8 décembre

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La journée du jeudi lui semblait étrangement interminable alors qu'elle surveillait sa dernière classe de la journée. Ils avaient un travail à réaliser, durant les deux heures de cours et, pour une fois, les élèves étaient assez silencieux. Evidemment, elle n'était pas dupe : ils n'étaient pas tous en train de travailler. Bon nombre d'entre eux avaient certainement bâclé leur travail pour pouvoir somnoler sur leur banc mais elle n'avait certainement pas la force d'aller au combat avec eux. Tant qu'ils ne perturbaient pas le travail des autres, elle décidait de les laisser tranquilles.

Elle regardait, un peu distraitement, ce qu'il se passait à l'extérieur, tout en déambulant dans la classe. En remarquant de l'agitation dans le couloir, elle s'adossa à la porte, jetant un coup d'œil curieux. Elle remarqua rapidement qu'il s'agissait d'élèves de Gryffondor et de Serdaigle qui courraient en riant. Décidément en manque de patience, elle ne put s'empêcher de sortir à leur rencontre, les effrayant alors qu'ils pensaient être seuls.

« Je peux savoir ce que vous faites dans les couloirs, alors que les cours ne sont pas terminés ? Non contents de ne pas être en classe, il faut que vous perturbiez les autres en faisant un vacarme monstre ?

-On ne savait pas qu'il y avait cours.

-Et cela vous donne donc une excuse ?

-Non, Madame Granger.

-Si votre professeur est absent, vous allez en étude et rien d'autre. J'enlève dix points à chacun. »

Visiblement, ils étaient surpris de sa remarque, s'attendant certainement à ce qu'elle fasse preuve de bienveillance avec eux. Il est vrai qu'elle n'avait pas pour habitude de retirer des points aux élèves, sauf en cas de réel manquement au règlement.

En arrivant au repas, elle remarqua immédiatement les regards des Gryffondors. Si certains semblaient horrifiés, d'autres par contre étaient clairement en colère. Elle eut un petit doute quant à sa sanction, avant de finalement se raviser : ils étaient en tord et elle avait appliqué le règlement.

Cependant, en s'installant à la table des professeurs, elle crut avaler de travers en entendant le commentaire de Minerva.

« Et bien, je ne savais pas que vous étiez de connivence avec l'ennemi. Comment allons-nous gagner la coupe si vous aussi, voulus enlevez des points à Gryffondors ? »

La remarque était évidemment formulée sur le ton de l'humour, mais Hermione pouvait distinguer une lueur de malice dans les yeux de la directrice. Et visiblement, elle n'était pas la seule à s'amuser de la situation puisque plusieurs collègues pouffèrent alors qu'elle s'installait à table.

« Et depuis quand comptons-nous sur la clémence des professeurs pour gagner la coupe, et non sur la rigueur de nos élèves, Minerva ?

-Oh ma chère, en matière de rigueur, je pense que Potter, Weasley et vous n'êtes pas à proprement parler des exemples. »

Elle devait bien avouer qu'ils n'avaient pas souvent respecté le règlement ... Ou disons plutôt qu'il l'avait très souvent enfreint. Pour la bonne cause, effectivement, mais ils n'en devenaient pas subitement des exemples à suivre.

« Voyons, Minerva, nous savons tous les deux que les directeurs de Poudlard ont toujours eu leurs préférences. Il est à parier que, comme Albus, vous trouverez bien une pirouette grotesque pour palier à ce manque de points. »

Il ne fallait pas relever les yeux de son assiette pour comprendre qui venait de parler. Elle releva pourtant les yeux, croisant le regard du professeur de Potions qui arborait toujours une mine impassible. Cette remarque, mélange subtile de taquinerie et de vérité, ne laissait personne indifférent et elle dut sourire en remarqua que plusieurs professeurs semblaient même d'accord avec cette affirmation. Dumbledore n'avait jamais véritablement caché sa préférence pour Gryffondor et même s'il avait toujours été le plus juste possible durant l'année, il avait la fâcheuse tendance de trouver des prétextes à la limite du ridicule pour leur accorder des points.

Lorsqu'elle était élève, elle n'aurait évidemment jamais envisagé se plaindre de la situation. Les escapades qu'elle pouvait faire avec Harry et Ron, bien que légitimes, étaient sans aucun doute dangereuses et parfois, empreinte d'inconscience.

Maintenant qu'elle était professeur, elle parvenait un peu plus à voir cette compétition dans le spectre des autres maisons et faisait toujours attention à être le plus juste possible. Elle accordait des points, sans prêter une véritable attention à la maison et en enlever la peinait véritablement.

« Et bien figurez-vous que je vais tout de même rencontrer des difficultés puisque visiblement, vous avez réussi à rallier ma petite protégée à votre Maison. »

Elle avait l'impression d'être une enfant qui se retrouvait entre ses deux parents, ces derniers s'échangeant des remarques à la limite entre la plaisanterie et le sérieux. C'était d'ailleurs ce qu'il y avait de plus dangereux dans leurs échanges : cet équilibre précaire qui faisait toute la différence.

Du point de vue de la Maison Serpentard, elle devait avouer que voir, plusieurs fois de suite, la coupe passer dans le camp adverse, pour , avait de quoi énerver. Comment accorder encore du crédit à ces point si on sait que, quoi qu'il arrive, une autre Maison passera toujours devant ? Pourquoi garder une attitude exemplaire dans ce cas ?

Elle échangea un sourire complice avec l'homme, ce qui représenta certainement, pour les autres, une preuve d'un pacte tacite qui existait entre eux. En remarquant que les autres avaient très certainement fait un raccourci un peu simpliste de leur bonne entente, elle ne put s'empêcher de rougir, ce qui l'incrimina d'autant plus.

Elle continua de manger, essayant d'ignorer les regards de ses collègues un maximum. Pour une fois, elle fut l'une des premières à sortir, se glissant discrètement jusque dans les couloirs pour rentrer dans ses appartements.

Evidemment, cette fuite ne passa pas inaperçue, le Maître des Potions l'ayant suivie du regard quand il l'avait vue s'éclipser. Il avait été étonné d'entendre la remarque de Minerva mais n'avait pas pu s'empêcher de faire un commentaire, lui aussi. Depuis le temps que Gryffondors était mis en avant, il était temps qu'il en soit de même pour Serpentard.

En retournant à ses appartements, il fut étonné de percevoir comme un doublon dans le son des pas qui se répercutait sur les pierres. Visiblement, quelqu'un se trouvait également à proximité, avançant très certainement dans sa direction a en juger par le volume. Il ralentit la cadence, prêtant d'autant plus attention à ces pas en essayant de deviner de qui il s'agissait.

« Miss Granger ? Vous vous êtes donc véritablement ralliée aux Serpentards ?

-Avouez que ça ne serait pas pour vous déplaire. »

Il ne put s'empêcher d'esquisser un léger sourire, tant qu'il était de dos, il savait qu'il pouvait se le permettre et qu'elle ne le percevrait pas.

« Vous voir tourner le dos à Minerva et à vos couleurs pour défendre les Serpentards ? C'est un spectacle absolument impayable !

-Vous savez pourtant que je resterai toujours une pure Gryffondor.

-En êtes-vous bien certaine ? N'êtes-vous pas, actuellement, dans les cachots ?

-Oh ... Je suppose donc que si je vous ai déjà vu près de la tour des Gryffondors, c'est parce que vous tournez, vous aussi, le dos à vos couleurs. »

Déciment, les taquineries entre eux ne semblaient pas terminé, malgré le jeu dangereux et tendancieux. Le voilà, sans voix, sans réplique à lui opposer alors qu'elle arborait déjà une mine victorieuse. Après de longues secondes suspendues, il s'avança pourtant, la victoire brillant déjà dans ses yeux. Comme il avait déjà pu le faire, il se pencha au creux de son oreille pour murmurer.

« Je suppose que nous aurons l'occasion d'en débattre demain, seuls. »

Un nouveau jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant