Nos destins liés

II - Noa

Dans la meute voisine et ennemie.

Nous sommes à la fin du mois d'aout et je suis dans le cabanon qui nous sert de chambre avec mon frère.

- Tu sais frangine, je ne les laisserai pas te faire de mal. Tu as le droit d'avoir le choix entre accepter d'être louve ou refuser. Moi, je n'ai pas eu le choix mais toi tu mérites de l'avoir. Dit Luca.

Je pose ma tête contre son torse et le serre contre moi.

- Je suis déjà fille aux loups. Pourquoi harceler pour que je devienne louve ?

- Tu appartiendrais à l'Alpha. Là est la différence entre fille aux loups et mordue.

- Hors de question.

Mon frère me serre davantage contre lui. Je peux ressentir son inquiétude. Cette nuit, il s'est battu avec un frère de meute qui était venu pour me mordre afin que je devienne l'une des leurs. Il prend des risques qu'il ne devrait pas prendre et tout ceci commence à me faire vraiment peur.

La meute est censée être une famille, dans laquelle nous nous sentons en sécurité et libre. Ici, je suffoque et j'ai peur au moindre bruit. Je me fais discrète et ne cesse d'être constamment sur le qui-vive, parce que je ne veux en aucun cas être surprise.

Je ne me sens bien seulement lorsque je suis avec mon frère ou avec les louves de la meute ennemie. C'est dire ma dévotion pour ma soi-disant famille.

Ce cauchemar et cette oppression sont d'autant plus présents depuis quelques mois. L'Alpha veut s'agrandir et quoi de mieux que de recruter des membres ou engrosser des femelles. Il serait prêt à tout pour montrer aux meutes voisines, à quel point il est puissant. Tant est qu'il l'est réellement.

Je me réveille dans les bras de mon frère. Je sors du lit en faisant attention de ne pas le réveiller et enfile un jean et un pull. Quelqu'un frappe à la porte. Je me raidis. Je regarde cette dernière sans bouger.

- Les jumeaux, vous vous remuez, c'est l'heure du petit dej ! Cri Sam derrière la porte.

Je souffle rassurée.

- On arrive. Grogne Luca qui vient de se réveiller.

Sam donne un dernier coup dans la porte. Je rigole à la mine de mon frère. Il me tire la langue et nous sortons rejoindre Sam.

À table, Luca raconte l'histoire de la veille, Sam est choqué. Je reste muette. Les garçons continuent de discuter de leur mécontentement sur la situation, sans s'apercevoir que tous les autres nous fusillent du regard lorsqu'ils nous croisent. Je baisse le regard et finis par fixer mon assiette, de peur d'énerver l'un d'eux et que tout parte en vrille, une fois de plus.

Je ne comprends pas comment une meute aussi réputée dans le temps a pu partir en vrille à ce point. Des dires de mon grand-père, loups, mordues et femmes aux loups vivaient en parfaite harmonie. Tout le monde avait sa place et tout le monde acceptait tout le monde.

Mais depuis une dizaine d'années maintenant et depuis le changement d'Alpha, tout n'est que chaos. Pour le coup, je suis en accord avec rien de ce que l'Alpha fait. Nous sommes désormais la meute à abattre, celle qui est crainte de toutes celles qui nous entourent et celle qui possède de la mauvaise graine dans ses rangs.