Chapitre 27

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Pour Jess, la famille c'est la vie. On ne peut pas avancer sans être bien entouré. J'en suis venu au même point que lui. Avec ses sœurs et leur conjoint ainsi que, les enfants, on se voit pratiquement toutes les semaines. Chez l'un ou chez l'autre, peu importe, tant qu'on est ensemble.

On s'aime, on se le montre et l'on s'aide. Je les aime.

Ça fait des années maintenant que j'apprends à leur contact que je ne suis obligé de rien. Je fais les choses parce que ça me plaît et que je veux être présent pour elles. Je me rends compte que c'est aux antipodes de ce que ma propre famille m'a appris !

Demain, c'est l'anniversaire de ma mère et mon calendrier Google m'a rappelé bruyamment ce jour merdique. Donc par la force des choses, Jess est au courant aussi. Difficile de cacher un secret quand toutes les enceintes de la maison se mettent à hurler « Ceci est un rappel, c'est l'anniversaire de maman demain ». Depuis quand mon vieux compte s'est-il synchronisé avec ces machins de l'enfer ? Je n'en ai aucune foutue idée.

Je pensais avoir tourné la page de mon passé, mais, là, tout de suite, le coup de poing dans le visage qui m'attendait, je n'étais pas préparé. Jess égal à lui-même n'accepte pas que je me planque. Il me pousse dans mes retranchements pour que j'avance...

Ça me fait chier.

Le débat de mon contact avec ma famille a repris de plus belle ! On en a souvent discuté, mais être avec ces gens ne me dit rien vraiment ! Lui y tient. Il me répète sans arrêt que la famille est importante ! La sienne a de l'importance, la mienne, bof. Je préfère éviter autant que faire se peut ! Ils ne m'ont jamais rien apporté de bon. J'ai grandi dans la violence et dans le mépris le plus total. Qu'est-ce qui pourrait avoir changé ? Il m'a dit « eux, peut-être, non. Mais toi ? »

Il parle du pardon... Pardonner de loin, c'est facile. Agir en conséquence. Je ne sais pas, je n'ai jamais essayé.

Il m'incite souvent à faire le premier pas vers eux. Mais si je fais ça, je n'aurai pas d'autre choix que devoir faire face à mes parents sur les violences que j'ai subies. Selon lui, c'est un pas de plus vers ma liberté. Il m'a fait comprendre que même si ma vie ne se conformait pas à la façon de vivre de ma famille, il pouvait aussi passer outre, si je leur en laissais la chance. Les probabilités ne sont pas en sa faveur, je le sais pertinemment, parce que je les connais. Lui croit au bon dans chaque personne. Mon bon et bel optimisme ! S'il savait... Les gens de mon entourage ont toujours été purulents, nocifs et dangereux. C'est bien loin de sa réalité, en soustrayant sa mère de l'équation.

On s'est disputés souvent, oui, des bonnes grosses engueulades, en bonne et due forme, parce que je suis buté et que je ne veux rien avoir à faire avec ma famille ! Et ce, à plusieurs reprises ! Mais aujourd'hui, il ne m'a pas laissé le choix ! Il a insisté pour que je l'appelle, fuir ne résolvait pas les problèmes ! Que de ne pas vouloir savoir ce qu'elle avait à me dire à la suite de ma sortie du placard était lâche !

JE NE SUIS PAS UN LÂCHE !

Il a toujours su appuyer là où ça fait mal. Il ne le fait pas pour me blesser. Bien au contraire. Il sait que ça me pèse sur le cœur. Il est tellement clairvoyant ! Il a su déceler la part de ma personnalité qui évite le conflit par peur de trouver un adversaire plus fort. Quand j'arrête d'avoir peur, je suis un molosse, je fonce tête baissée, personne ne peut m'arrêter.

***

Ce matin, il m'a servi un café immonde, le téléphone dans l'autre main, armée de son sourire diabolique. Il s'est penché et m'a embrassé, pour ensuite me saluer à sa manière !

— Bonjour monsieur le couard !

Espèce de connard... Je n'ai peur de rien ! Je lui ai, quasiment, arraché cette saloperie de téléphone des mains !

Le prix du péchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant