XLVIII - Zoé

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Je ne compte plus le nombres de journées qui se sont écoulées depuis le drame. Je ne compte plus les journées passées dans cette forêt sous cette forme. Je ne compte plus le nombre d'heures passées à observer au loin la femme que j'ai blessée. Bien que mon corps entier aimerait crier que je suis là et que je l'aime.

Je reste là, en boule, à l'observer. Parfois ses amies réussissent à la faire rire. Mon cœur s'allège mais la seconde d'après lorsqu'elles tournent le regard, son visage s'assombrit. Mon cœur devient plus lourd encore. 

Je fais demi-tour et plonge dans la forêt dense. Laissant derrière moi, l'observation de Noa, qui est assise à sa fenêtre. Je me suis trouvée une planque dans la falaise. Une sorte de grotte qui fait office de tanière. Plusieurs fois, j'ai entendu la voix de Lary et Rony, m'appelant de vive voix ou par télépathie. Mon père est venu une fois aussi. Cela fait je ne sais plus combien de jour que je suis ici mais les animaux se font rares. Mes repas, avec eux, aussi. Mon ventre gargouille pour la énième fois de la journée. Je me couche, oubliant ma faim et oubliant l'être que je suis. Oubliant le mal causé.


Deux semaines plus tard.

Je ne sais quel jour on est mais je me lève une nouvelle fois, affamée et terriblement faible. Je n'ai pas mangé depuis des jours et la magie se dissipe petit à petit de mon corps. Je suis faible et mon corps me fait comprendre que la seule solution à ma survit est de devenir humaine. Mais un retour dans ce corps est une acceptation de mes erreurs. Et je ne peux me résoudre à ressentir cette douleur.

L'avantage lorsque tu es en loup. C'est que les états d'âme humain se taisent. Et ainsi choisir si tu veux les ressentir ou non. J'ai choisi la facilité en me transformant.

Je prends la peine d'essayer de me lever. C'est avec mal que je parviens à me hisser sur mes quatre pattes. J'avance faible dans la forêt. La neige a recouvert les pleines et ne me facilite pas mon avancer. Je retourne à l'endroit de ma transformation.

Je gratte la neige vers le tronc d'arbre et retrouve mes habits. Ces derniers sont sales, souillés par la pluie, la boue et le mauvais temps de ces derniers jours. Je souffle en fermant les yeux.

Il a fallu quelques secondes avant que mon corps change. Je relève la tête, faible avec une larme roulant sur ma joue. En une fraction de seconde, ma douleur et mon sentiment de brisure reviennent me frapper le corps. Amenant avec eux, la fragilité d'être humain. La température heurte ma peau dans une violence douce. Je tremble et parviens à bouger pour m'habiller.

C'est dépourvu de force et pieds nus que j'avance dans la forêt. Telle une âme en peine, un fantôme errant ou même un zombi sans but, j'avance à travers les arbres. J'arrive près de la route principale. Des voitures passent, me faisant sursauter à leur passage. Je repends mon souffle après un moment. Pauvre chiot apeuré.

Un éclat se fait voir à quelques mètres de moi. Je m'avance et m'arrête au-dessus de ce dernier. Mes yeux tombent sur un bracelet, qui reflète la lumière de la lune. Je m'accroupis doucement et prends le médaillon. Ce bracelet je le connais.

Je déglutine sans vouloir me rappeler de plus. Je me relève et continue mon périple au bord de la route. J'entre dans la ville. Je marche, sans contrôler mon corps jusqu'à ce qui semble être des immeubles. Je ne reconnais rien. Du moins, je ne veux rien reconnaitre.

J'entre et grimpe jusqu'au deuxième, puis frappe à la porte. La tête basse, la porte s'ouvre.


- Zoé ?


Je lève mon regard vide vers mon amie. La brune me regarde de la tête aux pieds. Je suis pleine de boue, sale et j'ai une mine affreuse. Jade se décale et m'invite à entrer. Je ne sais pas qu'elle heure il est, mais elle est debout et il ne fait pas totalement jour.

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