23h24. Toutes les personnes à l'isolement sont sorties et rentrent chez elles. Je sors en compagnie de Lary et Rony afin de rentrer à la maison. Je me dirige vers la moto et m'équipe. Je regarde mon portable et répond aux messages. L'orage gronde fortement au dessus de ma tête.
- Ah non hein. Je râle. Tu attends que je sois rentrée.
L'orage gronde une nouvelle fois. Provocation. Un vent glacé puis quelques gouttes. Non mais c'est une blague j'espère. J'allume la bécane et démarre en trombe. La pluie se met à frapper mon casque violemment. Ma visibilité se réduit et je suis contrainte de ralentir un peu si je veux rester sur la route. Je suis trempée et la pluie pèse lourd sur mes habits. Le vent mélangé aux gouttes frappent mon buste et ma visière. Je ralentis sur l'un des virages assez harde que je connais.
Soudain surgit deux phares face à moi, qui dérivent sur mon couloir. Je freine et tourne le guidon pour éviter le véhicule qui allait me rentrer dedans. Ma moto dérape et je glisse avec, couchées sur le côté, pendant une bonne dizaine de mètres. Mon casque cogne plusieurs fois le sol, mon jean ainsi que ma peau sont rongés par le frottement du bitume. Je me sens emporter lorsque ma moto heurte violemment la rampe de sécurité. Je glisse par la suite, plus loin, jusqu'à heurter à mon tour la rampe. Ma jambe, jusque là intacts, se fait traversée par un morceau de métal fraîchement arrachée. La pluie continue de frapper mon corps. Je ne sens plus mes membres. J'ai froid.
Je prends plusieurs longues minutes avant de prendre conscience que je suis toujours couchée au sol, arrachée sur tout les côtés et qu'aucun signe de guérison ne s'est manifesté. Après plusieurs tentatives, j'arrive avec peine à enlever mon casque, et constate que je suis entièrement seule. La solidarité des gens de notre époque, je vous jure. Putain de vie de merde.
J'essaie de me relever mais mon épaule me fait crier de douleur. J'ai l'impression d'être une vulgaire feuille qui vient de heurter la route par mégarde et qui est impuissante face à son sort. Je repose ma tête sur le sol. La pluie continue de marteler mon visage, mon corps et le bitume. Douce mélodie, je ferme les yeux, je finirais bien par guérir. J'ai froid.
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Une vibration dans la poche intérieur de ma veste me ramène à moi. Allongée sur le ventre, sur le bas côté à quelques mètres de mon véhicule, je tremble de froid. Je bouge mon bras valide et essaie d'atteindre mon téléphone. Lorsque je parviens à le sortir, j'essaie de faire glisser l'appel sans savoir qui c'est, mais le tactile avec les gants et la pluie ne fonctionne pas. Je grogne de rage et de colère. Quand la vie a décidée de te baiser ce n'est pas à moitié.
Je prends appuie sur mon épaule valide et essaie de me tourner pour être sur le dos. Impossible. Ma jambe transplantée par la ferraille m'empêche de manœuvrer. Je frappe le sol avec mon poing.
J'attrape mon téléphone. Je me met en appuie sur mes deux bras. Mon épaule gauche m'arrache un crie. Cette douleur vive me parcourt le dos. Je force quand même dessus en parlant à moi même.
- Aller Zoé ce n'est que pour un putain.... AH!!!
Je parviens avec les dents à retirer mon gant, je place mon portable sous mon buste relevé. La douleur s'intensifie.
- Aller espèce de bourde.
J'essaie de glisser le tactile, ma main tremble, j'ai froid et la douleur me fait tourner de l'œil. Je vais dans les raccourcis et appelle le derniers numéro reçu. Je parviens tant bien que mal à mettre le haut parleur. Puis dans un ultime effort je m'écrase au sol, sous le craquement de mon épaule, ma joue heurte le bitume. Je crie de douleur. S'il ne pleuvait pas je pourrais a moi seule remplacée celle-ci.
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Loup-garouDes lycéens vont vivre un ultime changement dans leur vie. Cet élément va apporter confusion, questionnement et dilemme. Entre secrets de famille, nouvelle adaptation et danger, comment évoluer dans ce monde si particulier ? Comment se faire une pl...