Un nouveau jour

21 décembre

Elle s'était réveillée, le corps engourdi, surprise de sentir une présence dans son lit, avant de se souvenir que la veille, elle s'était expressément endormie, blottie contre lui, pour ne pas qu'il s'en aille. Il dormait encore, profondément, à en juger par sa respiration calme et ses paupières lourdes. C'est presque à regret qu'elle le réveilla, sachant qu'ils devaient tous les deux se préparer pour donner cours, bien qu'on soit mercredi.

Il grogna quelque peu, émergeant assez difficilement, comme c'était le cas régulièrement. Il n'avait jamais eu un bon sommeil, se réveillant d'habitude assez souvent, ce qui avait le don de le fatiguer plus que de raison. Mais chaque fois qu'il dormait avec elle, il avait ce sentiment de sérénité qui prenait possession de lui, l'entrainant dans les songes les plus profonds.

Il ne commençait pas à huit heure ce matin, ce qui lui donnait une excuse pour rater le petit-déjeuner, et ne pas arriver en même temps qu'Hermione dans la Grande Salle. Il la regardait s'habiller, détaillant son corps, comme s'il était à la recherche d'un trésor.

En remarquant qu'elle était l'objet de toute son attention, elle ne put s'empêcher de rougir. C'était particulier de se sentir observée de la sorte, mais pas moins plaisant pour autant. A travers son regard, elle avait l'impression de se découvrir différemment. Il la voyait comme personne ne l'avait jamais vue avant, pas même elle. A travers ses yeux, elle se trouvait belle et désirable, elle se découvrait courageuse et impressionnante, elle se sentait puissante et renversante. C'était indescriptible, cette force qu'il parvenait à lui transmettre, juste en la regardant.

« Tu comptes paresser dans mon lit ?

-Finalement, je pense que je m'y fais ...

-C'est bien ce que je me disais. »

Un peu à la manière d'un chat, elle s'avança sur le lit, venant le rejoindre pour quelques minutes encore. Il lui ouvrit ses bras, heureux de pouvoir l'accueillir contre lui encore un peu.

« Minerva va bientôt décorer la Grande Salle, pour le bal.

-Tu as hâte ?

-Un peu ... J'ai toujours aimé les cérémonies à Poudlard.

-Pourquoi est-ce que ça ne m'étonne pas ? »

Lors des dernières festivités, à Poudlard, il n'avait pas pu ignorer sa présence, la trouvant indéniablement magnifique. Elle semblait si différente de la jeune collègue qu'il croisait tous les jours et en même temps, elle était parfaitement elle-même.

Elle n'avait jamais revêtu de tenue inutilement ostentatoire. Le plus souvent, elle portait une longue robe, lui donnant toute l'allure dont elle était naturellement dotée. C'était comme si elle n'avait pas conscience de l'effet qu'elle pouvait avoir sur l'assistance, rougissant sincèrement à chaque compliment.

Cette année, comme les précédentes, elle serait certainement invitée à danser à de multiples reprises, ne quittant presque jamais la piste de danse. Il n'avait pas l'habitude de danser, bien qu'il ait été forcé d'en prendre dans son enfance. Mais il y avait une grande différence entre savoir danser et accepter de le faire, devant ses collègues et ses élèves.

« Demain, mes élèves vont à Pré-au-Lard et, comme j'ai surveillé la dernière fois, je ne donne pas cours. On va certainement aller en ville avec Ginny pour faire quelques achats.

-Parce que pour toi, c'est ca surveiller ?

-Je n'ai pas précisé qui je surveillais.

-Nous dirons cela ... Tu sais déjà ce que tu vas porter ?

-Bien sur ! Serais-tu un peu curieux ?

-Pas le moins du monde. »

Il lui jeta un regard complice, la laissant comprendre qu'il pensait tout le contraire de ce qu'il disait, la faisant rire par la même occasion. Puis, remarquant qu'elle était déjà presque en retard, elle l'embrassa délicatement, s'emparant de son sac avant de partir.

Pourtant, en chemin et tout au long de la journée, les paroles de l'homme créèrent une sorte d'écho dans son esprit. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander s'il aimerait sa tenue, sachant qu'elle recherchait une robe aux couleurs de Gryffondor.

Au fond, elle savait pertinemment qu'il accordait peu d'importance à des choses aussi futiles que les tenues, mais d'un autre côté, elle voulait pouvoir l'épater, l'époustoufler même, le laisser ébahi, tout en sachant qu'ils ne danseraient certainement pas tous les deux. Jamais elle ne l'avait vu sur la piste de danse, de tous les bals auxquels elle avait pu assister.

La journée s'écoula et elle conserva ses pensées, les laissant tourner dans son esprit et faire leur propre chemin. A l'heure du souper, elle fut heureuse de l'apercevoir à la table des professeurs.

C'était devenue une routine confortable que de le retrouver, après chaque journée. Elle n'avait ressenti un manque particulier auparavant, se sentant parfaitement bien chez elle, même en étant seule dans ses appartements. Dans un sens, c'était peut-être pour cela qu'elle pouvait autant apprécier qu'il soit près d'elle.

Elle pouvait aimer sa présence parce que, quand il était là, c'était au-delà de la perfection. C'était si complexe comme sensation, si étrange. Elle se sentait bien en étant avec elle-même, mais elle se sentait au-dessus de tout, avec lui. Il ne comblait aucun manque, mais il était là, rendant tout meilleur, sans même le savoir.

Le soir, elle aimait le calme mais elle aimait aussi paresser devant le feu, en écoutant son cœur dans sa poitrine. Elle aimait lire et se plonger entièrement dans son ouvrage pour s'évader vers un autre monde, mais elle aimait aussi pouvoir discuter et échanger avec lui, sur tous les sujets du monde. Elle avait déjà tout et il lui offrait plus encore.

En s'installant à table, elle avait certainement un sourire lumineux sur le visage, puisque Minerva se pencha vers elle pour venir lui parler.

« Vous m'avez l'air excellente humeur, Hermione.

-C'est peut-être parce que c'est le cas, chère Minerva.

-Dois-je en conclure que tout est rentré dans l'ordre ?

-Il me semble, oui.

-Dans ce cas, je vous verrai, tous les deux, pour la décoration du sapin. »

Cette phrase sonnait presque comme une question, mais ce n'était pas vraiment le cas. Devait-elle s'en réjouir ? Dans le fond, elle n'en était pas vraiment certaine.

Après un rapide coup d'œil dans la direction de l'homme, elle comprit qu'il avait évidemment suivi cet échange de très près. Que pouvait-il bien penser de ce commentaire ? Avait-il seulement envisagé de ce rendre à la décoration de cet arbre ? Elle ne savait même pas s'il accordait une grande importance à Noël.

Dans tous les cas, il ne semblait pas en colère, ni même déçu. Comme à son habitude, devant tout le monde, il affichait cette éternelle indifférence. Ce petit détail n'avait l'air de rien, mais il représentait tellement pour elle. Son vrai visage, celui qu'il était vraiment, il le lui réservait à elle, et à elle seulement.

A la fin du repas, elle hésita, ne sachant pas vraiment quoi faire. Il n'avait pas l'air pressé de partir, ce qui représentait un miracle en soit, mais n'avait pas non plus l'air de vouloir rester. A bien y regarder, il semblait s'amuser de la voir tiraillée de la sorte. Comprenant qu'il se jouait d'elle habilement, elle se rapprocha, sachant pertinemment que cela le déstabiliserait.

« Riez, riez, professeur Snape, mais ma vengeance sera terrible.

-Oh mais vengez-vous, Miss Granger ... Je n'attends que ça. »