'amourRoxanne est une jeune fille de 24 ans qui est indépendante depuis plusieurs années. Elle cherche une personne qui puisse partager sa vie tout en lui laissant sa liberté. Après plusieurs échecs, elle pense chercher l'impossible. Jusqu'au jour où elle...