Comme les autres mercredis, il dégustait son verre, assis à sa table, toujours la même. Lui qui devait pouvoir s'adapter à toutes sortes de situations quand il était question de manipuler des potions ne parvenait pourtant pas à se défaire de ses habitudes, une fois sorti de son laboratoire. Il aimait cette constance, cette régularité, comme un rituel qui lui permettait de retrouver son calme.
La seule différence qu'il pouvait y avoir avec les mercredis précédents pouvait se résumer en un seul et unique mot : impatience.
Il ne pourrait pas l'avouer face à quelqu'un d'autre, même sous la contrainte, pourtant il savait pertinemment qu'il n'avait pas pour habituer de jeter des coups d'œil en arrière, chaque fois que la porte s'ouvrait. Il avait pris goût aux discussions qu'il pouvait avoir avec la jeune femme. Même s'ils s'étaient contentés d'échanger dans les couloirs de l'école ou dans la salle des professeurs, jusqu'à présent, tout avait été bouleversé quand retrouvés en dehors du cadre scolaire.
Jusqu'alors, il pouvait encore se persuader qu'ils étaient deux collègues qui échangeaient sur leurs cours respectifs ou leurs élèves. Mais ce soir-là, ils étaient devenus, d'une manière bien plus évidente, deux personnes, se retrouvant après le travail, pour prendre un verre. Ils n'étaient que tous les deux et évidemment, ils ne s'étaient pas contentés de se voir une seule et unique fois.
Ce manège durait depuis quelques jours, à peine, c'était presque dérisoire d'y accorder autant d'importance mais il avait ce sentiment que quelque chose avait changé. Il n'agissait plus avec elle comme avec n'importe quelle autre collègue, et s'il ne savait pas se l'expliquer, il ne pouvait pas s'en sentir honteux ou désolé. C'était une vague de fraîcheur, quand elle était dans la pièce et il se sentait déjà attaché à ces soirées qui n'appartiennent qu'à eux, à l'abris des regards.
Ils ne s'étaient évidemment jamais retrouvé ici, un mercredi et ils ne savaient pas à quoi s'attendre. Allait-elle venir ? Préfèrerait-elle rester au château ? Plus les minutes défilaient et plus il comprenait qu'elle ne viendrait certainement pas. Les fois précédentes, elle était toujours arrivée en début de soirée, leur laissant, de la sorte, plusieurs heures pour discuter avant qu'il soit temps de revenir au château.
Ce n'est qu'à vingt qu'elle entra dans le bar, le surprenant en apparaissant devant lui. Elle put lire la surprise sur son visage, comprenant qu'il était dans l'incertitude la plus complète. D'une certaine manière, elle était touchée et amusée de son attitude, se sentant presque privilégiée de faire naître de tels sentiments en lui.
"Minerva m'a retenue. Je ne vous ai pas trop fait attendre ?"
Il ne savait pas trop ce qu'il convenait de répondre à cela et se contenta de la regarder dans les yeux, l'invitant à s'asseoir, comme les autres jours.
Elle s'était dépêchée, cela ne faisait aucun doute et les rougeurs de ses joues, causées par l'effort, furent accentuées par la gêne qu'elle pouvait ressentir. Elle avait donc voulu venir, comme les autres jours et avait même été embêtée que Minerva accapare son attention et son temps. Il savait pourtant qu'elle appréciait la compagnie de son aînée, mais ce soir, elle désirait sa compagnie à lui.
C'était inédit et surprenant, mais bien de ça, ce qu'il ne pouvait pas non plus admettre, c'est que c'était plaisant. Il avait de l'importance, il avait une place, quelque part, dans l'esprit de quelqu'un.
Le silence se prolongea entre eux, sans pour autant être pesant. Ils ne disaient rien, parce que de toute façon, il n'y avait rien de particulier à dire. Plus important que les discussions qu'ils pouvaient avoir, ils appréciaient la présence de l'autre et la manière dont ils se sentaient, à leur contact.
Elle pensait à son entrevue avec Minerva, se sentant soucieuse et légèrement à cran. Toutes ces obligations de dernières minutes avaient l'art de la mettre sous pression et de la stressée. Elle avait l'impression, dans ces moments là, de redevenir une élève, prête à passer un examen.
Il remarqua assez rapidement qu'elle gardait les mains posées sur la table, presque comme si elle se forçait à les maintenir à plat contre le bois. Était-elle nerveuse ou pensait-elle à quelque chose en particulier ? Il se souvenait encore distinctement de la douceur de sa peau, pourtant froide, contre ses lèvres. Vu la température de la salle, ses mains devaient avaient certainement retrouvé une température bien plus acceptable.
Lorsqu'elle se mit à remuer les doigts, toujours un peu rougissante, il comprit que, si elle n'était plus gênée, elle était certainement embarrassée par l'une de ses pensées. Sans qu'il ne puisse réfléchir plus longtemps, elle glissa sa main jusqu'à la sienne, recouvrant ses doigts avec sa paume. Durant de longues secondes, il regarda cette main, qui lui semblait si délicate en comparaison avec le sienne, et qui semblait chercher presque désespérément un contact avec lui.
Elle était suspendue au moindre geste qu'il aurait pu esquisser, se demandant, encore et encore, si elle avait bien fait d'agir de la sorte. Mais depuis le contact qu'ils avaient eu lundi, elle était presque obnubilée par cet homme et recherchait son contact. Il l'avait électrisée et elle en avait irrémédiablement rêvé les nuits suivantes. Ajoutons à cela leur rapide entrevue à la Saint-Nicolas et on retrouvait une Hermione fébrile et presque trépidante.
Elle fut surprise de sentir finalement la paume de l'homme contre la sienne. Il avait simplement retourné sa main pour pouvoir apprécier d'autant plus le contact entre eux, mais c'était suffisant pour lui donner des frissons. Visiblement satisfait de son effet, elle pouvait presque voir un son regard. A travers ce lien, toute l'électricité qu'il y avait entre eux pouvait circuler presque librement.
Ils n'avaient aucune explication mais n'étaient pas certains de vouloir véritablement en trouver. Qu'est-ce qu'il y avait à comprendre après tout ? Ils étaient tous les deux, appréciaient la présence de l'autre, se cherchaient ... Devaient-ils véritablement trouver une raison, politiquement correcte ou acceptable, pour justifier de vouloir passer quelques heures ensemble ?
Elle avait siroté longuement son premier verre mais avait rapidement remarqué que la servait semblait les avoir oublié. Presque à regret, elle quitta cette main chaleureuse pour aller se chercher une autre boisson, tandis que son verre à lui semblait toujours aussi plein. revenant, son verre à la main, elle hésita cependant à se remettre à sa place.
Elle savait qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps avec lui, pour aujourd'hui, et les seules certitudes qu'elle avait résidaient dans le fait qu'elle désirait plus que tout en profiter autant que possible, et qu'elle se sentait affreusement stressée à l'idée de s'être trompée sur lui. Il la regardait intensément et elle se demandait s'il la défendait de faire un geste de plus ou si, au contraire, il la mettait au défi d'oser mettre ses pensées à exécution.
"Je vous préviens, je ne le ferai parce que je n'ai pas envie de me limiter ou me retenir d'une quelconque manière, ce soir. Alors soit vous me congédiez, soit pour une fois, au moins, vous acceptez ma présence et les attentions qui vont avec."
Sa voix avait beau être claire et posée, elle tremblait presque intérieurement. Elle ne prêta aucune attention à l'expression de son visage, n'osant le faire de peur de voir clairement le refus dans ses yeux. Elle s'avança jusqu'à se retrouver à côté de lui, se glissant sur la banquette qu'il avait l'habitude de monopoliser. Elle avait besoin de sentir sa chaleur, sentir sa présence et pouvoir être contre lui.
Il n'avait pas su comment réagir et finalement, il avait décidé d'accueillir ce geste tel qu'il était. Il n'avait pas envie de la repousser, loin de là. Au moment où il la sentit, presque blottie contre son flanc, il sut même qu'elle était. Lentement, presque prudemment, il passa un bras autour d'elle, l'encourageant à se rapprocher pour se caler entièrement contre lui.
Comme si leurs corps étaient faits pour cela, ils restèrent alors enlacés de la sorte, alternant moments de silence et de discussions, jusqu'à ce que la lune, haute dans le ciel, ne les rappelle à leurs obligations du lendemain.
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Un nouveau jour
FanfictionL'amour naît parfois d'une étincelle, il prend du temps à mûrir mais éclos toujours à temps. Jours après jours, Severus et Hermione apprennent, craquent, se séparent et qui sait ... L'étincelle de Noël les réunira peut-être. Edition 2022 des calendr...