Le temps est clément, la tempête est passée.
Mon coeur est aussi plat qu'un cours d'eau oublié par le temps.
Des fois, il y a légers remous. Des petits poissons qui profitent de ce calme pour venir se nourrir en surface. Je les vois, ils sont beaux, vifs dans cette eau trouble. Je regarde avec attention, m'amuse à tapoter le bout de mes doigts à la surface pour qu'ils viennent les picorer. Ils ne sont pas nombreux, je ne saurais dire exactement combien il y en a. Ils retournent vite se cacher au fond de l'eau avant que je puisse bien les admirer. Mais je souris. C'est agréable.
J'hésite, mais finit par lancer des miettes de pain sur un en particulier. J'aime son petit reflet doré. Je m'essaye à le toucher, et parfois y arrive alors qu'il s'empresse d'échapper à la menace, si plein de vie. Je souris davantage et m'allonge en face de cette eau qui sent la fraîcheur.
Aucune odeur de croupie, la tempête a tout nettoyé. La végétation a arrêté de tout étouffer.
Je pose ma main à plat sur la surface, faisant le moins de mouvements possible, observant les ondes que je provoque sur cette surface aussi lisse qu'un miroir. La lumière se reflette dans chaque goutelette d'eau qui s'écrase dans ce bassin. Les arbres me protègent des rayons du soleil. Le bruit des gouttes m'emplit de sérénité. Je regarde le poisson noir. Cela fait longtemps qu'il y est celui-ci. Il a bien grandit, il surpasse de loin la taille de n'importe quel autre. Celui là je le chérie du plus profond de mon coeur, il y restera jusqu'à ma mort c'est certain. Je ne le croise pas souvent, mais je sais qu'il sommeille au fond, et veille sur moi. Des fois je lui parle, lui évoque mes craintes, mais pas mes souffrances, je ne veux pas le ternir de ces émotions là. Je me met à rêver de notre prochaine rencontre. Il y en a un qui est blessé. Il reste au plus près de la berge possible. J'espère qu'il comprendra qu'il n'a rien à craindre ici, en ce lieu, aucun prédateur n'est admis. Mais je sais qu'un poisson fou de terreur peut en arriver à se jeter hors de l'eau de lui-même et mourir. Je n'ai qu'à espérer qu'il comprendra qu'il est en sécurité et ne commettra pas l'irréparable.
Il y eut d'autres poissons par le passé, ils sont tous partis. Il fut une période où j'ai laissé l'eau croupir et s'étouffer par une végétation trop luxuriante et une population peu pacifique.
Désormais j'en prends soin, je choisis avec soin.C'est mon sanctuaire.
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Divagations d'une louve
PoetryDes maux traversent mon âme. Ils m'ont fait ouvrir une page facebook pour partager ma peine et mes pensées, sachant pertinemment que personne ne les lirait, mais désormais, j'ai besoin d'un public, même infime, alors je viens les inscrire ici, espér...