Il me faut être franche. Tout au fond de moi se cache un rêve où personne n'a accès. Il est protégé, barricadé, afin de ne pas être pollué, au point où moi-même me refuse à y jeter un coup d'oeil par peur de laisser une brèche à ma sécurité. Mais je sais que cela sommeille au fond de moi, au plus profond de mon être, et je le sais car c'est ce qui m'anime, et me fait continuer à avancer même lorsque j'ai juste envie de baisser les bras et tout abandonner. Cette force mystérieuse qui m'empêche d'abandonner brûle au fond de mes tripes. Et ce choix, je l'ai fait dans ma plus tendre et jeune enfance, comme un enfant qui cacherait une peluche au coeur d'un arbre, faisant le souhait qu'il ai tout le bonheur du monde même si pour cela il se doit d'être loin de lui. Je n'avais pas peur de moi-même, seulement de mon impuissance.
Impuissance.
Ce mot est gravé au fer rouge dans ma chair, c'est avec lui que j'ai grandi. J'ai été l'enfant prodige qui pouvait tout réussir dans sa vie s'il s'en donnait les moyens. C'est ce qu'on m'a répété à maintes reprises. Si j'échouais, c'est que je n'avais pas fait l'effort, pas fait assez. Alors j'ai tout donné, pour être toujours plus, afin d'être ce que je peux être, ce que je dois être.
Toujours meilleure.
Des fois, cette peluche cachée au creux de l'arbre sacré m'appelait, des fois elle me manquait. Mais je ne devais pas faillir, ne pas flancher, pour elle, pour moi.
Alors elle s'est mise à hurler, me suppliant de venir la chercher. Et j'avais la crainte qu'il lui arrive malheur, mais je ne devais en aucun cas y aller, car s'il y avait le moindre espoir qu'elle soit protégée, il ne fallait pas que je brise toutes ses chances en allant la retrouver.
Puis le temps passe, je grandis. Souvent, je ressentais un vide, j'avais oublié pourquoi. L'oubli est le plus grand don fait à l'humanité. Oublier c'est vivre. Des fois j'entendais sa voix m'appeler au fond de mes rêves. Cependant, mon esprit critique et cruel rôdait, l'ombre qu'avait fait grandir les adultes autour de moi. Il ne fallait pas qu'il la trouve, alors je l'oubliais à nouveau.
Sans elle, j'avais oublié mes sentiments, mes émotions, mon Amour. Je lui avait tout offert, avec ce souhait qu'ils soient sains et saufs, pensées fugaces dans mon inconscient. J'avais gardé pour moi l'espoir.
Que cela a dû être dur à mon Amour de survivre sans Espoir tout ce temps. Mais il fallait qu'elle tienne, cette peluche au creux de l'arbre, encore un temps.
Je n'étais enfin plus en danger, j'avais bâti une forteresse plus grande, ayant enfin déterminé qu'elles étaient les menaces. Mais il me restait le plus dur, me rappeller. Comment se rappeler quand on a oublié le fait même d'avoir oublié ? Mais je sentais en moi ce manque, cette pièce de puzzle à la compréhension de ma propre personne. Alors j'ai crié, et un écho faible me parvint. Il me fallut le temps à me convaincre que je n'avais pas rêvé... ou du moins que ce rêve était réél. Oui, les rêves ont une part de réalité, tout comme les sentiments, les pensées. Ils sont là au fond de nous, nous appelle, nous rappelle que l'on vit. Alors j'ai plongé dans la noirceur de cette ombre désormais affamé, que je me suis autorisée à laisser mourrir. C'est triste de voir mourrir une partie de soit avec laquelle on a vécu si longtemps, mais la compassion pour cette noirceur a disparu au fur et à mesure que j'allais mieux. Les cris se faisaient plus important, forts, pressants. Alors j'ai cherché, j'ai hurlé, je me suis débattue.
Et là, je l'ai vue. Elle avait vieillie, cette autre moi, avec mon amour serré si fort contre elle. Depuis tout ce temps, elle n'avais eu que ça. Je l'ai regardée dans les yeux, et l'ai serrée si fort dans mes bras, craignant de m'écrouler tant ça faisait mal. Mais j'ai tenu.
"Je t'ai retrouvée, je ne te reconnais plus, on a changé avec le temps. Veux-tu bien vivre à mes côtés à partir de ce jour ? On réapprendra à se connaître, je ne veux plus t'abandonner, je suis là maintenant. C'est fini."
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Bon cette histoire je vais rapidement l'expliquer car elle part assez loin. En un sens je sais que ce serait bien de vous laisser faire votre propre perception de ce texte. Mais pour moi, il représente ce qu'est un traumatisme d'enfance, et le chemin vers la guérison.
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Divagations d'une louve
PoezjaDes maux traversent mon âme. Ils m'ont fait ouvrir une page facebook pour partager ma peine et mes pensées, sachant pertinemment que personne ne les lirait, mais désormais, j'ai besoin d'un public, même infime, alors je viens les inscrire ici, espér...