Chapitre 3/ Un étrange quartier

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- Je ne comprends pas, fit le chauffeur étonné. C'est bien la première fois que cela se produit. Vous ne vous êtes pas trompé d'adresse ? demanda-t-il.

- Non, c'est impossible, j'ai reçu cette adresse tout à l'heure de l'agence immobilière.

- Le GPS n'indique rien ; il dit que l'itinéraire est inexistant. Vous devriez contacter l'agence qui vous a loué la maison. Il a dû y avoir un malentendu.

Frida appela aussitôt l'agent immobilier pour lui faire part de son mécontentement. Dès qu'il décrocha, elle lui raconta leur mésaventure dans un anglais approximatif.

Après l'avoir calmée, l'agent prit le temps de lui expliquer tranquillement la situation. Il y avait bien une maison mais elle se situait hors de Prague dans un quartier plutôt perdu au beau milieu de la forêt. Le seul bus qui s'en rapprochait les laissait à environ vingt minutes de cet emplacement. Pour y arriver, ils devaient ensuite traverser les bois à pied.

- Notre maison se trouve au milieu d'un bois ! s'écria Gabriel. C'est vraiment étrange.

- Je comprends mieux maintenant pourquoi elle était inhabitée, ajouta sa mère. Une maison en pleine forêt. Pas étonnant.

- Elle est peut-être géniale cette baraque. On ne l'a même pas encore vue. Ne soyez pas si pessimistes. Vous ne trouvez pas cela amusant d'aller vivre dans la forêt au milieu des arbres et des bêtes ? On sera les nouveaux Robinson Crusoé de Prague. Et puis de toute façon on n'a pas trop le choix. On ne peut pas se permettre de payer un hôtel.

Frida ne répondit pas. Elle voulait juste récupérer les biens de son ex mari et rentrer en France le plus rapidement possible.

- Tu connais maman ? reprit Gabriel en tapant l'épaule de son beau-père. Le jour où elle sera contente pour quelque chose, il faudra s'inquiéter.

- Voire même appeler les secours, ajouter John d'un ton ironique.

- J'entend mal mais je ne suis pas sourde non plus, s'offensa Frida.

- La vérité blesse, malheureusement.

- On peut demander à un taxi de nous emmener au centre-ville, proposa Gabriel. On trouvera sûrement le bus qui nous mènera à cette forêt.

- C'est normal que tous les chauffeurs de taxi soient des étrangers ?

- On est à Prague, répondit John. C'est différent ici.

Au même moment, un taxi passa à vive allure. Frida fit un signe de la main. Le chauffeur s'arrêta. Un asiatique tout menu se trouvait à l'intérieur. Il avait allumé la radio à fond.

Ils s'installèrent tous les trois à l'arrière en hurlant une adresse au centre-ville. La voiture poursuivit sa route. L'asiatique dansait sur son siège en fredonnant des chansons qui semblaient être de son pays.

Quelques minutes plus tard, il s'adressa à ses passagers en souriant.

- Vous voulez danser avec moi ? dit-il avec un accent anglais exécrable.

- Non merci, répondit Frida. Nous ne sommes pas d'humeur à danser aujourd'hui.

Le conducteur éteignit la musique et demeura discret jusqu'à la fin du trajet.

Gabriel éclata de rire.

- Il est trop drôle ce chauffeur. Bravo maman, tu l'as vexé maintenant.

Peu de temps après, ils arrivèrent au centre-ville.

- Quatre vingt quinze euros madame, fit le chauffeur.

le mystère des croix rouges (en autoedition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant