Prologue

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Tous les enfants méritent une belle histoire avant de s'endormir. Un beau conte de fées rempli de prince et de princesse, où les méchants sont toujours perdants. Une magnifique fin heureuse. En plus, ils méritent de se sentir en sécurité avec leur famille. De pouvoir être libre d'être eux-mêmes sans craindre les représailles. Pouvoir trouver une oreille attentive et aimante chaque fois qu'ils en ont besoin. Oui, ils le méritent. Et bien plus encore.


Mes copains et moi n'avons pas eu cette chance. Grandir dans la religion nous a tenus à l'écart de la vraie vie pendant des années. Des années qui ont servi à nous lobotomiser. Ils nous ont lavé le cerveau. Ils nous ont bourré le crâne avec des conneries, grotesques et impossibles. Nous avons grandi dans une secte légale et respecter. Là où les sales petits secrets sont balayés sous le tapis pour que la réputation de l'église ne soit jamais entachée. Là où les pires sévices sont faits aux enfants. En passant par la torture mentale et physique. Ils nous apprenaient autant à craindre la mort qu'à l'envier.

Si je veux être parfaitement honnête, je m'en suis bien tiré, quand je me compare à d'autres. J'ai été doté d'une intelligence hors norme et d'un esprit de conservation très aiguisé. En plus, je n'ai jamais manqué de nourriture, de vêtements chauds ou d'éducation. Mes parents m'ont donné ce qu'ils me devaient, en plus des préceptes de l'église conservatrice baptiste. Discipline, exigence et correction physique. De quoi forger un homme. Un vrai. Pas de place pour les frivolités. Trouver sa voie pour honorer Dieu. Prié tous les jours, plusieurs fois par jour. Toujours se dépasser pour la gloire de Dieu. La paresse, la convoitise et la jalousie, fruit du démon, devaient être tenues à l'écart de notre vie ! Aucune place pour l'être individuel, n'exister que pour l'église.


Amour, attention, bienveillance. Ce ne sont que des mots dans un dictionnaire, très loin de leur réalité et de leur compréhension. C'est surtout pour bien paraitre lors des évangélisations de masses et le porte-à-porte forcé le mercredi soir ou le dimanche après-midi. Des mots pour appâter les pauvres âmes esseulées, endeuillées ou dépressives. Gonfler les rangs à tout prix. Comme l'a si bien cité la bible dans Mathieu 29 : 18 « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». C'était ça, le but fondamental de nos vies.

Avec les coups et les injures, le conditionnement de la religion et leur enseignement, les membres de ma famille m'ont inculqué la méfiance. L'amour et l'acceptation, c'est pour la façade, au fond, j'ai vite appris que je ne devais compter sur personne et pour personne. Les gens sont des lâches. N'importe qui peut nous poignarder dans le dos si l'on ne fait pas attention. Je me suis promis de faire tout en mon pouvoir pour survivre dans cette existence vide et vile. C'est ce que j'ai fait toute mon enfance.

Au courant des années j'ai lu maintes et maintes fois ce livre que tout le monde appelle, la parole de Dieu, un seul verset a su me parler. Un seul dans toutes ces pages noircit, dans tous ces mots qui ont été traduits des milliers de fois. Ézéchiel 2 : 6 « Quant à toi, l'homme n'a pas peur d'eux ni de leurs paroles. Ils te contrediront : ce sera comme si tu étais entouré de ronces et assis sur des scorpions. Cependant, ne sois pas effrayé par les paroles ou par l'attitude de ce peuple récalcitrant. » J'ai tellement été endoctriné que j'arrive encore à me dire que Dieu a fait écrire ce verset dans le livre qui porte mon nom, pour que je tombe dessus, parce qu'il savait ce que j'allais vivre. Qu'il voulait que je ne perde pas espoir et que je ne mette pas fin à mon existence pitoyable ! Malgré toute la douleur et la colère, c'est une pensée qui ne me quitte jamais. Comme un bon toutou bien dressé. Cette même pensée me harcèle quand je veux cracher sur la religion. Je suis pathétique.

Quoi qu'il en soit, j'ai réussi à m'éloigner de toute cette supercherie. J'ai réussi à garder les religieux aveuglés par leur foi hors de mon existence. J'ai tiré un trait sur ce tas d'immondices qu'est mon enfance pour aller de l'avant et être enfin libre.

Mais de quoi est-ce que je me plains ? Mais de rien. Cette vie m'a forgé, j'ai grandi. Je suis ce que je suis devenu et j'ai appris à emmerder le monde que ça dérange ! J'ai tiré un trait sur ce tas d'immondices qu'est mon enfance pour aller de l'avant et être enfin libre.

Je suis fier.


Le prix du péchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant