Sa journée du lundi lui parût étonnamment légère, malgré l'effervescence qui régnait auprès des élèves. La dernière semaine de cours était lancée et personne n'était passé à côté de ce fait. Si la magie de Noël régnait déjà à Poudlard depuis plusieurs jours, tout semblait s'intensifier avec l'arrivée imminente des vacances.
Les élèves étaient surexcités et n'avaient certainement pas la tête à l'étude ou aux devoirs. Les faire s'asseoir, pendant une heure, relevait déjà du miracle alors il ne fallait tout de même pas espérer qu'ils soient des plus assidus.
Evidemment, les élèves étaient plus heureux de retrouver certains professeurs que d'autre. Certains s'imaginaient déjà que leur professeur de potions serait absent jusqu'aux vacances, si bien qu'il blêmir en le voyant installé à la table des professeurs, dès le petit-déjeuner. Le retour à la réalité était douloureux, surtout quand, pendant une semaine, on s'est bercé d'illusions aussi utopiques.
De son côté, Hermione savourait cette journée, tout particulièrement aux moments des repas, évidemment. Elle aimait entrer dans la Grande Salle et sentir le regard de l'homme posé sur elle et quand ce n'était pas le cas, c'était elle qui le cherchait du regard, guettant son arrivée avec attention. Ils n'échangeaient pas spécialement plus qu'avant et n'avaient pas non plus changé de place, ne voulant pas éveiller les soupçons de leurs collègues. Mais cela n'avait aucune importance, puisqu'ils savaient déjà tout, en un regard.
Ce qu'ils partageaient était nouveau et tellement précieux, ils n'avaient pas envie de devoir prendre en considération l'avis des autres, qu'il soit positif ou négatif. Pour eux, rien n'était plus important que de construire, ensemble, quelque chose de solide. Ils étaient sûrs de leurs sentiments, mais ils savaient également que parfois, les sentiments ne suffisent pas, face au quotidien. Ils avaient besoin d'apprendre à vivre et d'envoyer valser l'univers.
La journée s'était doucement écoulée, sans qu'ils ne soient spécialement proches. Ce n'est qu'en soirée, bien après le repas et profitant des couloirs déserts, qu'il vint à sa rencontre, accueilli par un sourire lumineux.
« La journée s'est bien passée ?
-Mieux que pour toi, je pense.
-Y'a-t-il une journée de cours qui se passe bien ?
-C'est à se demander comment tu es devenu professeur ... »
Elle leva les yeux, d'un air faussement exaspéré, dissimulant tout de même une part de vérité dans sa remarque. Il est vrai que sa journée n'avait pas dû être évidente, face à des classes déjà passablement irritées, mais il n'était pas connu pour être un exemple de patience. Elle se demandait alors sincèrement ce qui avait pu le motiver à devenir enseignant.
Il sembla ignorer cette question dissimulée, s'approchant simplement d'elle un peu plus et lui prenant la main délicatement. Elle lui sourit à nouveau, n'accordant pas de réelle importance à cette réponse, pour le moment.
« J'ai des corrections à faire mais, si tu veux, tu pourrais venir dans mes appartements, pour une fois.
-Je dois faire ma ronde, mais je passerai après, si tu es toujours réveillée.
-Je t'attendrai. »
Sur cette réponse, ils s'étaient alors rapidement séparés, repartant chacun dans une direction, un sourire discret sur les lèvres.
En rentrant chez elle, elle n'avait pas voulu perdre une minute, se montrant d'une efficacité redoutable pour corriger les copies des élèves. Si elle avait besoin d'une autre preuve concernant le manque d'étude et de travail de ses élèves, elle l'avait sous les yeux. Elle n'avait jamais distribué les « Optimal » à la pelle, mais ici, on était, d'autant plus, bien loin du compte.
Heureusement, il ne lui restait que deux copies quand elle entendit quelques coups à sa porte. Elle l'invita à s'installer dans le fauteuil, où elle se trouvait également, terminant son travail avant de lui octroyer toute son attention.
D'abord peu habitué à cet environnement chatoyant, il devait admettre que c'était réconfortant de retrouver des appartements chaleureux, et une si douce compagnie. Elle était à côté de lui, concentrée sur ces parchemins noircis d'encre, ne lui accordant pas un regard, mais sa présence était suffisante. Elle l'apaisait, peut-être même sans le vouloir. Il était à côté d'elle, dans le divan, profitant de la chaleur du feu, et profitant d'elle.
Il se sentait presque hypnotisé, ne pouvant s'empêcher de la détailler. Minutieusement, il laissait son regard courir sur elle, de son visage, plissé par la concentration, à ses mains, fermes sur sa plume, pour finir le long de ses jambes, ramenées à côté d'elle.
Elle était d'une beauté à la fois très humble, mais renversante. Elle était loin des excès inutiles et n'en avait certainement pas besoin.
Ses cheveux bouclés étaient redressés en chignon mais quelques mèches s'échappaient tout de même pour retomber dans sa nuque. Cela lui donnait une allure toute particulière, très attrayante, sans être pour autant travaillée.
En une fraction de seconde, il fut presque effrayé de réaliser qu'il pourrait facilement s'adapter à cette nouvelle habitude : retrouver quelqu'un, après une journée de travail, pour passer la soirée, devant un feu de cheminée. C'était si naturel et si agréable, qu'il regrettait presque de s'en être privé, jusqu'à aujourd'hui. Mais si ce qu'il avait enduré lui avait permis d'être ici, avec elle, alors il savait qu'il serait prêt à revivre dix fois cette vie, sans rien y changer.
Voilà où il en était arrivé, dans ses pensées, quand elle releva la tête, l'air victorieux, visiblement fière d'être arrivée au bout de cette pile de devoirs. Elle distingua dans son regard cette lueur toute particulière, tant elle était le mélange de sentiments différents et parfois contradictoires.
Elle se rapprocha un peu de lui, venant se blottir contre lui et déposer un baiser délicat sur sa joue, avant de lui en octroyer un nouveau, sur les lèvres cette fois. Elle le regardait intensément, essayant de savoir quelle part de lui allait l'emporter, parce qu'après tout, elle n'était pas dupe et savait que, même s'il avait pu accepter les sentiments qu'il ressentait, cela ne faisait pas disparaitre ses démons. Mais même si ça rendrait les choses plus faciles, elle ne voudrait pas qu'il change.
Ce qu'elle aimait chez lui, c'était cette complexité, cette part de noirceur qui subsistait, même si la clarté finissait toujours par gagner. Peut-être qu'avec les années, ce trait se dissiperait, mais si c'était le cas, elle voulait que ça soit le fruit d'un processus naturel. Jamais elle ne pourrait le forcer à changer sa nature, ni celui qu'il est, au plus profond de lui.
« Je suis contente que tu sois venu.
-Tu semblais presque étonnée en ouvrant.
-C'est un peu étrange de te voir dans mes appartements, je dois bien l'avouer. Tout ce rouge ... »
A cette réplique, et puisqu'ils n'étaient que tous les deux, il se permis d'afficher un sourire amusé. Elle avait dit cela comme s'il était impensable pour lui de se défaire des couleurs de Serpentards et c'était, sans aucun doute, véridique. Mais qu'on puisse le lui faire remarquer, c'était inadmissible. Affectueusement, il l'attrapa par la taille, l'attirant contre son torse pour murmurer à son oreille.
« Avoue-le : tu n'apprécie plus autant tes appartements, maintenant que tu as vu ceux de Serpentard. »
Elle afficha une moue faussement scandalisée, cherchant vainement une réplique qu'elle pourrait lui opposer.
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Un nouveau jour
Fiksi PenggemarL'amour naît parfois d'une étincelle, il prend du temps à mûrir mais éclos toujours à temps. Jours après jours, Severus et Hermione apprennent, craquent, se séparent et qui sait ... L'étincelle de Noël les réunira peut-être. Edition 2022 des calendr...