Le soleil n'était pas encore levé, mais Hermione se trouvait déjà dans le parc, déambulant, un peu comme un fantôme, dans la brume du matin. Avec ses élèves, ils étaient en train de voir les points communs entre le monde moldu et le monde des sorciers et évidemment, cela passait par les plantes. Certaines bien connues ici, poussaient dans le parc, mais avaient une autre appellation pour les Moldus.
Elle s'était levée très tôt, alors que la lune était toujours dans le ciel, mais c'était loin de la décourager. Une fois son manteau enfilé, ainsi que son écharpe, elle sortit, évoluant lentement dans le parc. D'une certaine manière, cela lui donnait l'occasion de prendre l'air et de se dégourdir les jambes dans les alentours. Alors qu'elle n'était encore qu'une étudiante, elle avait toujours apprécié les balades autour du château, y trouvant quelque chose d'apaisant.
Poussée par le vent, elle s'éloigna rapidement, se retrouvant à proximité du premier site qu'elle avait repéré, un peu plus tôt dans l'année. La récolte était assez pauvre, mais elle savait qu'elle trouverait son bonheur dans les serres. Pomona avait été claire : elle pouvait se servir autant que nécessaire, tant que tous les prélèvements étaient faits dans les règles de l'art.
Elle dû sourire en arrivant à hauteur d'une plante de basilic, cette dernière lui rappelant immédiatement l'aventure d'Harry dans la Chambre des Secrets. Pour tous les sorciers, le basilic était un animal terrifiant et mortel, que diraient-ils en découvrant que pour les Moldus, il ne s'agissait que d'une plante délicieuse.
En prélevant quelques feuilles, elle ne put s'empêcher d'humer ses mains, adorant cette senteur si caractéristique. Cela lui rappelait un voyage en Italie, fait avec ses parents. A l'époque, elle devait avoir à peine neuf ans, mais elle se souvenait parfaitement de cette odeur qui semblait flotter dans l'air, à chaque instant, mélangée à la douce senteur des fleurs.
Elle avait toujours éprouvé une certaine fascination pour les parfums et s'étonnait encore de garder tant de souvenirs liés à des odeurs. Comme si chaque souvenir était empreint d'un parfum, elle parvenait à s'en remémorer les moins détails, à peine les premières notes senties. Dans son esprit, c'était une évidence, tout de connectait et elle pouvait revenir dans le passé.
Parfois, malheureusement, elle se retrouvait embarquée dans un souvenir désagréable, à cause d'une odeur passagère.
Depuis la fin de la guerre, par exemple, elle ne supportait plus l'odeur de la sauge. Sa mère avait pour habitude d'en garder toujours chez eux pour en faire brûler, de temps en temps mais cette odeur, auparavant réconfortante, étant maintenant associée au jour où elle découvert que sa maison d'enfance avait été détruite dans une attaque de Mangemorts. Ce jour-là, quand elle avait marché dans les ruines, elle avait l'impression que tous les alentours sentaient la sauge. Les semaines suivantes, elle avait régulièrement fait des cauchemars et cette odeur avait semblé la suivre dans chacun d'entre eux.
Elle secoua la tête vigoureusement, voulant à tout prix se chasser ces images de l'esprit pour reprendre sa route. Il avait gelé durant la nuit, si bien que l'herbe craquait sous ses pas. Alors que l'aube arrivait lentement, c'était comme si le parc brillait de mille feux, la lumière se reflétant en dizaines de paillettes sur l'herbe. Il n'y avait aucun bruit, même les plus minuscules insectes étaient encore endormis et la brume se levait à peine, donnant encore aux alentours des allures mystérieuses.
Alors qu'elle prenait la direction du prochain site qu'elle avait repéré, elle eut la désagréable intuition de ne plus être seule, dans les alentours. Il était définitivement trop tôt pour qu'il s'agisse d'un élève. Même les plus téméraires, qui courent dans le parc pour se maintenir en forme, ne sortent pas si tôt.
En se retournant prudemment, elle remarqua la longue et reconnaissable silhouette du Maître des Potions. Etonnée de le voir, elle s'immobilisa en voyant qu'il venait à sa rencontre.
« Je ne pensais pas avoir de la compagnie.
-Vous n'êtes pas obligée d'en avoir.
-Comment se fait-il que vous soyez dehors, à une heure pareille ?
-Quand le sommeil manque, on s'occupe comme on peut. Et vous, quelle excuse avez-vous ?
-Le matin reste le meilleur moment quand on veut cueillir des plantes. Et puis, je profite du calme, avant l'agitation de la semaine. »
Tout en parlant, elle se frottait les mains, sentant ses doigts s'engourdir avec le froid. Elle n'avait pas pris de gants pour pouvoir faire ses manipulations sans encombre mais avec les températures glaciales du matin, elle commençait un peu à le regretter. Alors que jusqu'à présent, ils se fixaient, elle suivit son regard quand il baissa les yeux, ayant certainement remarqué le mouvement de ses mains.
« Et bien évidemment, vous n'avez pas trouvé utile de prendre des gants alors que les températures sont déjà négatives. »
Il y avait, dans sa voix, plus de taquinerie que de moquerie, sans pour autant qu'elle n'en soit complètement dénuée. Alors qu'elle décroisait les doigts, elle fut surprise de le voir prendre ses mains entre ses paumes, les amenant à ses lèvres pour les réchauffer.
Leurs regards étaient encrés, l'un à l'autre, et ils restaient immobiles tandis qu'une sorte de fumée s'échappait de leurs mains jointes, preuve du souffle chaud de l'homme. Elle se sentait rougir, sous ce regard intense, ne pouvant esquisser le moindre geste. Elle était gênée, évidemment, mais n'avait pas non plus envie que ce moment ne soit brisé.
Ce souffle chaud la réchauffait, certes, mais faisait également naître en elle des dizaines de frissons en sentant les lèvres de l'homme contre sa peau. Il avait fait ce geste très naturellement, alors que cette proximité entre eux était inédite et elle s'en sentait plus déstabilisée que déçue.
Aucun d'eux n'aurait pu dire combien de temps ce moment avait duré mais pour tous les deux, c'est à regret qu'ils sentirent le vent s'insinuer entre leurs paumes. Sans en connaître la véritable raison, si ce n'est que la chaleur de l'homme lui manquait presque déjà, elle glissa sa main jusqu'à la sienne, les réunissant, à nouveau, dans une étreinte tendre.
Ils échangèrent un nouveau regard et elle sut qu'il lui donnait, d'une certaine manière, son accord. Délicatement, elle l'attira vers elle, reprenant sa route vers l'endroit où elle désirait se rendre avant cette rencontre. Ils avançaient, main dans la main, et l'univers, autour d'eux, semblait décidé à leur laisser un peu de répit. La brume stagnait à hauteur d'homme, presque pour les dissimuler aux yeux du reste du monde.
La cueillette fut finalement fructueuse, mais elle n'était plus certaine d'y accorder autant d'importance qu'avant. Toutes ses sensations se concentraient dans cette main qu'elle essayait de lâcher le moins possible, de peur de réaliser que ce n'était qu'un mirage.
Elle ne voulait plus que la semaine commence, ni même que le soleil ne se lève véritablement. Elle voulait rester dans cette brume énigmatique, avec cet homme, d'apparence si sombre et qui semblait se dévoiler subtilement, avec elle.
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Un nouveau jour
FanfictionL'amour naît parfois d'une étincelle, il prend du temps à mûrir mais éclos toujours à temps. Jours après jours, Severus et Hermione apprennent, craquent, se séparent et qui sait ... L'étincelle de Noël les réunira peut-être. Edition 2022 des calendr...