Play with danger

8. Adoption

Miel

Résidence familiale des Hickman
Manchester

Ruben me fait signe de venir et je le rejoins, le corps tremblant. Il me donne un carton que je saisit avec difficulté.

- Cherche une pochette bleu.

Je hoche la tête, peu consciente de la découverte que je viens de faire. Je m'assied sur le sol et cherche dans le carton une chemise bleu, mais rien à part des dossiers de noms de maison d'adoption. Nous cherchons dans tous les cartons, et rien. Ruben peste en passant sa main dans ses cheveux.

- Je suis sur de l'avoir vue ici !

J'écarquille les yeux.

- Pardon ?

Il baisse le ton, murmurant de nouveau.

- Tu sais où ton père pourrait ranger des papiers important ?

Je réfléchis, me creuse les méninges. Le seul endroit que je connaissait où il rangeait ses affaires était son bureau, mais avec le recule, si c'est un dossier secret je doute qu'il le garde là-bas.

- Peut-être dans sa chambre, il à un coffre fort.

Il n'affiche aucune expression et me dépasse pour ouvrir la trappe. Nous descendons et il la referme doucement avant de me saisir par le poignet pour me tirer. Je m'arrête et tire sur son bras.

- Qu'est-ce que tu fais ? Demande t-il les sourcils froncés.

- Le coffre est dans la chambre de mon père.

Il pousse un soupire et lâche une flopée d'insulte avant de se placer face à la porte de la chambre. Il tourne la poignée et la pousse un peut avant d'y passer sa tête, puis le reste de son corps. Je le suis et me fige quand j'entend les ronflements de mon père. Mon cœur frôle la tachycardie alors que Ruben s'immobilise et me cale derrière lui. D'où je suis je vois mon père se retourner face à nous, et le chemin de la déglutition m'est affreusement difficile. Il saisit ma main et me fait signe d'avancer jusqu'au coffre, ce que je fait. Je tire sur le tableau peint de Bianca, ma mère et mon père. Je plaque ma main sur ma bouche en retenant un sanglot. Je n'ai jamais été aimée et je comprends pourquoi maintenant. Mais dans ce cas, pourquoi m'avoir adoptée ? J'avais l'impression que je devait être parfaite pour l'être, alors que Bianca l'été envers et contre tous. Quel injustice ! Et ça comprime mon pauvre cœur. Si Tommy ne m'avait pas donné tant d'amour, je serais sûrement une autre aujourd'hui.

Ruben serre ma main pour me faire part de son impatience et je m'active sur le code. Je n'hésite pas sur la date de naissance de Bianca, et il s'ouvre sans surprise. C'était plus que sûr, c'est leur fille préférée après tout. Je saisit la pochette bleu et la tend à Ruben qui croise mon regard remplis de larmes. Il ne dit rien, saisit la pochette en me regardant droit dans les yeux et je sent les larmes couler. Je ne les retient plus et plaque ma main sur ma bouche alors qu'il me tire vers lui. Il m'enserre d'un bras se voulant sûrement rassurant, mais la vérité est une gifle bien trop douloureuse.

- Ferme le coffre, souffle t-il au creux de mon oreille, faisant redresser les cheveux sur ma nuque.

Je m'écarte de lui et essuie mes yeux avant de fermer le coffre et de remettre le tableau. Ruben saisit ma main et m'entraîne hors de la chambre, sur la pointe des pieds, puis il referme la porte et me tire jusqu'au rez-de-chaussée. Je suis toujours sonné. « Adoption » et « Miel » ça ne peux qu'avoir un liens. Ça ne peux qu'être ça. Je laisse Ruben me tirer hors de la maison, dans un état second. Il m'aide à escalader le mur et me rejoint de l'autre côté. Nous montons dans la voiture et il démarre rapidement. Nous roulons en silence jusqu'à la maison puis je sort en trombe de la voiture et cours jusqu'à la chambre. Je claque la porte et me laisse tomber sur le sol après avoir allumé la lumière. J'éclate en sanglots, secouée par mes spasmes. Je n'ai pas lu le contenue du dossier, mais j'ai le pressentiment d'avoir raison. Je suis sur que j'ai raison. Je tourne le verrou et sort le sachet cacher dans mon soutien-gorge. Je tire le briquet de mon sac et ouvre la fenêtre en allumant mon joint. Je doit oublier. J'ai besoin d'oublier. Rien qu'une nuit. Rien que cette nuit.