Divagations d'une louve

L'Oasis

Des fois, être plus fort que ses démons sonne comme une malédiction.
Des fois, j'aimerais ne plus avoir la force de me relever.
Des fois, je me sens encore plus monstrueuse qu'eux.
N'est-ce pas humain d'avoir des limites?
Alors pourquoi est-ce que je me sens comme un puit sans fond ?
Éternellement vide, avec la promesse d'une source éternelle.
D'où puis-je récolter autant de volonté et de force alors que je ne vois que le néant ?
Est-ce que je me sens seule? Pourtant, des regards, j'en ai.
J'ai aussi le regard de ceux que j'adore. Je peux les observer, les voir vivre, exister.
Que me manque-t-il donc ? Qu'est-ce que je recherche?
La chaleur d'un corps, j'ai.
Je suis affamée, mais de quoi? Mes griffes tailladent les parois de ma prison intérieur.
Ce désir de violence, ce désir de destruction enfoui, si mal caché.
Enfant du chaos.
Fruit du pêché.
Existence maudite qui fait souffrir quiconque s'attache à moi.
J'abreuve tel un oasis et disparaît les laissant dépourvus et sans espoir.
Offrir un sursis, est-ce de la bonté ou de la cruauté pour un condamné?
Aaahhhh... un tel pouvoir, si grisant.
Que peut désirer un oasis hors admirer la vie se développer en son sein?
Geindre en espérant être entendue par un semblable. La solitude me ronge.
Utilisée, bafouée, salie.
Lorsque l'on est mourrant, assoiffé d'amour, il est difficile de ne pas piétiner ce qui nous sauve sans crier gare la vie.
Dois-je sortir de ce désert? À côté d'une vie verdoyante, le petit oasis que je suis me semble bien pittoresque. La vie voudra-t-elle bien de moi s'il n'y en a plus besoin? Puis-je me faire ma place dans un lieu où la mort ne prédomine pas?
Je peux toujours essayer.
Entrons dans ce monde vert et naïf.
J'y trouverai peut-être ma flamme.
L'être plus fort que mes démons ris en moi.
Oui, une flamme, c'est exactement ce que je désire.