Chapitre 6

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En route pour la salle de sport de Sam, j'ai appelé mon patron pour lui dire que je prenais le reste de ma journée. J'ai besoin de me défouler et c'est encore face à un sac de frappes que je suis le mieux pour n'exploser personne. Une fois pas deux !

— Hey, mon pote, t'as pas l'air bien.

Non, putain, je ne le suis pas !

J'ai des vagues de souvenirs qui me mitraillent le cerveau depuis que je suis sorti du cabinet. Les violentes migraines qui menacent de me submerger sont difficiles à ignorer. Ce n'est que la première visite et j'en peux déjà plus ! J'appréhende vraiment les prochaines ! C'est la merde !

— La vie ne pourrait pas être plus belle. Tu boxes avec moi ?

Il sait que je suis ironique. Il sait aussi que j'ai besoin de lui. Comment il pourrait en être autrement ? Cependant, égal à lui-même, les responsabilités en premier, toujours ! C'est pour ça qu'on l'aime !

— Je finis avec eux et j'arrive, j'en ai pour une heure environ, si tu veux aller courir ou te confronter au sac en m'attendant, gâte-toi !

Je vais me gêner, tiens ! Je me dirige vers les vestiaires, je sais que mes vêtements de sport sont là. La dernière fois, je suis parti en catastrophe. La nana de Sam m'a dit qu'elle les laverait et qu'elle me les poserait dans mon casier. Elle est comme mon pote, je sais qu'elle a tenu parole. Donc avec bonheur, je trouve mon short et mon débardeur propres et soigneusement pliés sur l'étage du haut de mon armoire. J'enfile mes vêtements avant d'envoyer un texto de remerciement à Kary. Cette femme vaut de l'or, elle est parfaite pour mon meilleur ami.

En sortant de là, Sam me hèle du bout de la salle où il s'occupe de la posture d'un grand type au bras gros comme mes cuisses et couvert de tattoo.

— Hey trou d'cul ! Tu ne t'éclipses pas avant que j'aie eu le temps de te foutre sur la gueule.

— Ouais, ouais. C'est promis bébé.

Comme toujours, il me souffle un baiser de loin avant de reprendre où il en était, rendant tout le monde autour de lui mal à l'aise. J'adore ces p'tits gestes d'amour. Lui et moi, ç'a toujours été comme ça. On se charrie, on s'insulte, on s'aime. C'est le frère que j'aurais aimé avoir et j'imagine que c'est réciproque. J'ai vu comment il éjecte les gens de son cercle. Si j'y suis encore, c'est qu'il y a une raison.

Face à Ralph, le sac de frappes (bah oui il a un nom ! qu'est-ce que j'y peux !), je me vide la tête. Je dois faire cesser l'ascension des souvenirs.

Alors que mes points se lèvent encore et encore pour rencontrer la paroi de cuir, mes pensées sont projetées une dizaine d'années en arrière...

J'étais emprisonné dans mes cours préparatoires que je m'imposais pour pouvoir intégrer la vie universitaire en plein milieu d'une année ! Je me noyais moi-même dans le travail pour ne pas voir le temps passé. Les jours se succédaient et se ressemblaient. J'étais autonome et travaillant. Je passais sous les radars de ma génitrice qui ne levait plus la main sur moi.

À cette époque, j'aurais même pu dire que j'étais heureux.

C'est bizarre quand même.

J'avais réussi, haut la main, tous les cours obligatoires, mon dossier universitaire avait été accepté. J'avais obtenu une dérogation qui me permettait de faire une année scolaire en quelques mois. C'était une sorte de défi qu'ils m'imposaient, le comité des directeurs voulait s'assurer que j'étais aussi intelligent que les tests le laissaient paraitre. Ce n'était pas ce genre de contrainte qui allait m'arrêter !

Je me noyais toujours plus sous les travaux scolaires pour que le temps passe plus vite. Je n'avais que ça en tête. J'avais hâte de vivre !

Comme tout s'emboîtait avec une facilité déconcertante. Je n'ai jamais douté du bien-fondé de ma démarche. J'ai foncé tête baissée !

Le prix du péchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant