Divagations d'une louve

Imagination

Imagination...
Ce mot me semble si étrange, j'ai du mal à le comprendre, l'appréhender.
Pourtant je travaille dans le domaine artistique, et il n'y a point d'art sans imagination me dit-on. Hors je n'ai pas la sensation d'imaginer.
J'analyse, et retranscrit ce que j'ai compris et apprécié à travers des mots et des images, si le rêve est à l'imagination, l'analyse est à ma perception et communication. Je n'ai pas la sensation de créer, je pose des thèses, des affirmations, parfois même des questions. Je ne guide pas mes textes, je laisse les mots me guider. Je ne guide pas mon crayon, je laisse la technique faire son office. Je n'imagine pas les choses avant de les retranscrire, elles naissent parce que je les pose sur le papier. C'est l'odeur concret de l'encre et du papier qui me font voyager dans de douces sensations, bercée dans un monde de quiétude où mes voix intérieurs se taisent enfin, concentrées qu'elles sont à leur tâche.
En ce manque d'imagination, ma vie le subit. Je ne peux m'imaginer de radieux avenirs, désirer... Ne me posez jamais la question "que veux-tu?" si vous ne désirez pas me mettre en crise existentielle. Je ne sais pas, je ne le saurais probablement jamais. Je laisse chaque jour me guider, j'évite simplement les dangers que j'apperçois au loin, les monstres cachés dans les brousailles. J'ai appris à les sentir. Mais le bonheur, la volonté de jours meilleurs sont intangibles pour moi, sans odeur, sans formes, sans couleurs. Ce sont des mirages, ils n'existent que si on y croit assez pour se fourvoyer. Je ne comprend pas les rêves, je ne vois que des nécessités.
Je dois, il faut.
Alors je fais un pas, il le faut. Et chacun de mes pas me guident jusqu'à demain. Jusqu'à ce que je ne puisse plus marcher, et qu'il n'y aura plus de lendemain. Est-ce un tord de vivre ainsi? Est-ce que je rate quelque chose de grandiose que la vie a à offrir ? Les gens qui rêvent me donnent cette illusion. Alors je suppose que ça devient ma réalité. Est-ce un sursaut d'imagination de ma part que de les envier ? Ai-je vraiment envie de me lancer sur une telle voie du coup ? Ça ne me semble pas un chemin très noble. En soit, avancer sans rêver ne m'est pas dramatique.
Je vis, c'est tout.

Si seulement le passé ne me hantait pas, tout serait parfait.
Je ne rêve peut-être pas, mais mes cauchemars ne me quittent pas.
Ces ombres tapies dans les brousailles n'attendent que moi, je continuerai à les éviter, priez pour mon âme.
Un jour l'erreur me sera fatale.