LVIII - Noa

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Me voilà une fois encore dans la forêt à chasser afin d'éviter de faire un carnage. Je m'en veux d'avoir une fois encore fait du mal à Zoé. L'état d'Adam me mine tout autant. Tout ceci pour unique cause, ma venue.

Pourquoi je suis venue ? à part semer le trouble et faire de la merde. Je ne sers pas à grand-chose. Ils ont tous refait leur vie et se sont tous reconstruit. Et moi, je débarque de nulle part, je chamboule tout le monde y compris l'équilibre de Zoé.


Je me fige et regarde la biche qui me fait face. Mes canines sont descendues d'un seul coup. Je meurs de faim, il n'y a même plus la place pour une réflexion. Ni une ni deux, je me jette sur l'animal et plante mes crocs.

Rebus, je lâche la biche. Cette dernière titube, se casse la tronche et finit par détaler. Je suis assise par terre, la tête dans les mains. Je sens mon corps pomper le sang que je viens d'avaler. J'ai failli la tuer. J'ai failli enfreindre mes propres règles. Je me le suis promis à moi-même. Jamais je ne tuerais pour me nourrir.

Lorsqu'on se nourrit, notre victime ne s'en aperçoit pas. Elle se sent seulement toute drôle et fatiguée après le pompage. Généralement il leur suffit de dormir et de manger un peu pour aller mieux. Animaux, ou même humains, personne ne se souvient de rien. Là, j'ai presque failli à mes propres limites. 


Je soupire et calle l'arrière de mon crâne contre le tronc. Ce soir, pratiquement tué une pauvre biche. Ce soir, j'ai hésité à gouter Zoé. Ce soir, j'étais à deux doigts de tout capoter.

Depuis que je suis revenue, j'ai un ressentis très étrange dans l'arrière de la nuque. Chez Jules, tout allait bien. Aucune gêne, aucune faim et aucun problème. Depuis qu'on s'est rapproché de la réserve, c'est comme si le vampire en moi prenait le dessus et devenait mon premier instinct.

Durant toute la journée, j'ai plusieurs fois dû ranger mes canines parce que la transpiration d'un tel ou seulement son odeur au vent, m'a fait sensation. Sur ces terres je suis en continuelle lutte contre moi-même et ça m'épuise. J'use dans mes propres réserves et cela amènes des incidents, comme celui avec Zoé. 

C'est peut-être pour ça qu'il n'y a plus de vampire ici. Il y a en ces lieux une force qui fait ressurgir le monstre en nous. Il y a dans ces terres une attraction qui me fait du mal.


Je soupire et me relève. Je prends la direction de la maison et entre par là où je suis sortie. Je sors par devant et rejoins le groupe qui est dehors. Zoé me jette un coup d'œil et me souris. Comment une fille comme elle peut être à ce point bienveillante avec un être comme moi ? Sérieusement, il lui faut quoi de plus pour me détester ?


- Noa !


Je me retourne et regarde Rony sur le perron.


- Adam ! Il...


Sans attendre, j'ai couru jusqu'à la cave. Je suis arrivée vers la cellule. Adam est au sol et convulse.


- Fais chier. Je jure.


J'ouvre la cellule, entre et la referme derrière moi. J'attrape le corps d'Adam et essaye tant bien que mal de le calmer. Rony arrive à ce moment-là. Je regarde le brun et analyse la pièce.


- Trouve moi de quoi faire un garrot, deux seringues et une perfusion. Ai-je dit.


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