Chapitre 33

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Le lendemain Connor vient me chercher à mon appartement pour m'emmener à la prison de Beaumont afin que je puisse voir Viktor. La veille, il a fini par me ramener en moto après sa déclaration. Nous en n'avons pas reparlé mais l'ambiance est devenue un peu tendue entre nous. Ce matin, j'ai l'impression qu'il fait comme si rien ne s'était passé et j'avoue que ça m'arrange. Il m'accueille en bas de mon immeuble avec son plus beau sourire. Je décide donc de faire comme si de rien n'était moi aussi. Je suis une spécialiste à ce jeu là. Et puis de toute façon, pour la première fois depuis des semaines je vais enfin retrouver Viktor ! Je ne veux penser à rien d'autre qu'à ça.

Le trajet en moto était vraiment agréable. La prison est isolée dans la campagne. On a donc traversé des paysages magnifiques. Je me vois déjà faire des virées le week-end avec Viktor sur sa moto.

Quand est-ce qu'on pourra faire ça ?

Une fois arrivé, Connor décide de m'attendre dehors. Je me dirige donc seule à l'intérieur.

Dans le cadre de mon travail, il m'est déjà arrivé de venir dans ce genre d'endroit. Je ne suis donc pas très impressionnée. J'attends mon tour parmis d'autres personnes en visite elles aussi. Je déclare mon identité. Un gardien vérifie mon nom dans ses papiers. Je passe au détecteur de métaux. J'ai aussi droit à une fouille rapide. Pendant qu'on me dirige vers la salle des visites, j'ai droit au monologue avec toutes les règles et procédures à respecter. On m'installe ensuite à une table et on me précise que, comme je ne suis ni de la famille ni mariée avec Viktor, j'ai droit à seulement à 15 minutes.

Autour de moi certaines tables sont déjà occupées par des familles, amis ou autres, en discussion avec des détenus. C'est vraiment un autre monde... Puis la porte du fond s'ouvre et je vois arriver Viktor !

Il est dans une combinaison orange, les mains menottées devant lui. Son sourire s'élargit dès qu'il me voit et je ne peux m'empêcher de faire de même. Un gardien le tient par le bras et l'emmène jusqu'à moi. J'en profite pour le détailler. Je me surprends moi-même à le trouver super sexy dans cette tenue. Son col est légèrement ouvert, il a aussi remonté ses manches sur ses avant-bras. Le tout laisse entrapercevoir ses tatouages. Ses cheveux, qui ont bien poussé depuis notre rencontre, tombent un peu sur ses yeux.

Par chance le gardien lui enlève les menottes et j'ai le droit de le prendre dans mes bras. Sa chaleur m'a tellement manquée. Son corps si trappu est un réconfort, j'ai envie de m'y blottir pendant des heures mais je sais qu'il vaut mieux éviter les contacts trop longs dans ce genre d'endroit. Je m'écarte donc et on s'installe l'un en face de l'autre.

— Comment tu vas, chaton ?

— Moi ? C'est plutôt à toi qu'il faut demander. Est-ce que tu vas bien ?

— Oui, me répond-t-il tout sourire. J'ai connu pire, ne t'en fait pas.

— Viktor... tout est allé si vite. Qu'est-ce qu'il s'est passé ce soir là ?

— Il semblerait que l'autre gang soit plus en lien avec la police que je ne le croyais. J'ai fait une erreur. Ils sont venus me chercher pour me renvoyer en prison. Il n'y a rien de plus à dire.

— Mais...

— Tout va bien se passer.

— Ah ouais !? Alors là, je veux bien que tu m'expliques car on ne dirait pas du tout !

Franchement sa désinvolture commence à m'énerver. Il est en prison et on dirait qu'il s'en fout !

— Je suis comme un poisson dans l'eau ici, ne t'en fait pas.

— Oh non...

Je me prends la tête dans les mains. Tout cela me semble un peu trop réaliste tout d'un coup.

— Hey, tout va bien. J'ai fait des choix et je les assume. Pour être honnête, je suis même surpris qu'ils ne m'aient pas arrêté plus tôt... Peut-être que c'était le destin ? Pour que j'ai le temps de te rencontrer, de tomber amoureux...

Je commence à verser quelques larmes.

— Ne pleure pas chaton. La bonne nouvelle c'est que j'ai plein de magnifiques souvenirs de toi, assez pour me tenir compagnie pendant un moment cette fois.

Mon cerveau arrête de se lamenter quelques secondes.

— Attend, stop. Quand tu dis "un moment", ça veut dire quoi ?

— Je dirais au moins deux ans.

— Deux ans ! m'exclamé-je en me levant presque de ma chaise.

— Peut-être plus. Ça dépend de ce qu'ils savent sur moi.

— Bon ok, d'accord, commencé-je à paniquer. On va trouver une solution. Je... je vais appeler Stéphane. C'est un con mais un bon avocat. Il pourra nous aider.

Viktor se met à rigoler.

— Ce connard prétentieux ? J'ose même pas imaginer ce qu'il te demandera en échange. Non, chaton, pas besoin d'en arriver là. Crois-moi. Le gang a déjà les meilleurs avocats. Des gars qui nous suivent depuis des années. Ils sont grassement payés. Ils vont faire leur job.

— Mais... tu es sûr ?

Un policier se rapproche de quelques pas.

— Encore 5 minutes.

Putain ! Déjà !

— Roxanne, écoute moi. Je ne peux pas te demander de m'attendre. Mais je veux que tu saches. Ce que je t'ai dit ce soir là, je le pense vraiment. Ça fait un moment d'ailleurs que je le pense. Je t'aime Roxanne.

— Je t'aime aussi Viktor.

Viktor recule sur le dossier de sa chaise.

— Bordel.

— Euh... c'est pas vraiment la réaction à laquelle je m'attendais, dis-je un peu vexée.

— Je t'avoue que j'espérais presque que ce ne soit pas le cas, m'annonce-t-il.

— Pardon ?

— Je pense que... ça aurait été beaucoup plus facile de rester enfermé sachant que je ne suis pas en train de pourrir la vie de quelqu'un qui m'attend dehors. Personne à qui manquer, tu vois ?

— Je crois, oui...

Un gardien arrive derrière Viktor et commence à le lever de sa chaise.

— C'est bon, c'est terminé.

— Attendez, attendez ! s'exclame Viktor. Roxanne, je sais que c'est beaucoup te demander mais...

— Mais quoi ?! m'exclamé-je en me levant moi aussi.

— Est-ce que tu m'attendras ?

— Bien sûr ! Viktor, oui, je t'attendrai.

Viktor explose de joie en se faisant tirer vers la porte.

— Tu ne le regretteras pas chaton ! Dès que je sors d'ici, je te traiterais comme une Reine ! Comme tu le mérites ! Comme...

La porte se referme sur Viktor. Je n'entends pas la suite. Je n'en ai pas besoin. Je suis rassurée. Viktor m'aime. Je l'aime. Un sourire s'affiche sur mon visage au milieu des larmes. Je réalise d'un coup que tout le monde me regarde. Je m'en fiche. J'essuie mes larmes et quitte la salle la tête haute.

Un Biker LibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant