Un nouveau jour

6 décembre

Dans la classe, un joyeux brouhaha régnait alors que les élèves terminaient leurs exercices. En ce jour particulier, Hermione avait organisé un atelier pour parler, et surtout fêter, la Saint-Nicolas. Sorciers et sorcière n'avaient jamais célébré le Saint et elle espérait les initier en les introduisant de la sorte à la culture moldue.

Elle leur avait évidemment raconté cette histoire qui était tout de même bien empreinte de magie, assistant un peu médusée à l'émerveillement progressif de ses élèves au fur et à mesure. C'était amusant de voir ces élèves, habitués pour certains à la magie, s'imprégner de cette histoire de la sorte. Une fois le conte raconté dans ses moindres détails, ils avaient, comme des enfants moldus, réalisé des décorations et des petits personnages animés.

La journée arrivait à sa fin et, dans un sens, heureusement parce qu'elle sentait que sa tête allait bientôt exploser. C'était une sensation étrange. Ces cours étaient, sans aucun doutes, ceux durant lesquels les élèves pouvaient le plus s'exprimer et partager des histoires avec les autres. Mais c'était également ceux durant lesquels il y avait le plus de débordements. A la fin, elle se sentait heureuse d'avoir passé une journée aussi enrichissante et surprenante, mais épuisée de toute cette agitation. Elle retrouvait alors son lit avec bonheur, s'y allongeant en appréciant le calme et silence.

Cette fois pourtant, elle ne profiterai pas de ce répit aussi longuement que d'habitude puisqu'elle était attendue, auprès de Minerva, pour la dernière surprise de la journée, celle qui aurait lieu durant le repas. Elle ne rentra dans ses appartements qu'à peine plus d'une heure, déposant ses affaires et s'installant dans le divan, de peur de tomber endormie si elle se risquait à s'allonger dans son lit.

Lorsque, très rapidement, il fut l'heure du repas, elle entra dans la Grande Salle, retrouvant le brouhaha qui l'avait accompagné toute la journée mais multiplié par cinq, au moins. Les professeurs étaient tous présents, ce soir, chose assez rare que pour être soulignée, et les élèves arrivaient progressivement pour s'installer à leurs tables respectives.

Elle croisa rapidement le regard de Severus mais essaya de ne pas s'y attarder, ne sachant pas comment il convenait d'agir. Ils n'avaient pas reparlé de ce qu'il s'était passé la veille et elle ne parvenait pas à dire s'il s'agissait d'une bonne ou d'une mauvaise chose. Pour l'instant, elle avait choisi de se concentrer sur ses élèves et la fête qui s'annonçait.

Le repas se déroula comme d'habitude, les elfes se surpassant encore et toujours. Mais au moment du dessert, les plats ne semblèrent pas décidés à apparaître. Si au départ, les plus gourmands s'étaient contentés de s'impatienter sur leur bancs, c'est l'ensemble des élèves qui regarda rapidement en direction de la table des professeurs, visiblement interloqué par ces tables vides.

Ce n'est qu'à ce moment-là que Minerva se redressa, faisant tinter sa cuillère contre son verre pour attirer l'attention de tous.

« Bonsoir à tous ! Aujourd'hui, nous avons tous pu, encore une fois, profiter d'un délicieux repas. Celui n'est d'ailleurs pas terminé puisque, comme vous l'avez tous remarqué, nous devons encore prendre un dessert.

Avant cela, je tenais à prendre la parole pour marquer ce jour comme étant tout particulier. Certains ont eu cours, aujourd'hui, avec Miss Granger, et savent qu'il s'agit d'un jour qui, chez les Moldus, est célébré chaleureusement. Nous avons décidé, pour incarner la mixité de cette école, de célébrer, nous aussi, la Saint-Nicolas comme il se doit, à compté d'aujourd'hui. »

Tout en finissant sa phrase, elle ouvrit les bras, invitant enfin les plateaux, remplis de spéculoos et de bonbons, d'apparaître sur les tables. En plus de pouvoir profiter de ces desserts, dont les assiettes étaient particulièrement bien garnies, chaque élève découvrit un petit paquet cadeau à côté de lui. Cette surprise ravit évidemment les étudiants qui explosèrent littéralement de joie.

Hermione observait cette scène, amusée, heureuse de constater qu'il avait été possible de gâter chaque élève, mais également chaque professeur. Certains collègues la regardaient, un sourire étirant leurs lèvres, étonnés d'avoir, eux aussi, un présent.

Si plusieurs professeurs l'avaient complimentée lorsqu'ils étaient à table, c'est une fois sortie de la Grande Salle qu'elle aperçut le professeur Snape. Il était appuyé contre une colonne en pierre, lançant des regards sévères à ceux qui s'approchaient un peu trop. Amusée par cette scène, elle décida tout de même de s'approcher, voyant qu'il tenait son cadeau, encore emballé. Il redressa les yeux dans sa direction, juste à temps pour la voir s'avancer.

« Un présent pour tout le monde, rien que cela ? Se contenter d'en offrir aux élève n'aurait pas été suffisant ?

-Saint-Nicolas est le protecteur des enseignants ... Et puis, pour le peu de professeurs de cette école.

-Les Gryffondors et ce besoin d'attirer l'attention.

-Les Serpentard et ce besoin de rejeter toute marque d'affection. »

Il resta silencieux, ne pouvant admettre qu'elle avait raison mais ne pouvant répliquer qu'elle avait tord. Chaque jour, il découvrait d'autant plus cette jeune femme, la trouvant renversante et pleine de surprise. Il avait crû la déstabiliser avec ses remarques, qui tenait plus de l'espiègle taquine que de l'acerbe commentaire, mais elle ne se laissait visiblement plus impressionner si facilement. C'était maintenant à son tour d'être étonné par cette jeune femme.

Il tenait ce paquet, presque maladroitement, hésitant entre la curiosité de voir ce qu'elle avait pu imaginer et la crainte d'être irrémédiablement déçu.

« Vous ne comptez pas l'ouvrir ?

-Le devrais-je ?

-Je ne sais pas ... C'est votre cadeau.

-Je peux donc choisir de ne pas l'ouvrir.

-Si vous en avez envie. Mais vous n'êtes pas un peu curieux ? »

Il sembla réfléchir quelques secondes avant de s'avancer. Ils n'étaient qu'à une trentaine de centimètre l'un de l'autre, à peine, mais il se pencha encore un peu plus en avant, parlant dans le creux de son oreille.

« Je ne suis pas certain que ma curiosité soit rassasiée avec le seul contenu de cette boîte. »

Elle avait retenu sa respiration alors qu'il parlait, appréciant le timbre de sa voix contre son oreille et son souffle contre son cou. Elle ne put réprimer ce frisson qui l'électrisa en remontant le long de sa colonne vertébrale alors qu'il s'éloignait déjà dans un mouvement de cape théâtrale.

Il ne s'agissait pas de leurs premiers échanges, loin de là, pourtant, depuis vendredi soir, elle se devait d'admettre que quelque chose avait changé. Le fait de se retrouver, tous les deux, avait initié quelque chose. Elle ne parvenait toujours pas à s'accorder sur la raison qui les avait mené à ce petit jeu, mais elle savait qu'il s'agissait d'un jeu dangereux auquel elle voulait déjà succomber.

Faisait-il exprès de lui parler de cette façon, et d'agir de cette façon, parce que c'était avec elle ? Se pourrait-il qu'elle ne le laisse pas indifférent ? Elle qui avait été presque horrifiée de s'avouer qu'elle pouvait éprouver quelque chose pour lui, elle ne pouvait décemment pas s'imaginer que ce soit réciproque. Oh non, elle ne devait surtout pas faire cela, sinon elle courrait à sa perte, elle le savait.

Les couloirs se vidaient et elle avait finalement bien plus hâte que prévu de retrouver ses appartements pour plonger dans son lit et se couper de la réalité pour basculer dans un monde imaginaire, bercée par le délicat parfum qui imprégnait toujours ce pull qu'elle n'avait toujours pas lâché.